Les mots très forts de Mathias Dantin sur ses échanges avec l’auteur du plaquage
Les mots très forts de Mathias Dantin sur ses échanges avec l’auteur du plaquage
Le mardi 24 décembre 2024 à 19:04 par David Demri
3 Commentaires
Publicité
Le jeune Mathias Dantin, devenu tétraplégique après un match de rugby en 2020, s’est confié via Midi Olympique.
Ce-dernier avoue être fatigué par le procès qui est en cours. Extrait:
Je suis un peu fatigué par tous ces événements qui ne sont pas anodins, mais ça va. Avec mes parents, on est toujours à droite, à gauche en continuant de préparer tous nos projets de vie, professionnels et personnels. On finit l’année 2024 sur une note assez positive et on essaie de préparer au mieux l’année 2025.
Il ne le cache pas : c’est éprouvant physiquement. Extrait:
Ça a été éprouvant physiquement et mentalement. Ce ne sont pas des choses que l’on fait tous les jours. Comme nous l’expliquons souvent, nous ne sommes pas des personnes procédurières. Sauf que cette fois, on a été un peu contraints de devoir entamer des démarches de ce type. Nous y sommes allés avec la boule au ventre et la peur de ne pas être entendus, de ne pas être écoutés ou de ne pas être reconnus. Ça a été très difficile de pouvoir se faire reconnaître en tant que victime. Victime d’une agression au sens propre du terme. Je ne suis pas simplement victime d’un coup du sort ou d’une fatalité.
Il l’affirme : il ne s’agit en aucun cas d’un simple accident comme certains veulent bien le dire. Extrait:
À propos de mon histoire, il y a deux mots qu’il faut s’enlever de la tête : c’est le contexte sportif et le terme d’accident. Les gens ont tendance à se dire que c’était un jeune qui jouait au rugby scolaire, qu’il n’a pas fait exprès parce qu’il n’a pas maîtrisé son geste. Il y a des faits avérés qui restent encore à prouver et à scander haut et fort. Que ce soit mon témoignage, celui de mes coéquipiers ou ceux des équipes adverses… Il s’avère que l’auteur des faits se cache derrière la dangerosité de ce sport pour dire que ce n’est pas de sa faute, mais ce sont des conneries…
Je l’explique souvent, mais il faut prendre conscience que cette personne m’aurait fait ça dans le champ d’à côté, c’était pareil. Il y avait une intention de nuire qui est claire et qui reflète la nature des faits. S’il y a une chose importante qui doit ressortir de ce procès (délibéré le 18 février 2025, N.D.L.R.), c’est de pouvoir montrer que les sanctions peuvent aller au-delà du sport. Si on ne respecte pas le règlement, on ne peut pas se cacher derrière le sport. ça ne peut plus être un prétexte pour faire n’importe quoi.
Dans la foulée, il indique que l’auteur du plaquage et sa famille n’ont jamais essayé d’entrer en contact avec lui. Extrait:
Pour être clair, la partie adverse n’a jamais cherché à prendre contact avec nous. Le jour du procès, ils sont venus nous parler. Les parents du responsable se sont excusés en expliquant qu’ils avaient cherché à nous contacter mais qu’ils n’avaient pas réussi. Je ne juge personne mais j’estime que quand on veut vraiment, on peut.
Venir nous voir cinq minutes avant le procès, je trouve que c’est un peu facile et surtout, ça n’enlève rien aux faits.
Il indique avoir échangé quelques mots avec l’auteur du plaquage. Extrait:
J’ai échangé quelques mots avec le responsable. J’avais envie qu’il dise la vérité sur ce qu’il s’est passé.
Ca n’a pas vraiment été le cas, puisqu’il a essayé de se dédouaner tout au long du procès. Il est important pour moi que ce qu’il a fait soit marqué noir sur blanc, qu’il soit contraint de penser à nous toute sa vie. Parce que nous, nous sommes contraints de penser à lui.
Il indique se foutre de ses excuses. Extrait:
Pour rester poli, je n’en ai rien à faire de ses excuses. Ça fait deux ans que nous les attendons… Est-ce qu’on en a vraiment besoin, au final ? Est-ce que ça change quelque chose ? Je ne pense pas.
Le fait qu’ils aient pris contact, qu’on ait pu voir leur visage et qu’on ait pu échanger quelques paroles, c’est vrai que ça permet d’avancer. On ne peut pas dire que ça permet de tourner la page, mais ça permet au moins d’en écrire une nouvelle sans pour autant la rayer.
