Les mots très forts de Maria, l’épouse de Federico Aramburu
Les mots très forts de Maria, l’épouse de Federico Aramburu
Le mercredi 19 mars 2025 à 11:35 par David Demri
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Pour la première fois depuis l’assassinat de son mari il y a 3 ans, la femme de Martin Federico Aramburu a pris la parole via Midi Olympique.
Celle-ci explique attendre désormais le procès qui n’a toujours pas eu lieu.
Elle explique ne jamais avoir consacré trop de temps et d’énergie à penser aux assassins. Extrait:
On se fait le film en fonction des gestes, de la personnalité qu’on connaissait de Fede. On se crée sa propre scène, mais je ne voulais pas trop rentrer dans les détails précis, car ça me fait du mal. Avec le temps, tu apprends plus de choses, par rapport aux instances de l’instruction et la défense des accusés. Ça génère de plus en plus d’énervement à l’intérieur. Je n’ai jamais consacré de temps, des pensées ou de l’énergie aux accusés. Pour moi, ils n’existent pas. On approche de la date.
Mon avocat voudrait que je regarde les vidéos, que je sois plus imprégnée de tout ce qu’il se passera pendant les deux semaines d’audience. Il m’a dit que c’était mieux, pour moi et pour la famille, qu’on ait déjà tout vu, qu’on ne le découvre pas là-bas, au procès. J’ai toujours fait confiance aux avocats. Au total, ils sont cinq à nous accompagner. J’ai aussi la sensation d’une justice divine, d’un karma, vous l’appelez comme vous voulez. Quelque chose qui fera le nécessaire pour que ce soit juste. Je suis sereine à l’approche du procès. Je sais qu’on est entre de bonnes mains. J’attends que ce soit exemplaire. Des choses comme ça ne peuvent pas arriver à notre Fede…
Elle rappelle que cet assassinat a été prémédité. Extrait:
Ce n’est pas une affaire qui concerne des violences nocturnes à la sortie d’un bar. Ça aurait pu l’être, si ça s’était arrêté à un certain moment. Il y a eu une préméditation et une organisation pour que ça se passe ainsi. Quand tu prémédites d’aller tuer quelqu’un, c’est un assassinat. Je suis soulagée d’entendre ce mot, même si c’est dur pour nous, car c’est ce qu’il s’est passé. Tous les actes montrent la violence et la détermination à tuer, depuis le début.
Les actes de Fede et Shaun, depuis le début, montraient que pour eux, c’était fini. “Allez, on doit travailler demain”. Ils rigolaient, même, en partant. Ils n’ont pas eu d’expression ou de comportement différents de ce qu’ils sont, normalement. C’est de la folie que quelqu’un tue, en plein cœur de Paris, sans aucun problème, avec une sensation de supériorité. Je veux qu’ils soient jugés pour ça. Que ça serve, pour que ça ne se reproduise plus.
Elle exprime ensuite la douleur qu’elle a ressenti et qu’elle ressent toujours. Extrait:
Au début, je me suis demandé pourquoi. Pourquoi nous ? Pourquoi Fede ? Je ne souhaite ça à personne. Ça nous est arrivé, à nous, à Fede… Je ne vis pas ça avec énervement. La douleur emporte tout, on vit ça en douleur, c’est elle qui parle, mais j’essaye d’être le plus digne possible, avec la responsabilité qu’à côté de moi, il y a trois enfants. Je ne veux pas que, par mes sensations, ils aient des émotions qui ne soient pas propres à eux. Je garde cette responsabilité d’être toujours digne, humble et respectueuse des émotions, à chaque moment. Il y a des étapes du deuil avec toutes les émotions qui s’enchaînent. Oui, j’ai été énervée contre plusieurs personnes. C’est passé.
J’espère qu’on pourra tous faire notre deuil, sain et ne pas s’arrêter à une étape précise. Certaines personnes meurent d’une maladie, d’autres se tuent. Je ne veux pas dire que c’est sa destinée, mais c’est la vie de Fede. Il faut respecter sa naissance, sa vie et sa mort telle qu’elle l’a été. Je pense que la meilleure façon de traverser ce deuil, c’est d’accepter ça. Il faut aller chez le psychologue, travailler le deuil. Sinon, c’est invivable, c’est trop dur car la dépression, c’est horrible.
Les enfants m’aident à être une meilleure maman. Je vois le fruit de ça, car ils ne sont pas peureux, n’ont pas de colère jusqu’à la vengeance. Ils ne veulent pas tuer. La question, c’est de savoir : « comment on se réfère à ce qu’il s’est passé ? » […] C’est pour ça que je mets tout le poids de la responsabilité sur la justice. Pour notre deuil et le développement des enfants, il faut que ce soit juste. Sinon, il y aura peut-être de l’énervement, de la déception. Mais pour l’instant, j’ai confiance.
Elle attend désormais patiemment le procès. Extrait:
J’ai compris que, si les étapes prennent du temps, c’est pour que l’on arrive à ce procès de la meilleure des façons possibles. J’attends que justice soit faite, que le poids de la loi tombe sur les accusés, parce qu’ils le méritent. Je ne vais pas nier que j’ai une forme d’appréhension de l’audience. Je n’ai pas envie que ça me traumatise, donc je mettrai tout de mon côté pour m’y préparer, psychologiquement et corporellement. J’ai peur que ça me blesse, me rende malade. Mais bon… Je me dis que le plus dur, c’était d’apprendre la nouvelle. D’aller voir le corps de Fede à Paris, d’annoncer aux enfants ce qu’il s’est passé. Si on a pu faire ça, je me dois d’être là, au procès. On ira. […] L’avocat nous a dit que le procès serait long, avec des audiences toute la journée. On devra être à Paris pendant deux semaines. Ça demande une certaine organisation. J’aimerais que les enfants n’y soient pas, sauf si les filles le demandent. Je sais qu’il y aura beaucoup de monde, à côté de nous.
Il y a un contexte politique. La mort de Fede est arrivée avant le premier tour des élections présidentielles, avec la montée de l’extrême droite en politique. Je pense qu’on va arriver à la fin du mandat de Macron avec un procès. On ne peut pas empêcher de dire qu’il y a un côté politique, derrière, avec l’appartenance ou les contacts qu’ils avaient (les suspects, N.D.L.R.) avec le groupuscule de droite. Tout ça explique ce qu’il se passe, aujourd’hui, dans la société française. On ne pourra pas le détacher. Si on veut que la justice soit faite, bien sûr qu’il faut que la politique s’en mêle et qu’il y ait des lois régulant le port des armes. Comment peut-on se balader armé ? Ce n’est pas possible… Il faut l’encadrer, avec une action de la politique pour mener ça. Mais je ne mets pas d’énergie là-dedans.
Elle avoue avoir été déçue par certaines personnes. Extrait:
En politique, on peut dire beaucoup de choses. On a vu le président prendre la parole pour d’autres faits. Humainement, je me suis sentie déçue. Politiquement aussi. Le temps est passé. Aujourd’hui, on ne peut pas revenir en arrière. La sensation est là. Je suis déçue, oui. Par contre, Pierre Rabadan ou la mairie de Paris ont été à la hauteur, politiquement et surtout humainement. La vie passe, le temps passe. Ils ont agi ainsi… J’en parle parce que vous me le demandez. C’est comme pour la Coupe du monde de football, avec cette invitation. Ils auraient pu mieux faire. Ils ne l’ont pas fait. Ça montre, aussi, qu’il n’y avait pas une envie… Cette invitation est arrivée comme ça. « Si elle veut venir, qu’elle vienne ». Mais non, je ne veux pas. Je suis digne, avant tout.
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