Mathieu Bastareaud se confie sur sa Coupe du monde et son retour à Toulon
Mathieu Bastareaud se confie sur sa Coupe du monde et son retour à Toulon
Le jeudi 29 octobre 2015 à 16:41 par David Demri
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Dans les colonnes de Le monde, le trois-quarts centre du Rugby Club Toulonnais, Mathieu Bastareaud a accepté de revenir sur la Coupe du monde du XV de France en Angleterre.
Il analyse la défaite, décrit sa déception et sa frustration, avoue sa joie d’être de retour à Toulon et anticipe l’arrivée de Guy Novès à la tête des Bleus. Interview à lire ci-dessous:
A mon retour, j’ai réussi à me perdre dans Toulon. Après cette Coupe du monde en Angleterre, j’étais tellement content de rentrer, de redécouvrir la ville, que je me suis mis plusieurs fois à rêvasser sur mon scooter. Mais j’ai finalement très vite retrouvé le chemin du stade Mayol. C’est simple : je suis rentré en France un dimanche, j’ai eu un jour de repos lundi et j’ai repris l’entraînement mardi. A chacun sa « rentrée scolaire ». C’est moi qui l’ai voulu ainsi. Et ça m’a plutôt réussi, avec cette victoire et cet essai en championnat, samedi, face à Oyonnax.
C’était autre chose que le match d’il y a une semaine avec l’équipe de France contre la Nouvelle-Zélande… Ah, l’équipe de France ! le grand sujet de conversation de beaucoup, beaucoup de personnes. Mes coéquipiers de Toulon me connaissent, ils n’ont pas voulu me prendre la tête avec ça. Ils savent qu’en dehors du terrain je ne suis pas quelqu’un qui aime disserter à longueur de journée sur le rugby. Surtout, ils savent que cette défaite a été un moment difficile.
Comment expliquer ? La principale raison, je la connais : il y avait les Blacks en face, tout simplement. On prenait des vagues énormes dans la tête, on avait l’impression d’un match sans fin. Comme si, dès qu’on perdait un ballon, on allait prendre un essai de 60 mètres. On avait beau s’être préparés toute la semaine à un exploit, mentalement, ça restait compliqué.
Bascule
De toute façon, j’avais le sentiment que seuls les trente et un joueurs et le staff y croyaient. Après, bien sûr, il est vrai qu’on n’a pas donné au public les raisons de croire en nous. On a senti une bascule après la première défaite contre l’Irlande. Jusque-là, on ressentait une ferveur, un engouement, puis on a perdu ce premier match, et là, patatras ! tout a été remis en question…
De là à dire que nous, les joueurs, nous avons voulu « virer » Philippe Saint-André [le sélectionneur] pour préparer le quart de finale face à la Nouvelle-Zélande ? Eh bien non. L’article qui a insinué cette information avait complètement faux, désolé. On s’est juste mis face à nos responsabilités, on s’est simplement dit : « Philippe a beau dire ce qu’il veut, si on ne va pas dans les rucks, il ne va pas y aller à notre place. » Mais rien de plus.
A la fin du match face aux Blacks, « PSA » a prononcé un discours en forme d’adieu. Il nous a souhaité une bonne continuation. Dans le vestiaire, on savait bien qu’on venait de terminer ce qui sera peut-être le dernier match de Coupe du monde de toute notre carrière. C’est aussi ce qui explique pourquoi j’ai été extrêmement déçu de commencer ce match en tant que remplaçant. Tout le monde aurait eu la même réaction à ma place.
On a subi
Après cette élimination, beaucoup ont parlé d’échec. Difficile de leur donner tort. S’il y a échec, je pense qu’il vient de tout le monde, joueurs et staff, pas seulement de Philippe Saint-André. Nous, les joueurs, je pense qu’on aurait dû davantage se manifester pour dire ce qu’on pensait de la situation. On a surtout subi. Il faut dire que, à un certain niveau, quand tu exprimes les choses, tu n’es pas forcément récompensé…
Non, ce qu’on produisait sur le terrain n’était pas beau à voir. Non, on ne peut pas vraiment dire qu’on se régalait nous-même. Mais bon, toutes ces remarques sur la façon dont on aurait voulu jouer, on avait trois ans pour les faire à Philippe. C’est toujours facile de parler après coup. C’est toujours facile de dire que j’aurais préféré jouer autrement, que j’aurais préféré avoir la liberté de jouer au rugby, tout simplement, plutôt que d’avoir pour consigne d’attaquer la zone du numéro 10 adverse et d’attirer un maximum d’adversaires sur moi.
Maintenant, chacun va devoir prendre ses responsabilités. Depuis quelques jours, certains commentateurs n’ont plus que deux mots à la bouche : contrats fédéraux. Si j’ai bien suivi, l’idée serait que tous les joueurs du XV de France abandonnent leurs clubs pour signer des contrats avec l’équipe nationale. Je ne sais pas trop qu’en penser, mais je me dis que, forcément, cette situation risque de placer le joueur en porte-à-faux. Tu choisis de rester en club ? Adieu l’équipe de France. Tu choisis de jouer en équipe de France ? Adieu le club où tu as peut-être passé dix ans, adieu la ville où tu as peut-être toute ta famille.
Si quelqu’un a la solution miracle, qu’il se manifeste… A en croire des sources plus ou moins bienveillantes, je ne correspondrais pas trop aux canons de Guy Novès [le successeur de Philippe Saint-André]. Je vais tout faire pour les détromper. Et pour retrouver mon sens de l’orientation.
Source: lemonde.fr
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