Quoi qu’il en soit, ce procès ne lui permettra pas de tourner la page. Extrait:
Pour mes parents peut-être, car c’est un peu plus concret. Mais personnellement… Je ne sais pas si la condamnation me permettrait de tourner la page mais le fait qu’on soit reconnu victime, et que lui ait un minimum de responsabilité à prendre, ce serait déjà bien.
Comme je lui ai dit droit dans les yeux, je ne lui souhaite pas de mal. Mais une personne qui a commis un tel acte n’a pas le droit de vivre tout à fait normalement après ça. Sinon, ça serait banaliser encore plus les gestes dangereux et montrer qu’on peut faire n’importe quoi, sans aucune conséquence.
Un casier judiciaire ajoute un poids, ça lui pèsera toute sa vie. Rien que ça, c’est déjà une condamnation. Pour être honnête, je n’ai pas besoin que cette personne aille en prison. Après, c’est sûr qu’il y a une reconnaissance financière à avoir.
On parle d’une vie entière, pas d’une indemnisation pour une rupture d’un ligament croisé. J’ai envie de vivre dignement et de réaliser mes projets. Bien sûr que nous l’attendions, ce procès. Mais pour le moment, rien n’a changé ! La situation est toujours la même et nous avons toujours autant de difficultés, que ce soit dans mon quotidien ou financières. C’est juste une étape pour retrouver petit à petit la vie la plus digne possible, car on ne peut pas dire normale.
Il explique vouloir profiter de cette médiatisation pour défendre une cause. Extrait:
Je ne la vis pas trop mal car dès le début, ça a été un gros soutien moral. Bien sûr, je ne reçois pas que des messages bienveillants, mais j’ai la chance d’avoir un entourage qui me soutient. Je garde la tête sur les épaules pour comprendre que tout ça n’est que du virtuel. Cette médiatisation me permet de défendre une cause qui me tient à cœur et d’échanger avec des personnes qui sont très bienveillantes, qui m’apportent énormément dans la vie de tous les jours.
Il l’affirme : sans son papa, il n’en serait pas là. Extrait:
Sans eux je ne serais rien. Sans mon papa, je ne serais pas là où j’en suis. C’est plus qu’un pilier dans ma famille, c’est mon moteur. Globalement tous les gens qui me soutiennent sont précieux. Quand je croise des personnes dans la rue qui viennent m’encourager à continuer tout ce que je fais, ce n’est que du positif.
Entre nous, je ne me sens pas comme un super-héros et je ne suis pas totalement fier de moi, parce que je crois qu’il me reste encore beaucoup de choses à faire pour moi et pour les autres. Je ne suis pas le genre de personne qui aime la lumière mais dans mon cas, elle est utile et permet de faire entendre une cause. Honnêtement, j’ai besoin de me sentir utile. Aujourd’hui, je vois que je ne sers pas à rien.
Publicité
3 Commentaires
A part assouvir la vengeance de ruiner aussi la vie de celui qui a plaqué, je ne vois pas bien ce que cherche ce jeune et sa famille.
Si l’auteur du plaquage a un peu de cervelle, il vit déjà avec ce poids, quant au non contact, ce n’est pas surprenant, d’autant plus qu’il y a une procédure judiciaire à son encontre.
C’est un coup du sort extrèmement dur ce qui lui est arrivé, et c’est désolant, mais des joueurs au jeu dur, voire déloyal, il y en a toujours eu, et il y en aura encore.
On ne voit pas les commentaires des supporters en canapé qui trouvent qu’on est trop sévère avec les joueurs qui écopent de cartons rouges et sont suspendus par la fédération … pas de smile non plus …
Désolé, mais je trouve ce commentaire pathétique !
Parce que les joueurs deloyaux ont toujours existé, il faudrait l’accepter??
Un joueur qui met en danger la vie d’un autre sur un geste volontaire ne doit pas juste craindre un carton rouge. Ça va au delà du sport, il faut qu’il sache que ce geste peut avoir des conséquences pénales aussi, histoire que la violence et l’envie de faire mal ne prenne plus le dessus.
Une grosse pensée pour ce jeune et pour mes fils qui pourraient être à sa place à cause d’un gosse violent qui ne sait pas se contrôler.