Mathieu Bastareaud et Jonathan Danty: Un duel de titan se profile à Bordeaux

Mathieu Bastareaud et Jonathan Danty: Un duel de titan se profile à Bordeaux

Le vendredi 5 juin 2015 à 18:05 par David Demri

2 Commentaires

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RUGBYU-FRA-TOP14-TOULON-STADE FRANCAISAux yeux du profane, Jonathan Danty et Mathieu Bastareaud sont deux clones antillais jouant troisquarts centre, deux colosses guadeloupéens à la peau brune, deux simples « casseurs de plaquage », pour emprunter à un vocabulaire moderne et barbare.

Et pourtant : « La comparaison me gonfle, souffle le Parisien. Elle me suit depuis mes débuts en Top 14 (2011-2012, N.D.L.R.). Mais je n’ai ni le jeu de Mathieu, ni son palmarès. Je veux forger ma propre identité. Et quand on me dit que je suis un petit Basta, j’ai l’impression de ne pas compter, de n’être qu’une doublure… »

Plus rapide et doté d’une meilleure technique individuelle, Danty est en revanche très loin de posséder la capacité de nuisance du Toulonnais dans le combat au sol. La parole à Mathieu Bastareaud : « Gratter les ballons fait partie de mes points forts. J’ai le gabarit pour ça et quand je me mets au-dessus du porteur de balle, il devient alors difficile de m’éjecter. Ici, tout se fait au feeling. Si je vois qu’il y a le temps de récupérer un ballon, je fonce. Sinon, je m’écarte. Avant, quand je plaquais un adversaire, j’essayais systématiquement de gratter la balle. Or, il n’y a pas toujours la place. Résultat : un défenseur en moins dans la ligne ! »

Au Stade français, les consignes du staff poussent également Jonathan Danty à s’investir davantage dans un secteur qui fut très longtemps l’apanage unique des troisième ligne. Adrien Buononato, l’adjoint de Gonzalo Quasada, analyse : « Nous nous sommes récemment rendu compte que les meilleures équipes dans le jeu au sol possédaient un gratteur dans leur ligne de trois-quarts et un autre au sein du paquet d’avants. Les Toulonnais ont Bastareaud et Armitage. Les Lyonnais comptent sur George Smith et Ratuvou. Chez nous, ce sont Danty et Bonfils qui endossent ce rôle. Jo a un instinct naturel du contest. »

LEQUEL EST LE PLUS DUR À PLAQUER ?

Spectaculaires, durs sur l’homme en défense et particulièrement difficiles à plaquer, Mathieu Bastareaud et Jonathan Danty incarnent une menace permanente dans la zone du demi d’ouverture adverse. Lequel est le meilleur ?

Le staff du XV de France juge « Basta » omniprésent sur les matchs importants et a donc préféré le Toulonnais au Parisien, en vue du Mondial. Au cours d’une compétition disputée à l’automne et sur des terrains
souvent gras, la puissance du protégé de Bernie est, aux yeux du triumvirat des Bleus, sans égale. Mais les défenseurs de Fatou, le surnom de Danty au Stade français, sont tout aussi nombreux. Pierre Berbizier en fait
partie : « Danty est plus constant sur un match. Il génère aussi une dynamique différente de celle de Bastareaud. Mathieu va produire du liant autour des points de fixation qu’il crée. Alors que Danty joue au contact. Il est plus souvent en situation de course, joue dans les intervalles et fait briller ses ailiers. « Basta » joue davantage dans le petit périmètre et s’avère précieux dans les phases de contest. Nettoyer 125 kg, ce n’est pas facile… »

Pour avoir côtoyé les deux colosses au Stade français et à Toulon, Olivier Missoup, l’un des meilleurs défenseurs du Top 14, a beaucoup cogité quant à la façon de les plaquer : « Basta est beaucoup plus lourd que Jo (120 kg contre 109, N.D.L.R.). Il est à mon sens plus difficile à mettre au sol et mobilise plus de défenseurs. Il faut donc aller le chercher en inversé, pour le surprendre, l’agresser et privilégier le haut du corps. En bas, il vous marcherait dessus. Jo est plus explosif, plus rapide. Je préfère ainsi lui sauter dans les chevilles pour ne pas le laisser prendre de vitesse. »

