Ce vendredi, l’ex-pharmacien du Rugby Club Toulonnais inculpé dans une affaire d’escroquerie a été jugé. Dans son édition du jour, le quotidien Var-matin fait le bilan sur cette affaire.

Le pharmacien Yves Botto a falsifié plus de 500 ordonnances entre le 1er janvier 2012 et le 30 octobre 2014 pour un préjudice estimé à 134 973 euros. Au total, ce sont 27 médecins qui ont été touchés et une centaine d’assurés sociaux dont 33 joueurs du Rugby Club Toulonnais.

La présidente du tribunal, Madame Lablanche a expliqué ce qui est reproché à Yves Botto. Extrait:

« A l’aide d’ordonnance originale établie par des médecins avec une classification ne nécessitant pas l’utilisation de la carte vitale, la liste de la prescription était modifiée après un premier usage en changeant la date et la nature des médicaments. En superposant, avec des calques, la sécurité sociale s’est aperçue de la falsification. Des dizaines de copies d’ordonnances sont ainsi utilisées. »

Pour sa part, le pharmacien s’est expliqué et a exprimé des regrets. Lui qui est devenu le pharmacien du RCT en 2007 a expliqué qu’il voulait poursuivre l’aventure avec le club Varois. Extrait:

« J’avais envie de continuer l’aventure avec le RCT. J’ai vécu la Pro D2, l’accession en Top 14, le doublé. Je voulais encore en être. J’avais aussi une carte partenaire VIP. Je donnais des produits de parapharmacie dont les joueurs avaient besoin (sparadrap, baume…). Puis le club a pris une autre ampleur. Je n’y arrivais plus. C’est à partir de là que j’ai dérapé et j’ai falsifié les ordonnance pour combler mes pertes. Je n’aurai jamais dû faire cela. J’ai été contrôlé par l’Agence régionale de la santé par rapport au dopage. C’est là que j’ai réalisé ce que je faisais. J’ai trahi la confiance du docteur Lambrechts comme celle d’autres médecins. Ils n’étaient pas au courant de mes pratiques. »

Parmi les victimes, on retrouve l’ex-médecin du Rugby Club Toulonnais: le docteur Pascale Lambrechts. Elle aussi s’est exprimée. Extrait:

« L’affaire a été un rouleau compresseur médiatique à partir des allégations de dopage émises par une journaliste de RTL. Le pharmacien m’a téléphoné en mai 2014 alors que je partais sur la finale du championnat de France pour me dire qu’il avait rajouté de l’anti-asmathique sur les ordonnances. Il a fait 150 copies de mes ordonnances ! Ce fut atroce à vivre. »

Lors du jugement, il a été réclamé 10 000 euros de dommages et intérêts pour l’ordre des pharmaciens. LA CPAM réclame 120 405 euros de remboursement et 10 000 euros de dédommagement. Le Rugby Club Toulonnais demande quant à lui 5 000 euros de dédommagement étant donné que le club a été soupçonné de dopage suite à cette affaire. Enfin, le médecin Pascale Lambrechts a demandé un euro symbolique pour tromperie.

Lors de son réquisitoire, Nicolas Kerfridin a demandé de lourdes peines pour le pharmacien, à savoir quatre ans de prisons dont deux avec sursis, la privation des droits civiques et l’interdiction d’exercer pendant cinq ans.

En défense du pharmacien, Maître Rivolet a expliqué que son client regrettait et qu’il souhaitait tout rembourser. Extrait:

« Pourquoi a-t-il fait cela ? Pour son ego ? Il faisait partie des privilégiés… Cet homme a pu acheter sa pharmacie alors qu’il avait 47 ans. Le rêve de sa vie ! Alors qu’il avait tout réussi, il peut tout perdre. Il paierait ce qu’il doit payer. Ne signez pas sa mort civile. »

Le quotidien Var-matin précise que le pharmacien a fortement été marqué par cette épreuve et qu’il avait consigné 270 000 euros pour indemniser la CPAM et les autres victimes. Le délibéré aura lieu le 3 juillet prochain.

Affaire à suivre…