Mermoz évoque l’équipe d’Argentine
Mermoz évoque l’équipe d’Argentine
Le vendredi 16 novembre 2012 à 10:58 par David Demri
Publicité
Peu utilisé pendant le Tournoi des VI Nations, Maxime Mermoz commence à s’imposer chez les Bleus. Mais le centre toulonnais est focalisé sur le match de samedi contre l’Argentine, qu’il craint énormément.
Maxime Mermoz, après une première semaine de travail avant l’Australie, quels réglages ont été apportés depuis cette victoire ?
On a essayé de récupérer en début de semaine et on a essayé aussi de reprendre ce que l’on avait travaillé la semaine dernière. On a pu faire quelques lancements, on a eu quelques repères contre l’Australie. On a essayé de travailler là-dessus pour être plus précis sur les rôles de chacun mais on s’est aussi vite tourné sur l’Argentine pour ne pas penser qu’au jeu. Mais il faudra rester concentré, discipliné, et très intelligent par rapport à ce qu’ils pourront nous proposer en attaque ou en défense.
Y a-t-il un relâchement après cette victoire contre l’Australie ?
Non, non. On va dire que sur le moment, il y a une forme de soulagement mais, dans le sport, encore plus en équipe de France, on sait que la semaine suivante, si on ne réitère pas une victoire, ça ne va pas. Je ne demande pas que l’on mette trente points à tout le monde mais simplement que l’on se respecte dans notre engagement, dans ce que l’on s’est dit. Il ne faut pas commencer à tomber dans la facilité, à louper des plaquages ou à faire des passes après contact parce que ce n’est pas ce que l’on a fait contre l’Australie. On s’est appliqué à mettre en place nos consignes en gardant les bases du rugby qui sont l’engagement, une bonne conquête, du soutien et, après, les choses se mettent en place naturellement. Quand on regarde les Blacks jouer, ce n’est pas de suite des actions dans tous les sens. Eux arrivent à respecter les bases du jeu et, après, les qualités individuelles font le reste. Mais il y a toujours des étapes à respecter.
Comment vous sentez-vous physiquement après ce match contre l’Australie ?
On n’y pense pas. On est sur une continuité du championnat, on a fait une semaine de travail identique à celles que l’on peut faire la semaine dernière ou d’habitude avec nos clubs. On a eu un début de semaine un peu fatigant, parce que les organismes étaient marqués par ces longues séquences de jeu. Mais je pense que le staff et les préparateurs physiques nous ont laissé le temps de nous préparer et ce n’est pas forcément quelque chose auquel on pense. Vu le nombre d’entraînements que l’on a, ça reste assez court et intense donc on a largement le temps de récupérer.
« On ne pensera plus que ce sont des Argentins »
Les Argentins seront-ils plus motivés ?
Oui. Et puis de toute manière, les Argentins sont capables de s’amuser toute la semaine et d’arriver sur le terrain en mode combat, un peu casse-couilles le Jour J. C’est une mentalité complètement différente. Ils ne trichent jamais sur l’engagement car à la base, ils jouaient le plus là-dessus pour embêter leurs adversaires et, aujourd’hui, ils ont progressé dans toute la partie technique du rugby.
En quoi les Argentins sont-ils des « casses-couilles » sur le terrain ?
C’est pour ça que beaucoup de clubs en recrutent et c’est pour ça qu’ils ne s’échappent pas, qu’ils donnent tout. Ils arrivent d’Argentine et quand on voit leur pays, il y a des richesses mais il y a beaucoup de pauvreté. Ce sont des mecs qui en veulent. Ils ont beaucoup de côtés positifs et sont rarement suffisants.
Les Argentins vous semblent-ils avoir beaucoup changé depuis la double confrontation en juin dernier ?
Je trouve qu’ils sont beaucoup plus sereins dans leur jeu. Avant, ils avaient plein de qualités mais ils se précipitaient beaucoup et se consommaient beaucoup dans les rucks. On voit qu’aujourd’hui, ils s’appliquent pour bien défendre et ne pas perdre la ligne lorsque l’adversaire écarte. Ils commencent à mettre beaucoup de guerre dans les rucks et ils récupèrent pas mal de ballons contre les Blacks, l’Afrique du Sud, l’Australie et encore là samedi, contre le pays de Galles. Donc ce sont les caractéristiques de leur équipe et ils dégagent beaucoup plus de sécurité, de confiance. Je pense que ce Four Nations leur a vraiment servi à grandir et à progresser. En plus, ils ont vraiment des leaders de jeu, dont un que je côtoie à Toulon (Fernandez-Lobbe). Il a l’habitude du haut niveau et c’est un joueur très complet.
