C’est par texto que Jean Monribot s’est fait le porte-parole de ses partenaires hier matin. Il était exactement 11 h 39 lorsque le troisième ligne aile, déchu de ses galons de capitaine en décembre, a prévenu la demi-douzaine de journalistes qui faisaient le pied de grue devant Armandie depuis 7 h 30 dans l’attente d’une décision des grévistes agenais. « Les joueurs du SUA ont décidé d’aller à Toulon pour jouer le match. Les négociations sont toujours en cours. Par respect pour le rugby, le public, les partenaires, les sponsors et l’adversaire, quelle que soit l’issue de ces négociations, le match aura lieu. » Trois minutes plus tard, le bus du SUA, avec les deux entraîneurs Mathieu Blin et David Darricarrère au premier rang, prenait enfin la route en direction du Var.

L’épilogue d’une longue matinée qui n’a finalement rien réglé du problème de base : le paiement d’une prime d’intéressement que la direction du club refuse de verser. En grève depuis la veille au matin, les joueurs agenais s’étaient retrouvés dès 7 h 30 dans la salle de réunion d’Armandie pour discuter avec Gaël Arandiga, le directeur général du syndicat des joueurs Provale. Ce dernier les a convaincus de monter dans le bus pour disputer leur dernier match de Top 14. Alors qu’ils devaient prendre la route à 8 heures et faire une halte à Nîmes pour l’entraînement du capitaine, les joueurs du SUA ont chaussé les crampons à 9 h 15 pour un « captain’s run » à huis clos de 45 minutes sur la pelouse d’Armandie. Le second huis clos dans l’histoire du SUA après celui décrété le 1er mai 2012, au lendemain de l’éviction du tandem Lanta-Deylaud. Le directeur rugby Philippe Sella en personne s’est chargé cette année de le faire respecter, sous l’oeil d’une patrouille de police.

Le risque du contrôle fiscal

Arrivé discrètement à 10 heures par l’arrière du stade Armandie où il a rejoint une partie de son conseil d’administration, le président Alain Tingaud est allé rencontrer une délégation de six représentants de joueurs à 11 h 15, accompagné par son secrétaire général Gilles Bertrandias. La discussion a duré moins d’un quart d’heure. Chaque partie est restée campée sur ses positions et le bus est parti sans Jean Monribot (blessé à une épaule) qui a prolongé les négociations l’après-midi avec le président.

Quel est l’enjeu ? Une enveloppe d’environ 400 000 euros que voudraient économiser les dirigeants agenais qui peinent déjà à boucler le budget du club. Un manque à gagner pour les joueurs qui correspond à 20 % environ de leur salaire négociés à la signature et « déguisés » en prime d’intéressement versée en trois fois. Les joueurs ont perçu le premier trimestre et ne sont pas décidés à lâcher l’affaire qui pourrait valoir au club agenais un contrôle fiscal douloureux. « Tout va très bien au sein de mon club, vous perdez votre temps », assure de son côté le président Alain Tingaud qui entend rester ferme malgré les conséquences de toute cette affaire. Et l’homme fort du SU Agen a même mis sa démission dans la balance hier soir lors d’une réunion du comité directeur.

En attendant, le SUA a un dernier match de Top 14 à disputer tout à l’heure à Mayol. Lozada et Giraud ont été hier les premiers à monter dans le bus. Le président Tingaud effectuera lui le voyage en avion.

Sud Ouest