Marie-Alice Yahé : « J’ai été sous anti-dépresseurs et en burnout »
Marie-Alice Yahé : « J’ai été sous anti-dépresseurs et en burnout »
Le lundi 7 mars 2022 à 13:06 par David Demri
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L’ancienne internationale Française de Rugby et désormais consultante rugby de Canal +, Marie-Alice Yahé s’est confiée dans le Canal Rugby Club pour évoquer la dépression dans le sport de haut niveau.
Celle-ci indique avoir connu une dépression suite à un burnout.
Elle explique comment elle a traversé cette période délicate. Extrait:
« J’ai parlé de l’après carrière qui était difficile mais mon burnout et ma dépression a débuté lorsque je jouais encore. Toute la fin du Tournoi des Six-Nations avant que j’annonce la fin de ma carrière, j’ai été sous anti-dépresseurs et en burnout. Je l’ai caché car ça m’était presque demandé. J’étais la capitaine de l’équipe de France et il fallait être fort, il ne fallait pas le dire car si le capitaine lâche tout le monde pourrait lâcher. Donc on n’en parle pas et on se soigne.
J’ai eu la chance d’avoir eu quelqu’un qui m’a expliqué ce qu’était un burnout du sportif de haut niveau. Cela se connait très peu, ça se décèle difficilement car parfois ce sont des fatigues physiques et des fatigues mentales. Du coup, on ne fait pas la différence. J’ai eu la chance d’être entourée par un médecin qui a su mettre les mots dessus et me faire suivre à temps. Et quand je dis à temps, c’est parce que contrairement à ce qu’on peut croire à cette folie, quand vous le vivez, vous avez vraiment l’impression de devenir fou. On a l’impression que notre corps c’est tout mais quand notre tête nous lâche, on se rappelle que notre corps est rattaché à notre tête. On ne se reconnait plus et on est capable de faire des choses que l’on n’imaginait même pas. De nombreux joueurs me disent : non on n’en est pas là ou alors non je ne suis pas dépressif. Et pourtant, on ne l’était pas non plus. »
Elle a également évoqué la dépression de son mari, Lionel Beauxis, lorsqu’il évoluait du côté de Bordeaux-Bègles.
Elle explique notamment avoir eu la chance de se réveiller une nuit et de constater que son mari n’allait vraiment pas bien. Extrait:
« Je l’ai vécu en tant que femme de joueurs quand il était à Bordeaux. Il y a tout ce qu’on ne sait pas et ce qui ne se dit pas. C’est simplement le fait de ce petit coup de pouce de me lever une nuit et de le retrouver dans un état dans lequel je ne l’avais jamais connu. Cela m’a permis de mettre en lumière ce qui n’allait pas et de le faire parler. Ca n’allait pas du tout et il fallait arrêter, tout stopper car rien n’allait. La prise de conscience est là. Elle est de savoir comment s’entourer. Il faut savoir s’entourer et en parler car je n’étais pas capable de l’aider à ce moment-là. Il faut faire appel à des spécialistes qui peuvent l’aider et le gérer. Je peux écouter mais ça ne fait pas tout et je n’étais pas en mesure de l’aider. »
Pour conclure, Marie-Alice Yahé donne un conseil à tous ceux qui pourraient connaitre des épisodes de dépression dans leur vie. Extrait:
« Un conseil ? Briser eux-mêmes le tabou car la prise de conscience est individuelle. Elle est de se rendre compte que ça existe, qu’il faut savoir s’écouter au niveau des blessures mais aussi mentalement. Il faut oser en parler et il faut briser ce tabou. Ce n’est pas une faiblesse mais une force de pouvoir en parler. Ce n’est tellement pas une faiblesse que s’ils libèrent cela, la performance sera au-delà. On a l’impression de ne pas parler car on a peur de la performance et de ne plus jouer. Mais quand ils seront libérés de cela, la performance sera bien meilleure. Il faut briser cette faiblesse. C’est une force de parler. »
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C’est pas comme si rien n’existait. Les arrêts maladie : ça sert à ça.
Mais c’est difficile d’avouer qu’on est en arrêt maladie dans le rugby quand on touche 15 000 par mois et qu’on risque de retomber à 3 000 de plafond sécu, on se dit qu’il vaut mieux fermer sa gu… et faire semblant.