Sauf cataclysme, samedi contre l’Ecosse, l’arrière international Français Thomas Ramos va battre le record du plus grand nombre de points inscrits en équipe de France, lequel est actuellement détenu par Frédéric Michalak.

Interrogé sur le sujet via Midi Olympique, Frédéric Michalak estime que Thomas Ramos est en capacité d’atteindre les 1 000 points. Extrait:

Je suis surtout content pour Thomas et pour l’équipe de France. Mon record de points n’était pas très élevé, on va dire… J’ai toujours rigolé quand on me disait que j’étais le recordman à plus de 400 points. Je voyais la plupart des meilleurs buteurs de toutes les grandes nations à plus de 1 000 points… C’est une première étape pour Thomas, il le mérite. C’est un métronome, il est incroyable dans ses tirs au but. Je lui souhaite d’aller chercher les 1 000 points, d’atteindre ce sommet, car il en est capable. Quand on est à plus de 1 000 points, on est vraiment considéré au niveau international.

Thomas Ramos aura mis seulement deux ans et demi à battre ce record.

Pour Frédéric Michalak, cela est révélateur. Extrait:

C’est révélateur. Cela signifie aussi que l’équipe de France a cette faculté à mettre beaucoup de points aujourd’hui, grâce à un rugby plus déployé et de belles individualités. Les époques sont différentes, et contrairement à celle actuelle, on était plusieurs buteurs à la mienne. Maintenant, le XV de France sait qu’il peut compter sur un buteur excellent et exclusif. Moi, j’ai buté, mais on avait « Jean-Ba » Elissalde, le « Yach » (Yachvili), Parra… On était beaucoup à le faire, et on n’avait finalement pas de purs spécialistes installés. Là, il y a Thomas et il est exceptionnel.

Il exprime son admiration pour l’arrière Toulousain. Extrait:

Oui, complètement. C’est un joueur qui m’a toujours beaucoup plu. Déjà, j’aime son tempérament, sa mentalité. C’est un mec qui ne se laisse pas faire sur le terrain, qui a réussi à se remettre en question en allant jouer en Pro D2 une année. Il sent les coups et voit les situations. Il a une bonne lecture et sait exécuter. Il a des pieds, des mains et une tête qui sont faits pour ce jeu. Je suis sûr qu’il va continuer à apprendre et encore progresser.

Je le vois aller sur d’autres sports, je sais qu’il joue beaucoup au golf par exemple. Et le golf lui permet d’être meilleur dans sa technique, sa concentration, sa visualisation. Il peut aller chercher plein de choses dans d’autres disciplines et cette curiosité l’amène aujourd’hui à être là où il est.

Dans la foulée, il dévoile les spécificités de Thomas Ramos pour buter. Extrait:

Oui, deux choses. Déjà, sa capacité à arriver sur le ballon dans son élan. Il a vraiment un beau rythme. À chaque fois, il m’impressionne parce que c’est toujours le même, ce n’est pas saccadé. C’est simple, fluide, et cela lui permet de bien frapper. C’est beau à voir. J’ai remarqué aussi sa concentration. Son temps de préparation est différent selon s’il tape aux 22 mètres ou aux 50 mètres.

À 50 mètres, il pose le ballon, regarde une fois, souffle et y va direct. Il se pose moins de questions sur des longues distances, il a ce côté : « J’y vais vraiment décontracté et j’essaie de traverser le ballon. » Mais sa concentration augmente quand il se rapproche des poteaux. Parce que la pénalité la plus facile sur le papier s’avère parfois la plus difficile. Là aussi, je crois que le fait d’être un bon golfeur l’aide beaucoup.

Il admire le taux de réussite de Thomas Ramos face aux perches : 83,84%. Extrait:

Ça inspire le respect et rappelle les plus grands buteurs. Pour être dans cette catégorie, une forte régularité est nécessaire. Quand il pose le ballon, on ne se pose pas la question : Est-ce qu’il va la mettre ou pas ? C’est devenu normal, quasiment banal. L’autre force d’un grand buteur, c’est : Comment je réagis après un échec ? Thomas rate très rarement deux coups de pied d’affilée. Ça peut lui arriver en club mais c’est vraiment rare. On sait qu’il faut être humble quand tu arrives devant le ballon, devant ton tee. C’est un rôle ingrat, on peut basculer un mauvais jour sans savoir pourquoi. Mais lui parvient à rester exceptionnel avec les Bleus.

Frédéric Michalak indique se retrouver énormément dans ce joueur. Extrait:

Effectivement, entre ce parcours qui n’est pas linéaire, sa mentalité et son caractère, je me retrouve sur plein de points chez lui. Et quand je le vois mettre ses mains sur les cuisses avant de taper, je me rappelle que je faisais pareil (rires). Puis, j’aime chez lui, comme chez « Toto » (Antoine Dupont) qui était même parti à 7, le fait de tenter des choses, de ne pas rester statique. Le monde bouge trop vite et si tu commences à t’endormir… Il l’a compris.

J’adore ses deux facettes. Il a cette régularité, cette précision, ce sérieux et ce pragmatisme sur ses tirs au but. Mais, dans son jeu, il est complètement à l’inverse. Il est dans l’instinctif, l’intuition et la créativité, tout en respectant le système. On peut préparer tout ce qu’on veut dans la semaine, à un moment, il faut se lâcher un peu pour s’adapter à ce qu’il se passe face à toi. Thomas excelle là-dessus.

Pour conclure, il lui fait passer un message. Extrait:

Que je suis tout simplement heureux pour lui, de le voir battre ce record aussi vite. Mais j’ai envie de lui dire aussi qu’il est capable d’aller encore beaucoup plus haut. Ce record, c’est juste une étape pour Thomas. Et, personnellement, je suis très content de devenir bientôt le deuxième meilleur marqueur de l’histoire du rugby français (rires).