On sent beaucoup de respect pour l’Argentine. En avez-vous peur ?
C’est de la prudence. On ne veut pas faire le match avant mais on ne veut pas non plus se préparer comme si on relâchait la pression. On a envie de rester mobilisé. Et lorsque l’on arrivera sur le terrain, je ne pense pas que l’on aura peur. Je pense que l’on s’engagera à fond et on ne pensera plus que ce sont des Argentins. Mais dans la préparation, on est obligé de prendre en compte un minimum l’adversaire et de savoir bien se préparer mentalement. On sait que les Australiens, c’est quand même beaucoup d’affrontement. Quand tu joues les Sud-Af, c’est beaucoup d’affrontement. Et là, les Argentins, tu sais qu’en plus de l’affrontement, il y a aussi ce côté où il arrivent à provoquer des duels en permanence, à déstabiliser, à faire vivre le ballon en jouant debout.
Avez-vous pu avoir Fernandez-Lobbe au téléphone ?
Non, on n’est pas trop en mode « chambrage ». On a peut-être plus de pression qu’eux mais je pense que l’on s’intéresse plus à ce qui se passe dans notre groupe que ce qui se passe chez eux. Et on s’aime autant que l’on se déteste.
« N’importe qui peut jouer à tous les postes »
Vous avez eu très peu de temps de jeu durant le dernier Tournoi des VI Nations. Depuis votre départ pour Toulon, tout va de mieux en mieux…
On peut voir les choses comme ça. Moi, je vois une continuité au fur et à mesure des années. Donc non, quand j’ai fait le choix de partir, c’est quelque chose que je ressentais, dont j’avais besoin, pour évoluer différemment, découvrir autre chose. Et avant même que le championnat commence, j’étais déjà satisfait de mon choix. Évidemment, les résultats m’ont conforté et, aujourd’hui, on va dire que ça se passe bien. Il n’y a eu qu’un seul match, je ne compte pas la tournée d’été car c’était trop tronqué avec un adversaire expérimental. Les Australiens ont été, je ne dirais pas suffisants, mais on les a vu meilleurs et plus frais. Je crois qu’ils ont bien aimé Paris et tout ce qu’il y a autour. Peut-être qu’ils ont un peu plus décroché, il ne faut pas l’oublier. Je me rappelle qu’une fois, on a gagné les Sud-Af à Toulouse (20-13 en novembre 2009). C’était pareil, ils arrivaient en fin de saison, ils essayaient de mettre en place leur jeu mais sans trop appuyer. Ça ne remet pas en cause notre performance mais ça ne reste qu’un seul match et on fera le bilan à la fin des trois matchs.
Philippe Saint-André veut que les centres soient des seconds ouvreurs. Comment vous définissez-vous comme joueur ?
Je me vois comme un joueur de rugby, avec la possibilité de savoir tout faire. Simplement, on peut donner tous les rôles. Je pense que tous les joueurs ont des caractères propres, des qualités et des défauts. Depuis que je suis arrivé à Toulouse à 15-16 ans, j’ai toujours travaillé pour être le plus complet possible. Même à l’entraînement, Brice Dulin s’est mis en 10, Vincent Clerc aussi. N’importe qui peut jouer à tous les postes et je pense que c’est ce dont on a besoin pour faire évoluer notre rugby. On a même vu (Yannick) Forestier numéro 10. Des fois, c’est très intéressant. Moi je vois que du 1 au 15, on doit avoir la capacité de savoir tout faire, tout jouer. On voit même beaucoup de troisième ligne qui mettent des rasants en bout de ligne donc moi, je suis plus dans l’idée d’être le plus complet possible.
Comment se passe la complémentarité avec Wesley Fofana, qui redécouvre le poste d’ailier. Ne vous marchez-vous pas sur les pieds ?
Pas du tout parce que, quand on joue sur le terrain, on essaie de s’adapter à tout et je ne me pose pas trop la question de savoir si je joue centre ou ailier. Ça dépend des lancements de jeu et de là où je me considère le plus utile. Peut-être que lui a effectivement moins l’habitude de jouer ailier mais il y a joué quand il est arrivé en équipe A à Clermont. Donc quand t’es ailier, tu as envie de toucher beaucoup de balles et j’espère qu’ils en toucheront beaucoup parce que ça voudra dire que l’on écarte bien le jeu.
Source: rugby365.fr
Publicité