Ce jour-là, au Stade de France,  »Fred » raconte d’abord un choc tellement douloureux qu’il n’avait pas entendu les ovations du public lorsqu’il quitta le Stade de France. Remis d’aplomb, le désormais Toulonnais aborde la fin de saison avec appétit. Car ce qui l’attend n’est pas mince: une demi-finale de H Cup ce week-end face aux Saracens, puis la fin du championnat, avec les légitimes ambitions du XV de la rade, avant d’embrayer sans doute sur la tournée des Bleus prévue en juin dans l’hémisphère sud.

Lorsqu’on évoque les derniers mois, il parle d’une saison particulière, avec ses 40 matches joués, ses hauts et ses bas, ses plaisirs et ses désillusions. On revient sur ce calendrier de dingue, et la mésentente entre les institutions du rugby français et le voilà qui rétorque : «Cela fait des années que j’entends ce débat et rien ne change. Joueur, on est condamné à subir». Que l’on revienne sur ses blessures –elles furent nombreuses dans la carrière de Fred-, et la volonté de revenir parfois trop vite sur les terrains, notre homme ouvre grand les portes de la vérité : «C’est vrai qu’il m’est arrivé de jouer bien diminué, car il s’agissait de matches importants que je tenais à disputer…» Mais alors, cette fatigue, vous la ressentez encore ? Oui répond-il, comme si elle était désormais inhérente à la vie d’un rugbyman professionnel, «dans le souffle et dans les jambes»avec «ce manque de fraicheur qui joue sur ta lucidité dans les choix, dans les passes»… Il faut composer avec tout cela, accepté les compromis, «On a toujours des pépins, on prend sur soi (…) Je connais peu de joueurs dans un effectif qui jouent à 100%», reconnaît celui qui porte aussi bien le maillot du 10, ou du 9.

Mais voilà, la vie est ainsi faite. A 30 ans, il se connait et est don capable de donner son avis. Notamment lorsque Jonny Wilkinson le prend à part pour lui demander ce qu’il ferait, à sa place. Continuer à Toulon, s’arrêter ? « Je lui ai dit qu’à 33 ans, il devait juste écouter son corps ». L’Anglais a d’abord écouté Fred : il a resigné.

Source: lequipe.fr