Christophe Dominici est décédé depuis deux ans.

Ce samedi soir, un hommage lui sera rendu au Stade Jean-Bouin à l’occasion du match de la 11ème journée du Top 14 entre le Stade-Français et le Rugby Club Toulonnais, ses deux anciens clubs.

Lors d’un entretien accordé au journal Le Parisien, la veuve de Christophe Dominici, Loretta s’est confiée.

Celle-ci évoque le grand vide qu’a laissé Christophe Dominici dans sa vie et dans celle de ses filles. Extrait:

« Ça nous fait du bien de savoir qu’il n’est pas oublié. Depuis une semaine, sur les réseaux sociaux, mes filles et moi on regarde beaucoup de messages qui nous font du bien, nous font sourire et nous font pleurer. Toutes les photos qu’on voit nous font chaud au cœur. Les petites sont fières de leur papa.

Son rire qui était très particulier ne résonne plus à la maison… C’est compliqué de parler de Christophe au passé. On est trois femmes seules à la maison sans leur roi… Il nous manque terriblement. Ce fut deux ans difficiles. Il y a une vie avant et une vie après ce choc. C’est un choc qui nous a tous fait grandir trop vite. Chacun de nous a sa façon de gérer la peine. On fait comme on peut, de notre mieux pour la famille, les amis et pour ceux qui nous entourent. On a découvert beaucoup d’amour autour de nous, on a redécouvert des amis magnifiques. »

Elle regrette que certains aient profité de son mari. Extrait:

« On a fait aussi du tri, on a été déçues par des connaissances et par des associés. Et on a découvert des personnes qui ont profité de Christophe de son vivant et aussi après sa mort, et ça, je ne l’accepte pas. Heureusement qu’il y a les supporters, les amis, les employés de la maison Dominici (la marque du joueur qui fait notamment du vin) que je remercie pour leur confiance, et le Stade Français qui aide à faire vivre sa mémoire. C’était impossible de ne pas l’aimer. »

Lorsque le journaliste lui demande ce qu’il s’est réellement passé le jour du drame, Loretta reste vague. Extrait:

« Dans les messages sur les réseaux sociaux, j’ai lu que beaucoup de personnes se demandent encore pourquoi, ce qu’il s’est passé dans sa tête. Moi je peux vous dire ce qu’il s’est passé dans son cœur. Mais pas là. Il faut laisser passer cette journée de fête. Et tout le monde sait que c’était le plus fort pour animer les soirées et les 3e mi-temps. »

Elle ne cache pas que le dossier raté du rachat du club de Béziers l’avait énormément affecté. Extrait:

« Vous connaissez l’histoire du rachat de ce club, Béziers… C’était son bébé, il y tenait. Le rugby c’est sa passion, une passion aveugle. Il voulait s’épanouir dans le rugby, en faire sa vie. De janvier à juillet 2020, il a travaillé comme un fou. Il a laissé toutes ses autres activités pour ne s’occuper que de ça. Il s’est exposé beaucoup dans les médias, il a pris la parole avec cette ferveur qui l’animait, qu’il avait dans le ventre. C’était devenu le projet Dominici, alors qu’il ne devait être que le directeur sportif. Il appelait directement des joueurs en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Argentine… Il ne dormait plus. Et quand il a découvert que tout était faux… Il s’est senti mal, trahi, il ne parlait plus. Il était sous le choc, il avait fait tout ça pour rien. Il regardait dans le vide, lui qui est tellement rempli de vie… Il avait tellement travaillé… Il a fait tout son possible, il est allé jusqu’à imaginer le premier maillot. Il s’occupait de tout mais pas de l’administratif, de la paperasse. Des gens ont profité de lui dans un moment de faiblesse.

Je ne comprends pas comment ils ont pu présenter un dossier aussi misérable à la DNACG (la direction qui étudie les finances des clubs). Ça l’a mis dans un état que seule moi j’ai pu voir. Il était bouleversé, abandonné, seul. Christophe avait beaucoup de valeurs mais une partie de son entourage a été malveillant. »

Elle veut savoir toute la vérité sur ce dossier et elle ne lâchera jamais. Extrait:

« Mes filles et moi, on ne pourra jamais passer à autre chose tant que la lumière ne sera pas faite sur ce dossier. Pour mes filles, je veux pouvoir leur dire que je ne suis pas restée sans rien faire. On ne peut pas oublier cette arnaque si facilement. Par moments j’ai de la colère due à l’injustice. Et je veux croire que peut-être, un jour, la justice fera ce qu’il faut pour ramener la paix dans mon cœur, celui des filles et de Nicole et Jeannot (les parents de Christophe). La peine, personne ne nous l’enlèvera. À un moment, il faut transformer la peine en force pour mes filles, pour ma famille, pour leur laisser un espoir dans le futur. »