Le talonneur Toulonnais Anthony Etrillard a décidé de mettre un terme à sa carrière au mois de juin dernier.

Victime d’une grave blessure à un tendon d’Achille il y a plu d’un an, le joueur Varois a finalement décidé de jeter l’éponge, comprenant qu’il n’allait pas pouvoir rejouer au haut niveau.

Lors d’un entretien accordé à Var-matin, le joueur explique être soulagé d’avoir pris cette décision. Extrait:

Sincèrement, je suis soulagé de l’avoir annoncé et je ne regrette rien. Malheureusement, je ne pouvais plus continuer. Je savais, avant la garden party, que ça allait arriver. J’avais plutôt hâte de le dire aux supporters pour en finir et clôturer mon aventure.

Il revient sur sa blessure contractée le 26 février 2023. C’était lors d’un match contre Clermont.

Il a rapidement compris que cette blessure allait être grave. Extrait:

Déjà, je savais que j’avais quelque chose. Je jouais avec. J’avais fait des examens et je laissais traîner en me disant que ça allait bien se passer. Mais je voyais bien que c’était de pire en pire. Donc quand je sors face à Clermont, en soi, il n’y avait rien d’exceptionnel.

Derrière, on avait une semaine de vacances. Je vous avoue qu’elles ont été compliquées pour moi. En rentrant, j’en ai parlé aux docs et il s’avère que les images étaient encore plus mauvaises. J’ai dû m’arrêter direct parce que sinon, ça allait finir par devenir irrécupérable.

Maintenant, avec un peu de recul, je me dis que malheureusement, ça a été un peu trop tard. Mais c’est comme ça. Je ne regrette rien.

Il s’est rapidement retrouvé dans le flou avec cette blessure, puis s’en sont suivis plusieurs interventions chirurgicales. Extrait:

J’étais dans le flou. À ce moment-là, on savait simplement que la blessure s’était bien aggravée par rapport à la première image. J’ai fait un PRP [une injection de plasma riche en plaquettes, Ndlr] pour essayer de calmer, mais ça n’a pas fait grand effet.

J’ai dû me faire opérer et là aussi, pas de chance, ça n’a pas vraiment été un succès. J’ai dû y repasser en octobre dernier. Mais à cet instant, le chirurgien m’avait dit que j’avais une chance de rejouer au rugby. Alors je me suis accroché. Ça ne s’est pas fait, mais j’ai tout donné pour.

Il concède que tout a été très long dans sa tête. Extrait:

C’est long, c’est compliqué. Quand tu vois que ça n’avance pas comme tu veux, dans la tête, ce n’est pas évident à gérer. J’ai tout essayé pour revenir. Au fond, je me dis que des fois, il faut juste accepter que ce n’est pas possible. Mais ça, c’est facile à dire. Dans les faits, c’est beaucoup plus dur.

Il a voulu jeter l’éponge à plusieurs reprises. Extrait:

Oui, bien sûr. Je me suis posé la question plusieurs fois. Mais j’ai finalement décidé de me battre jusqu’au bout. Surtout pour ne pas avoir de regret. Je voulais arrêter en ayant tout essayé.

Mais il a voulu tenir bon jusqu’au bout. Extrait:

On s’accroche parce que quand on fait ça depuis l’âge de 15 ans, on n’a pas envie que ça s’arrête comme ça. Après, on en est tous plus ou moins conscients que quand on démarre ce métier de rugbyman professionnel, tout peut s’arrêter subitement pour une blessure ou un problème à la tête.

J’en discutais beaucoup avec ma femme, aussi. Elle m’a aidé. Et comme je dis souvent, oui il y a le rugby, mais il y a aussi une autre partie de la vie où j’ai envie de profiter de mes enfants et de ma famille. J’ai longuement pesé le pour et le contre.

Si je devais tout tout, tout, tout, tout faire pour le rugby, ou si je devais un peu penser à moi et à ma famille. J’ai fait le choix de ne pas aller plus loin. Aussi pour ne pas encore aggraver encore plus la blessure et qu’elle me gêne au quotidien.

Désormais, il a moins mal car il ne sollicité plus son tendon d’Achille comme avant lors des entraînements. Extrait:

Potentiellement, ça va. Mais si c’est mieux, on ne va pas se le cacher, c’est aussi parce que je ne fais plus d’entraînements intenses. J’arrive à la gérer mais dès que je force un peu, ça revient.

A plusieurs reprises pourtant, Anthony Etrillard n’était pas loin de reprendre la compétition. Extrait:

Je savais que je n’étais pas loin de revenir… mais je savais aussi que musculairement, j’avais du mal à récupérer. Au rugby, il n’y a pas que courir. À mon poste de talonneur, il faut notamment pousser sur mon talon gauche. Et certaines positions étaient bien plus douloureuses que d’autres. Alors au final, je n’étais pas loin tout en étant loin. C’est difficile à accepter comme sensation. Mais ça te donne aussi envie de t’accrocher. Ce n’est pas évident à mettre des mots dessus.

C’est finalement en échangeant avec le staff qu’il a pris la décision d’arrêter. Extrait:

J’ai évidemment parlé de cette possibilité avec le staff. C’est un choix commun. Ils voyaient bien que c’était un peu compliqué pour moi. Alors on s’est naturellement posé la question. J’en ai discuté avec ma femme, aussi. Et finalement, j’ai décidé de ne pas aller plus loin.

Je pense qu’une fin de carrière, que ce soit sur blessure ou non, c’est toujours compliqué. Alors oui, c’est peut-être un peu plus dur. Je me dis que j’aurais pu finir autrement. Mais j’aurais pu finir plus mal, aussi. Oui j’aurais voulu terminer en jouant mais c’est notre métier qui est comme ça. Quand j’ai pris la décision d’arrêter, j’étais soulagé.

Il explique dans la foulée s’être fait piéger par ses coéquipiers qui ont voulu lui rendre hommage. Extrait:

Ah, ça! Je me suis bien fait piéger. Les mecs de l’équipe m’ont fait cette petite surprise avec le t-shirt. C’était sympa. Je me suis fait un peu avoir. Je suis arrivé pour bouger un frigo et au final, ils étaient tous là pour me dire merci et passer un bon moment.

Pour conclure, Anthony Etrillard évoque l’avenir. Extrait:

Je vais d’abord prendre du temps pour moi et souffler un peu. Je vais me marier donc on va profiter, en famille, moment par moment et on verra la suite tranquillement. J’aurais le temps de m’y pencher, maintenant (rires).