Et lequel des deux défend le mieux, alors ? Missoup poursuit : « Jo défend comme un troisième ligne, aux quatre coins du terrain. Il chasse les arrières qui relancent, reprend les ailiers… Basta agit différemment. Il a une défense de zone. Et cette zone-là, mieux vaut l’éviter. […] Personnellement, j’aurais rêvé de les voir associer en équipe de France pour le Mondial. Comme Waiséa et Danty sont complémentaires au Stade français, Mathieu et Jo auraient pu l’être en sélection. Vous imaginez le boulot à abattre, pour les défenseurs ? »

À PLEIN RÉGIME

Comme Bastareaud, Danty a beaucoup souffert de l’image de panzer qu’on lui colla à ses débuts. Il explique : « La technique individuelle, ce fut un combat quotidien, ces trois dernières années. Je n’avais jamais travaillé ma passe ou mon jeu au pied avant mes 18 ans. Quand j’étais môme, mes éducateurs me demandaient simplement d’aller tout droit et d’utiliser mon physique. Rattraper le retard fut difficile… »

En quelques mois, le trois-quarts centre du Stade français est néanmoins passé du statut de « petit Basta » à celui, plus envié, de Nonu en devenir. Il poursuit : « Jeff Dubois est un perfectionniste. Il m’a fait comprendre qu’une mauvaise passe pouvait annuler un surnombre. Après chaque entraînement, je consacre aujourd’hui quinze minutes à ma gestuelle. Grâce à lui, je pense être devenu moins restrictif. À mes débuts, j’allais péter (sic) dans la zone du numéro 10 trois fois sur quatre. »

Buononato, sur la même thématique : « Je me rappelle qu’en espoirs, au Stade français, Jo n’était même pas titulaire. Les deux trois-quarts centre de l’équipe étaient alors Quentin Valançon (Albi, N.D.L.R.) et Eliott Coti (Suresnes, N.D.L.R.). Pendant trois ans, Jonathan a ainsi dû avaler du travail de technique individuelle pour se mettre au niveau. »

Ce n’est pas tout. À Paris, Danty fit aussi l’objet d’un régime draconien afin de faire coller son quintal imposant au projet de jeu ambitieux de Quesada. Basta ? Il a quant à lui arrêté le jeûne, se contentant de réguler comme il le peut un physique hors-norme : « Je sais que je ressemble plus à un pilier ou un talonneur. Mais ce gabarit est un atout pour moi et l’équipe. À Paris, je m’étais installé dans un confort. Je n’avais pas de concurrence. Même mauvais, je jouais. À Toulon, j’ai appris à souffrir pour gagner ma place. On ne va pas se mentir : c’était très chiant, au départ. Puis je me suis demandé : « Pourquoi Bernard Laporte est-il comme ça avec moi ? » J’ai alors compris que le coach, mieux valait l’avoir sur le dos… Quand il commence à t’ignorer, ça sent le roussi. J’ai d’ailleurs toujours eu besoin d’avoir un chaperon. À Paris, c’était Christophe Dominici.… » 

Source: Midi Olympique

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2 Commentaires

  1. Vinny 5 juin 2015 at 18h- Répondre

    en parlant de titans, Jerry Collins est décédé dans un accident de voiture aujourd’hui… On pensera se qu’on veux de son passage à Toulon, mais il mérite un hommage ce soir tant il a marqué son passage dans le rugby avec un grand « R »,

    Respect Jerry.

    • Dav-D 5 juin 2015 at 18h- Répondre

      En effet, mais tu as raté les articles concernant cette tragédie, et les articles annonçant ce qui est prévu pour lui rendre hommage.