Les punchlines de Boudjellal : « Tout a été aseptisé », « Lemaitre ? Jamais personne ne l’a vu faire ses courses sur le cours Lafayette »
Les punchlines de Boudjellal : « Tout a été aseptisé », « Lemaitre ? Jamais personne ne l’a vu faire ses courses sur le cours Lafayette »
Le vendredi 22 mars 2024 à 23:51 par David Demri
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Ce samedi après-midi, Mourad Boudjellal va effectuer son grand retour au Stade Mayol.
En effet, il assistera au match du Rugby Club Toulonnais contre Montpellier, comptant pour la 19ème journée du Top 14.
Lors d’un entretien accordé au Midi Olympique, Mourad Boudjellal a indiqué ressentir beaucoup de peine pour le RCT en voyant les prestations poussives effectuées par le XV de la Rade.
Il ne manque pas de tacler la direction du club. Extrait:
Cela me fait de la peine. Vraiment. J’aime ce club. Maintenant, vous savez à Toulon tout est différent. Il y a toujours un peu d’exagération. Je crois l’équipe encore capable de se qualifier pour la phase finale. Le calendrier me semble plutôt favorable. Après, ces derniers temps, le club n’a pas été malveillant, mais très maladroit dans sa communication. La nouvelle direction a sans doute confondu supporters et client.
On ne parle pas à un supporter comme à un client. Toulon est un club atypique, il faut faire du sur-mesure. Dans d’autres clubs, tu peux te permettre de faire du préfabriqué. Pas ici. La culture toulonnaise est spéciale. Or, pour les gens qui sont arrivés, c’était voyage en terre inconnue. Un Normalien a sans doute de bonnes idées, mais encore faut-il comprendre et s’adapter à l’écosystème. Or, ceux qui sont arrivés sont très bons pour créer des factures, beaucoup moins pour faire rêver.
Il affirme ne pas du tout comprendre vers quelle direction les dirigeants du RCT veulent aller. Extrait:
Non, mais je ne comprends la direction où le club veut aller. Je vous donne un exemple : l’an dernier, le RCT a créé un « Hall of fame ». Superbe idée. Mais c’est vivre sur l’héritage du passé. Au rythme où ça va, il n’y aura pas d’autres « hall of fame ». Quel était l’intérêt d’organiser un tel événement sinon pour se faire plaisir et rencontrer les joueurs qui ont fait la gloire passée du club. Ce que les gens doivent comprendre, c’est que lorsque le président actuel déclare combler les comptes du RCT, il comble les trous de ses erreurs ou maladresses de gestion.
Ça me conforte dans l’idée qu’un président doit présider au quotidien. Un club de sport, c’est aussi une entreprise de spectacle. Ça obéit à des règles atypiques. La première, c’est de ne pas chercher à gagner de l’argent. D’abord, il faut vouloir donner du bonheur aux gens. C’est de l’altruisme. Quand tu donnes du bonheur, les gens viennent et reviennent. Ils adhèrent. Et là, le club commence à gagner de l’argent.
Son idée pour relancer la billetterie ? Faire venir chanter Aya Nakamura au Stade Mayol.
Il l’affirme : les dirigeants Toulonnais ont aseptisé le club. Extrait:
Si j’avais été encore président du RCT, samedi, c’est Aya Nakamura qui aurait chanté à l’entrée des joueurs. Elle est dans l’actu et ça correspond à l’image d’un club un peu rebelle comme le RCT. Pour moi, dans le Top 14, il y a 13 clubs et le RCT. On doit rester le petit village gaulois. Or, même si les nouveaux dirigeants surfent sur le mantra « Ici, tout est différent », ça ne l’est plus.
Tout a été aseptisé. Je crois que les dirigeants auraient dû tout changer et faire un RCT à leur image, sans vouloir surfer sur la vague du passé. Je me souviens avoir tenu ce propos à Thomas Savare lorsqu’il était président du Stade français. Il continuait de faire du Guazzini, mais personne ne peut faire du Guazzini aussi bien que l’intéressé.
Dans la foulée, il a parlé de ses rapports avec Bernard Lemaître. Extrait:
Aucun sinon les nombreuses procédures qu’il me fait. Et je dois reconnaître qu’en termes de mauvaise foi, il a une imagination très créative.
Depuis que Bernard Lemaître a repris le RCT, il cherche sa légitimité. Aujourd’hui, il l’a peut-être trouvé par la dépendance financière du club qu’il a créé mais pas par sa compétence. Il a investi, dépensé et même gaspillé beaucoup d’argent, je le reconnais. Je pense qu’il n’a pas conscience l’économie locale. D’ailleurs, jamais personne ne l’a vu faire ses courses sur le cours Lafayette, qui est le baromètre de la ville.
Toulon, ce n’est pas Lyon, ni Marseille. Ce n’est pas Bordeaux, ni Paris. L’économie est plus limitée. À mon époque, nous avions la chance d’avoir quelques partenaires d’envergure nationale, dont certains sont restés. Mais c’était exceptionnel. Il faut ancrer le RCT dans l’économie locale car le jour où il ne sera plus là, le plus tard possible évidemment, il ne faudrait pas que le club se retrouve en dépôt de bilan. Ce qui est valable dans beaucoup de clubs malheureusement, pas seulement pour Toulon.
Il se demande ce que deviendra le RCT après Bernard Lemaître. Extrait:
Le rugby repose beaucoup sur des mécènes. Lorsque je siégeais à la Ligue, j’avais d’ailleurs proposé que les engagements de cautions soient pris sur la durée des contrats et non sur l’année en cours pour tous les clubs où il y avait un mécène. Quand tu signes un joueur cinq ans, tu cautionnes autant. Sinon, c’est trop dangereux pour le club. Aujourd’hui, pour ce qui concerne le RCT, Bernard Lemaître a créé beaucoup de charges sans créer de produits qui vont dans la colonne d’en face. Il est là le problème. Si le mécène quitte le club et que le club ne peut assumer les contrats, le contractant abandonnera ses salaires ou attaquera-t-il le club, quitte à le mettre en difficultés financières ?
Aussi, il estime que le Campus RCT est surdimensionné par rapport au club. Extrait:
Je crois que le Campus est surdimensionné par rapport à ce que le club peut assumer.
Ce que je sais, c’est que le club a emprunté six millions d’Euros sur 20 ans pour ce centre d’entraînement. C’est colossal en termes de charges sans même parler des charges de fonctionnement. J’aurais sans doute fait quelque chose d’un peu moins ostentatoire si j’avais encore été en place car je n’aurais pas eu besoin qu’on me dise que c’est le plus beau centre d’entraînement. Moi, président, ce qui m’intéressait, c’étaient les résultats.
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