Remplaçant dimanche, à Twickenham, au sein d’un Rugby Club Toulonnais prêt à défier les Saracens en demi-finale de H Cup, Maxime Mermoz, remis de son entorse acromio-claviculaire contractée face à Clermont, sait se contenter de ce statut. Prêt à prendre sa part dans l’épopée du club varois, dont tout un peuple attend plus que jamais qu’il rapporte un trophée sur la Rade.

Maxime, le premier quart de finale à Mayol représentait un premier défi pour le club. Cette demi-finale à Twickenham en est un autre assurément…
C’est sortir des frontières, de l’Hexagone. Le club le fait déjà à travers son recrutement toujours très cosmopolite, très international et les joueurs, qui composent notre effectif. Mais là c’est prouver et démontrer sur la scène européenne la valeur de Toulon. C’est une belle opportunité, c’est certain, pour le club de grandir un peu plus encore.

Le quart de finale avait déjà suscité, de l’avis de nombreux anciens, un engouement populaire d’une rare intensité. La pression monte encore un peu plus sur la Rade en cette fin de saison ?
Oui. Même si j’ai l’impression aussi que les gens ici, dès le début de saison, ne s’attendaient pas en fait à autre chose que ce qui se prépare aujourd’hui. Je me souviens, quand on préparait la saison, on nous disait déjà, en quelque sorte : « Rendez-vous en phase finale ! Faites le boulot ! » Il y a eu beaucoup de plaisir pris tout au long de la saison, mais je dirai aujourd’hui qu’il n’y a pas d’effet de surprise chez les supporters. Tout le monde l’attendait d’une certaine façon parce que les gens, on le sait, en ont marre d’atteindre les phases finales et de perdre. Ce qu’ils veulent, c’est un trophée. Et ils ont raison : on réalise une belle saison, c’est entendu, mais ça sert à quoi de faire une bonne saison s’il n’y a pas de titre au bout.

Comment évaluer cette équipe des Saracens par rapport à Leicester, défait au tour précédent à Mayol ? C’est un autre registre ?
C’est en tout cas un gros défi face à une formation composée de nombreux joueurs de l’équipe d’Angleterre (Ashton, Barritt, Goode, Strettle,..), associés à plusieurs Sud-Africains (Smit, Botha, Britz, Burger…). Une équipe de qualité, qui aime beaucoup jouer au rugby, qui aime beaucoup déplacer la balle, sans doute moins puissante que Leicester et avec un très bon dix (Owen Farrell), qui n’est pas non plus première du championnat d’Angleterre pour rien. Disons que c’est très excitant et ça nous promet une belle opposition de styles. C’est vrai que de notre côté, depuis la mauvaise passe qu’on a rencontrée en janvier dernier, on présente un jeu peut-être plus restrictif, mais on se doit aussi de jouer sur nos qualités. Et vu le pack qu’on a, on aurait tort de se priver de la puissance de nos avants. La vidéo nous a montré qu’on semblait plus puissants qu’eux. Même si ça ne fait pas tout.

 » Je n’ai pas d’états d’âme, tout va si vite… »

Personnellement, vous affichez un temps de jeu en baisse au moment d’aborder cette fin de saison. Comment le vivez-vous ?
Je vis une situation, de mon point de vue, liée avant tout à un contexte, à mon retour du Tournoi notamment. C’est ce que je ressens. Il est certain que lorsque tu joues tous les week-ends, il est plus facile de justifier ta présence dans le quinze de départ. Il y a quinze jours face à Clermont, je rentre et j’étais content de marquer, mais je n’ai pas pu jouer et enchaîner à Grenoble à cause d’une « acromio ». J’ai beaucoup travaillé physiquement et dans ces conditions, être déjà sur le banc dimanche, c’est la preuve que j’ai la confiance des coéquipiers et du coach, qui n’a, je crois, jamais eu à regretter de me faire jouer. Je sais aussi que j’ai joué les trois-quarts de la saison, que j’ai enchaîné beaucoup de matches (*). Je n’ai pas d’états d’âme, tout va si vite… Je profite aussi de moins jouer pour me ressourcer physiquement. Ça a fait du bien aussi à ton corps de prendre moins de coups. Je suis prêt pour cette fin de saison.

C’est aussi une manière de prévenir le coup dur quand on voit vos coéquipiers de l’équipe de France tomber les uns après les autres (Michalak, Clerc, Dulin…)…
Il y en a beaucoup… C’est grave. Au final, les mecs ont des vacances quand ils se blessent. Je le vois avec Fred (Michalak) ici. Et je me dis que la blessure aurait pu être pour moi durant le Tournoi parce que j’étais à cette époque très fatigué. Il faut aussi savoir accepter d’être fatigué et moins frais mentalement.

Toulon, c’est un trio au centre cette saison entre vous, Giteau et Bastareaud…
C’est aussi le but des gros effectifs aujourd’hui que d’au moins doubler par des joueurs de même valeur tous les postes. Remplaçant lors des gros matches, lorsque tu rentres, tu te dois d’apporter un plus à l’équipe. Ça me va. Autour de moi, il y a d’autres joueurs de qualité, je pense à Jenkins et à d’autres… ça bouge aussi devant. C’est aussi une question stratégique. Quand tu as au centre Basta, doté d’une puissance que seul lui peut avoir, Matt, qui supplée bien Jonny dans le jeu : si on peut chacun apporter dans son registre quand on joue, alors tant mieux. C’est plus important de penser à ce qui arrive et à tous les moments qui arrivent parce que beaucoup aimeraient être dans ce groupe pour une demi-finale de H Cup.

Avec la défaite à Grenoble, Toulon perd son statut de leader et avec peut-être un peu de pression…
D’abord, accepter de ne plus être premier, ça fait c… Mais ça peut nous alléger d’un certain poids, même si on l’a plutôt bien assumé jusqu’à ce dernier match. Maintenant, je ne pense pas que cette défaite va nous hanter très longtemps. Et puis les Clermontois étaient dans l’ombre toute la saison, ils ont pu travailler tranquillement. Pour nous, comme pour les autres équipes, ça représente un gros challenge que de les faire tomber. Et c’est peut-être plus simple d’être chasseur que d’être chassé.

Source: sports.orange.fr