Les mots forts de Christophe Urios : « Je suis déçu de notre saison, je ne me retrouve pas dans ce que l’on fait »

Les mots forts de Christophe Urios : « Je suis déçu de notre saison, je ne me retrouve pas dans ce que l’on fait »

Le jeudi 2 mai 2024 à 22:44 par David Demri

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Samedi après-midi, Clermont défiera les Sharks de Durban à Londres dans le cadre d’une demi-finale de Challenge Cup.

Lors d’un entretien accordé au Midi Olympique, le manager de l’ASM, Christophe Urios est revenu sur la large victoire bonifiée de ses joueurs remportée contre le Stade-Français Paris.

Il évoque le meilleur match de la saison de la part de son groupe. Extrait:

Je trouve que c’était notre meilleur match. Pas sur le plan du rugby car on a fait mieux contre l’Ulster, mais parce qu’il a réuni tout ce que j’aime dans ce jeu : l’engagement des mecs, le fait d’être sur la même page pendant 80 minutes, ne pas faire de cadeau, dominer physiquement, construire la rencontre, avoir des célébrations et autant de joie sur le terrain. C’était la première fois que je voyais autant de joie depuis mon arrivée ici.

Cela a été une réaction, c’est sûr, parce qu’on est une équipe à réaction. Et en plus nous étions dos au mur. Mais en même temps, je trouve que c’est notre niveau. Ce match a montré nos forces : dans le jeu d’avant, dans notre faculté à avancer sur la ligne d’avance avec George (Moala, NDLR.) et le petit Léon (Darricarrère), et nos facteurs X, comme Alivereti Raka. J’aime tout ça, et c’est ce que je suis venu chercher à Clermont.

Il explique que trois images l’ont marqué lors de cette victoire bonifiée remportée contre Paris. Extrait:

Trois images m’ont marqué et je ne les avais encore jamais vues depuis mon arrivée. Après le premier essai de « Bauti » (Delguy), il va sauter dans le public, comme pour exprimer une rage. Ensuite, Baptiste (Jauneau), exulte sur son essai alors qu’il est plutôt réservé. Comme pour dire : « Y’en a plein le c** de cette saison de m****, un coup c’est oui, un coup c’est non. » Et la troisième où Antho (Belleau) plonge pour marquer son essai, et Raka plonge à côté de lui, comme au foot. J’ai aimé cette mentalité et ce partage avec notre public.

Après, ça s’arrête là. Je ne me dis pas que ça part de là. Je l’ai déjà fait trois ou quatre fois dans la saison et cela a terminé en pétard mouillé.

De manière plus générale cette fois-ci, il affirme être déçu de la saison effectuée par son équipe.

Il affirme que son équipe n’a pas progressé depuis le début de la saison et avoue avoir vécu une saison de souffrance. Extrait:

Je suis déçu de notre saison. Parfois je ne me retrouve pas dans ce que l’on fait. Je n’aime pas cette irrégularité, on dirait qu’on est spectateur. Je ne trouve pas qu’on a progressé depuis le début de la saison. Quand tu encadres une équipe, tu construis petit à petit, du progresses et après tu saisis des opportunités qui enclenchent des dynamiques. On aurait pu le faire : tu gagnes Bayonne à domicile (47-14), tu vas gagner à Montpellier (17-20), et derrière tu te ramasses contre Toulon (27-30).

Fin janvier, début février on était au top. Et à la reprise, on ne repart pas. On fait notre meilleur match contre l’Ulster (53-14, en quart de finale de Challenge Cup) et derrière on en prend quarante à Bordeaux (41-7). Cette demi-finale n’effacera pas ce que j’ai vécu pendant dix mois, c’est-à-dire de la souffrance. Mais cela fait quand même du bien ! Et cela n’enlève rien à mon ambition et ce que j’ai envie de faire à Clermont.

Il essaye d’expliquer pourquoi son équipe manque de constance et de cohésion. Extrait:

L’année dernière, c’était pareil. Je suis arrivé en février, il restait cinq matchs à domicile et autant à l’extérieur. Nous avions été solides à domicile, mais incapables d’imposer quoi que ce soit à loin de chez nous. Il n’y a pas une assez grande cohésion, ou une envie de vaincre quoi qu’il se passe. Sur certains matchs on est là, d’autres pas. Et au sein même d’une rencontre, on peut avoir des absences. Il y a trop de matchs où nous avons pris quarante points dans les vingt dernières minutes, où l’on perd le fil, où l’on tombe dans un jeu individuel, où chacun veut sauver la patrie… Ce n’est pas possible.

Lorsque le journaliste lui demande si l’ASM n’est pas Moala – dépendante, il réagit. Extrait:

N’importe quelle équipe a besoin d’avoir ses meilleurs joueurs sur le terrain. Même s’ils ne sont pas à leur meilleur niveau, ils diffusent de la confiance autour d’eux. Contre Paris, George était en reprise après trois semaines d’absence. Il n’a pas fait le match de l’année, mais il amène tellement de confiance qu’il embarque l’équipe. Pareil pour Fritz (Lee, NDLR.), on a besoin d’eux. Le problème se pose en Top 14, car la quasi-totalité de nos meilleurs joueurs sont non-Jiff.

Le top, c’est d’avoir le contraire, mais on n’en est pas encore là. On est en train de construire dans ce sens-là. On peut dire qu’on a besoin de certains joueurs mais en même temps, on a produit notre meilleur match de rugby contre l’Ulster, sans George ni Fritz… Et je me défends de dire qu’on dépend d’untel ou d’untel parce que ce n’est pas l’idée que j’ai du rugby, où le collectif doit être sacré. C’est à travers ce collectif que les meilleurs vont émerger. Mais en même temps, quelle équipe peut se targuer d’être aussi performante sans ses meilleurs joueurs ? À part Toulouse, je n’en vois pas beaucoup…

Il a ensuite évoqué l’équipe des Sharks. Extrait:

Elle est fidèle à une équipe sud-africaine : solide devant, performante en conquête, rude en défense. Mais attention, elle ne fait pas que ça : derrière il y a des joueurs de qualité qui trouvent vite les couloirs, qui vont très vite et qui utilise beaucoup le jeu au pied d’attaque. Ils te mettent sous pression. À la différence d’autres équipes de leur championnat, leur profil ressemble à celui d’une équipe de Top 14.

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