Matthias Haddad avoue en avoir eu ras le bol du rugby et des blessures à répétition

Matthias Haddad avoue en avoir eu ras le bol du rugby et des blessures à répétition

Le jeudi 17 octobre 2024 à 11:14 par David Demri

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Il y a deux semaines, le troisième ligne Rochelais Matthias Haddad s’est blessé à un genou lors du match contre le LOU Rugby.

Victime d’une grave blessure à un genou il y a quelques mois, le joueur a finalement été rapidement rassuré.

Il s’est confié via Midi Olympique. Extrait:

Ce n’était rien de méchant. C’était plus par précaution pour mon genou, car il est tombé un peu en porte-à-faux. Le troisième ligne Steeve Blanc-Mappaz est tombé sur ma jambe. Mais ce n’est rien de grave, j’en ai pour une petite semaine. Ça devrait aller, les tests sont bons. Il n’y a pas de souci.

Je n’ai pas craint le pire, car maintenant avec mon genou, j’ai assez d’expérience et je savais que ce n’était pas très grave. C’était juste un peu douloureux. Le corps médical ne voulait pas prendre de risques, moi non plus. Ça ne sert à rien de jouer blessé, je l’ai déjà fait et ça m’a porté préjudice. J’ai suffisamment appris de mes erreurs.

Il analyse dans la foulée son début de saison. Extrait:

C’est dans la continuité de la pré-saison où nous avions beaucoup d’énergie et de volonté de travailler pour réaliser quelque chose. L’évolution est positive. Je reprends vraiment du plaisir. C’est ce que je note surtout en ce début de saison. J’ai enchaîné les matchs, mais avant tout, je m’éclate sur le terrain et ça me fait du bien de passer de bons moments, que ce soit sur ou en dehors du terrain.

Il affirme s’entendre bien avec tous les joueurs au sein du groupe Maritime. Extrait:

Je m’entends bien avec tout le monde. Franchement, je ne suis pas très compliqué à vivre. Après, il y a forcément des affinités plus importantes avec certains. Avec Reda (Wardi) par exemple, nous sommes partis en vacances ensemble cet été. Il est plus vieux que moi, mais quand je suis arrivé dans le groupe pro, j’étais l’un des seuls « jeunes ». On a un super groupe, il n’y a que des bons mecs. Le fait qu’il n’y ait eu qu’une seule recrue cet été (l’Australien Kane Douglas, N.D.L.R.) apporte de la continuité en termes de lien et de connexion sur le terrain. Nous avons beaucoup d’expériences communes qui nous ont amenés par le passé à des émotions très positives.

En fin de contrat avec La Rochelle au mois de juin prochain, le joueur Rochelais s’est confié sur son avenir. Extrait:

Moi, je me sens bien ici. Après, au niveau du timing, c’était un peu compliqué pour moi de parler de mon avenir, ici ou ailleurs, parce que j’avais surtout envie de jouer et de prendre du plaisir sur le terrain. Aujourd’hui, heureusement, ce qui m’anime, c’est toujours le rugby. Pas question, par exemple, de partir au Japon pour gagner des millions (rires). Ce que je veux, c’est relever de beaux défis rugbystiques. À La Rochelle, j’évolue dans un club sain qui joue sur deux tableaux avec de fortes ambitions. Je m’entends très bien avec le staff. Après, il y a aussi ce côté où je pourrais avoir envie de voir ailleurs.

Nous n’en avons pas trop parlé encore. Pour l’instant, je suis vraiment concentré sur le rugby et sur le fait de jouer et d’enchaîner les matchs. Je verrai ensuite ce qu’il se passera.

Il précise avoir profité de ces deux dernières années compliquées pour prendre conscience de certaines choses. Extrait:

Personnellement, j’ai pu travailler sur moi pour comprendre ce qui n’allait pas ou ce que je pouvais améliorer. En tant que rugbyman ou en tant qu’homme, j’ai pris conscience qu’il n’y avait pas que le rugby dans la vie. C’est peut-être contradictoire, mais le fait de ne pas être sur le terrain m’a poussé à m’ouvrir aux autres, car j’ai été plus à l’écoute et dans l’échange. Ça m’a aussi permis de m’intéresser à ce qui se faisait ailleurs, et de prendre conscience du privilège que nous avions, nous autres professionnels, mais aussi des efforts et des difficultés qui résultent de notre travail, parce qu’il n’est pas facile tous les jours.

Il tente d’expliquer les raisons de ces blessures à répétition. Extrait:

Il y a plein de facteurs très différents qui entrent en jeu dans cet aspect cataclysmique. Entrer dans ce cercle vicieux, c’est entrer dans un système difficile à quitter. La spirale est simple : je me blesse, je suis négatif, je broie du noir inconsciemment, je ne suis pas bien. Du coup, je suis dans un mauvais mood, je m’entraîne mal et je me reblesse.

Quand on parle de coup du sort, il y a aussi le facteur malchance qui entre en jeu. Typiquement, il y a deux semaines, un Lyonnais est retombé sur ma jambe. Il y a aussi l’excitation de revivre les émotions exceptionnelles que j’ai pu connaître il y a trois ans avec la finale de la Champions Cup. Je me suis souvent dit : « Je vais vite revenir, de toute façon, je suis fait pour ça et pas juste pour la musculation. » Avec le recul, je n’étais pas prêt physiquement et j’ai rechuté. J’en reviens donc à l’importance d’avoir pu effectuer une pré-saison complète cet été. Ces pré-saisons ne sont pas là par hasard ; ça ne fait pas spécialement plaisir aux coachs et aux préparateurs de nous faire faire des tours de terrain. C’est un chemin obligatoire pour réaliser de bonnes performances et se sentir de mieux en mieux.

Il revient ensuite sur ses nombreux commotions cérébrales dont il a été victime. Extrait:

C’est pareil, je me suis beaucoup posé la question. Contre Toulouse (la saison dernière, 25e journée de Top 14), c’était un peu la fois de trop. Pour le dire clairement, j’en avais ras le bol du rugby, des blessures, des déceptions. J’étais dans le déni. Je ne comprenais pas pourquoi – malgré tous les efforts que je faisais – je me retrouvais toujours dans ces situations. En fait, la réponse provenait davantage du domaine mental que du domaine technique. J’étais dans l’approche du joueur qui voulait prouver, montrer qu’il avait la légitimité d’être ici. C’était plus profond qu’une simple technique de plaquage d’un joueur qui ne savait pas plaquer, mais plutôt les conséquences d’un joueur qui voulait absolument prouver sa légitimité, alors que cela n’avait pas lieu d’être. J’ai compris que mes blessures accumulées avaient créé de la frustration et de l’énergie négative que j’ai redéployées de manière maladroite.

Non, ça fait du bien à l’ego de se dire que nous ne sommes pas des surmachines qui peuvent revenir directement après une blessure. Ce n’est pas parce qu’on est forts en défense qu’on est invincibles et qu’on peut éviter à chaque fois de faire un KO. Prendre ça dans la figure m’a fait du mal, mais aussi du bien, car ça m’a permis de faire cette introspection. J’ai pris conscience que je devais avoir confiance en moi, car je savais plaquer. Le problème n’était pas ma technique, mais plutôt l’intention avec laquelle je m’apprêtais à plaquer. Concrètement, si je vais à 30 km/h mais que le joueur en face va aussi à 30 km/h et qu’en une demi-seconde je dois savoir où il va aller à cause d’un changement d’appui, j’ai beau être le meilleur plaqueur du monde, je plaquerai toujours de la mauvaise épaule.

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