Les mots forts de Baptiste Serin : « J’ai tout fait pour l’en empêcher… je perds un frère »
Les mots forts de Baptiste Serin : « J’ai tout fait pour l’en empêcher… je perds un frère »
Le vendredi 12 juin 2020 à 12:02 par David Demri
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Le demi-de-mêlée du Rugby Club Toulonnais, Baptiste Serin s’est longuement confié dans les colonnes du journal L’équipe pour évoquer la décision de son ami Jefferson Poirot de mettre un terme à sa carrière internationale.
Dans un premier temps,, le joueur Varois explique respecter la décision de son ami, même s’il avoue avoir du mal à le comprendre au début. Extrait:
« Il a dit qu’il mettait un frein à main. Jeff est comme un frère pour moi, je connaissais sa volonté depuis un bon moment, et je parlerai donc plus avec le cœur qu’avec des mots réfléchis à son sujet. Quand on jouait ensemble à Bordeaux, on rêvait de porter ce maillot ensemble et, à chaque fois qu’on l’a fait, ce fut une fierté. C’était le Graal : y être, s’y installer, s’imposer et gagner des titres. Jeff est aussi quelqu’un qui fonctionne à 1 000 % dans tous les aspects de sa vie. Et il est arrivé à un moment de son histoire où il était moins ancré là-dedans. Il a deux enfants, un club que je connais bien et pour lequel il donne tout. Or quand vous êtes international, vous donnez pour votre club, mais vous êtes en permanence sur deux tableaux, et si vous sentez que vous n’êtes pas à 100 %, c’est le moment de prendre du recul. Il l’a senti arriver. Jeff ne sera jamais quelqu’un qui sera là pour prendre les capes et les primes. De mon point de vue, cette décision est tout à son honneur, courageuse, et il a tout mon respect. »
Lorsque le journaliste lui demande s’il a tenté de l’en dissuader, Baptiste Serin répond par la positive. Extrait:
« Ah si ! Je ne serais pas un ami, sinon. On en a parlé de nombreuses fois, seuls ou avec sa famille. Beaucoup de gens vont dire : « Tellement de gens aimeraient être à sa place ! » C’est vrai. Tout le monde en rêve. Mais une fois qu’on y est, on voit les choses différemment, d’autres paramètres rentrent en compte. On a eu un coach qui nous parlait d’armée, de commando (Guy Novès), de se battre pour le maillot. On était un peu comme ça. Les militaires quittent souvent leurs proches de longs mois. Eh bien je peux comprendre que, pour un père de famille, après quatre saisons à ne pas être chez soi cinq mois par an, cela devienne différent. Alors tout le monde ne le ferait pas, mais Jeff, si. Et de son ami aux supporters, à la personne qui a un avis totalement différent et aurait fait autrement, chacun doit respecter sa décision. Personnellement, j’ai tout fait pour l’en empêcher. Je perds un frère, mon pote de chambre, et même si je suis malheureux au fond de moi, je respecte son choix. »
Si Baptiste Serin confirme qu’il ne se verrait vraiment pas quitter l’équipe de France, il précise également ne pas se trouver dans la même situation que Jefferson Poirot. Extrait:
« Mais moi je n’ai pas de femme, pas d’enfants, j’ai deux ans de moins que lui, donc je ne la prendrais pas. Au début je lui ai dit : « Mais qu’est-ce que tu me racontes ? Arrête un peu ! Laisse passer un peu de temps ! » Et puis on a beaucoup discuté et, aujourd’hui, je le comprends. »
Surpris du départ de son ami, Baptiste Serin précise également que d’autres joueurs poussent derrière dont notamment Jean-Baptiste Gros. Extrait:
« Ça surprend aussi parce que personne n’était habitué à le voir hors du groupe. Jeff a été un moteur de l’équipe de France. Et puis des ajustements ont été faits, le staff a souhaité faire confiance à Cyril (Baille), il y a aussi « JB » (Gros), que j’ai sous le nez tous les jours et qui est un super joueur. D’autres arrivent. Tout le monde a son importance. Maintenant il faut respecter sa décision au même titre que l’on a respecté celle de certains qui ont arrêté brutalement dernièrement. Et puis, si j’ai bien compris, la porte n’est pas fermée. Fabien (Galthié) a du recul et il a eu l’intelligence de lui dire de ne rien écarter. Et, moi, je serai toujours là pour le tanner. »
Pour conclure, Baptiste Serin répond à ceux qui ne veulent pas comprendre la décision de Jefferson Poirot. Extrait:
« J’ai envie de dire que c’est leur problème. Tous ceux qui ont joué avec lui se souviennent que, sur le terrain, il était rude, méchant, mais que c’est un capitaine dans l’âme, avec beaucoup d’intelligence, et qui réfléchit avant de passer à l’acte. Je suis très proche de sa famille. Je sais tout, je ne dirai rien, mais les gens doivent comprendre que s’il a fait ça, c’est qu’il a mûri son choix, et surtout qu’il a ses raisons. »
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2 Commentaires
L’actualité rugbystique étant pauvre en ce moment, on mange du Poirot tous les jours.
Mais depuis quand Jeff Poirot est devenue un personnage important et indispensable au XV de France.
Comprend pas !!!
Il avait même perdu sa place de titulaire.
Alors il est ou le problème. Qu’on lui fiche la paix et à nous aussi.
Un témoignage touchant. Merci Baptiste pour ces mots.