Cette semaine, le journal L’équipe a consacré un petit reportage aux manières des équipes de dévoiler les compositions d’équipes pour les matches.

L’ancien sélectionneur du XV de France, Philippe Saint-André se rappelle que dans les années 90, les compositions d’équipes étaient données le matin même du match. Extrait:

« On jouait souvent le dimanche après-midi et on avait parfois la compo en arrivant au stade en fin de matinée… »

Bien évidemment, c’est un temps dépassé.

Désormais, les clubs du Top 14 se doivent de donner la composition de leur équipe au plus tard à 18h00, la veille du match.

Concernant les matches internationaux, la composition doit être officialisée au plus tard 48 heures avant le coup d’envoi de la rencontre.

C’est pour cette raison que pour un match disputé le samedi soir, Fabien Galthié dévoile sa composition d’équipe le jeudi midi, en conférence de presse.

Bien évidemment, il s’agit-là des annonces publiques. Mais en réalité, la composition est tranchée en interne depuis plusieurs jours déjà.

Une première tendance est déjà donnée le lundi ou mardi. Elle est validée généralement le jeudi, lors de l’entraînement principal de la semaine.

De son côté, Fabien Galthié ne fait aucun secret concernant ses compositions d’équipes. En effet, dès le début de la semaine, tout est déjà décidé.

C’est notamment pour cette raison que les journalistes qui assistent aux entrainements du XV de France sont rapidement capables de dévoiler la composition d’équipe probable.

Car sauf blessure de dernière minute, Fabien Galthié connait sa composition d’équipe du week-end dès le lundi, voire le mardi au plus tard.

Philippe Saint-André se confie sur ces compositions d’équipes. Extrait:

« Sur la forme, chacun a son dada. À Montpellier, dès la clarté du lundi, à 80 % les mecs savaient s’ils avaient la bonne chasuble ou pas. L’entraînement du mardi peut faire changer certaines idées, mais c’est vraiment à la marge. Par contre, j’attendais le jeudi pour l’annonce officielle, dans une pièce, avec tout le groupe. C’était un moment solennel – avec un montage vidéo, de la musique, on marquait le coup pour un capitanat, une première, une 50e, une 100e – auquel je tenais car il faisait aussi monter la température.

Souvent, j’annonçais un quinze de départ mais un banc élargi à dix remplaçants (au lieu de huit). Ça titillait ceux qui pouvaient se croire hors groupe. Et je tranchais parfois au dernier moment selon la semaine, les conditions climatiques, etc. »

Philippe Saint-André a donc une méthode totalement différente de celle de Stuart Lancaster.

Le manager du Racing 92 a pour habitude de donner la composition d’équipe du week-end dès le lundi pour mettre ses joueurs en condition tout au long de la semaine.

De son côté, le manager Toulonnais Pierre Mignoni indique varier les annonces pour mobiliser tout son groupe. Extrait:

« Je varie les annonces selon les semaines, ça peut être le mardi ou le jeudi. J’aime bien changer… L’annoncer tôt, ça a l’avantage d’avoir des entraînements de qualité, avec des repères collectifs mis en place dès le début de la semaine, notamment sur la touche et les autres lancements de jeu. Mais donner la compo plus tard est tout aussi bien pour tenir tout le monde en éveil. »

Le manager de Montpellier, Joan Caudullo indique effectuer des blagues de temps en temps. Extrait:

« Parfois, je fais des blagues sur les chasubles en début de semaine. Parce que j’ai envie que les mecs s’entraînent bien et que ceux qui jouent moins bossent aussi avec les cadres pour mieux connaître nos systèmes, et être prêts le jour où on fait appel à eux. Mais le plus important pour moi, c’est de parler en individuel avant l’annonce formelle à ceux dont le statut change, positivement ou négativement. L’objectif, c’est que personne ne soit surpris au moment de l’annonce. »

L’entraineur adjoint du Stade-Toulousain, David Mélé révèle la méthode du club de la Ville Rose. Extrait:

« On donne en général la compo vers la fin de la semaine pour garder tout le monde sous tension. On a pu constater que l’annoncer trop tôt pouvait être contre-productif. Certains joueurs, déçus de ne pas faire partie des 23, pouvaient désarmer le toboggan. Dans le staff, il nous est parfois arrivé d’apporter un changement à l’équipe cinq minutes seulement avant de l’annoncer. Parce que les prestations à l’entraînement d’untel ou la méforme de tel autre nous ont incité à le faire. »

Christophe Urios, le manager de Clermont, donne sa méthode. Extrait:

« Je profite de l’entraînement à haute intensité du mardi pour peaufiner la composition d’équipe. J’ai besoin d’y voir des mecs engagés dans le projet de match. Et souvent ça me fait faire l’équipe : même si j’ai une idée précise avant, cet entraînement peut me faire changer d’avis. Mais pour le Leinster la semaine dernière, j’ai annoncé l’équipe dès le lundi, c’était la première fois que je faisais ça, pour pouvoir se concentrer le terrain. »

Le nouvel entraineur du LOU Rugby, Karim Ghezal enchaine. Extrait:

« Vu que je ne connaissais pas encore tous les joueurs, j’ai ressenti qu’il ne fallait pas le faire plus tôt dans la semaine (du match de Top 14 contre Toulouse dimanche soir). Je l’ai fait jeudi car j’avais besoin de voir les attitudes à quatre ou cinq postes où nous n’étions pas sûrs à 100 %. »

Pour conclure, c’est le manager de Pau, Sébastien Piqueronies qui se confie. Extrait:

« Après la défaite contre Montpellier, je voulais une semaine différente, que tout mon groupe soit concerné et en alerte jusqu’au plus proche du match. Le projet de jeu était simple, voire simpliste, pour retrouver la confiance sur des choses basiques, donc l’annonce de la compo a attendu le vendredi. Les joueurs ont vu cette semaine-là que j’étais particulièrement agacé donc ça n’a pas dû les surprendre. »