Les confidences de Bernard Laporte, le nouveau présidents de la FFR

Les confidences de Bernard Laporte, le nouveau présidents de la FFR

Le mardi 27 décembre 2016 à 15:32 par David Demri

19 Commentaires

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toulon-laporte_178585_TOULON_LAPORTE_221012Le nouveau président de la Fédération Française de Rugby, Bernard Laporte s’est confié via les colonnes de La Dépêche concernant sa prise de fonction au sein de la FFR et ses idées pour le rugby français.

L’entretient est à lire ci-dessous:

À quoi attribuez-vous votre victoire ?

«On a occupé l’espace. Je crois que c’est aussi simple que ça. Nous nous sommes déplacés, nous sommes allés à la rencontre des clubs et nous avons expliqué à leurs présidents le rôle qu’ils avaient. C’est dingue, un sur deux ne savait même pas qu’il votait ! Combien de fois, nous avons entendu : mais je ne vote pas moi, c’est le Comité qui vote ! Et on se dit en démocratie !»

Le poids virtuel du Grand Stade a également pesé, non ?

«Il y a eu beaucoup de légèreté dans cette opération. Notamment le fait que l’équipe précédente n’ait pas fait valider le projet par l’Assemblée Générale de la FFR, c’est-à-dire par les clubs ! Et j’ai également trouvé ahurissant que des institutions, des collectivités territoriales s’engagent sans, précisément, que le projet soit réellement validé. Ça m’a choqué. Et puis le coût. Exorbitant. 600 millions ! J’entends certains dire : ce n’est pas normal que l’on annule le projet aussi rapidement. Ce qui n’est pas normal surtout c’est de ne pas s’être bordé avant de dépenser un centime !»

Il a probablement aussi coûté cher politiquement à l’ancienne équipe dirigeante lors de ces élections…

«Bien sûr. Quand des clubs ont du mal à boucler leur budget pour 50 000 euros, qui sont à 100 euros près, et qu’on annonce un Stade à 600 millions, ça peut paraître déplacé. Ça manquait en tout cas d’explications… Le Grand Stade, je suis convaincu que c’est une bonne chose mais il faut l’expliquer et puis surtout maîtriser le prix. 600 millions, il aurait été le plus cher de l’histoire !»

Plus de Grand Stade donc mais il va falloir maintenant discuter avec le consortium du Stade de France… Pas une mince affaire…

«Il y a des discussions en effet. Il y en a déjà eu deux.»

Plutôt positives ?

«Oui, bien sûr. Je ne dirais pas que nous sommes en position de force, mais le contrat s’arrête en juin 2017 donc c’est le moment de négocier… Alors on négocie… Et ça se passera bien.»

Globalement, qu’est-ce qu’il faut changer dans le rugby français ? Et est-ce que le rugby français peut changer ?

«Oui, bien sûr. La preuve : combien de fois, lorsque je suis parti en campagne, on m’a dit, c’est ingagnable. Et voilà… Il n’y a rien d’ingagnable. Et puis être élu grâce à la majorité avec laquelle nous l’avons été, ça donne aussi une certaine force. Donc on va remettre les choses à l’endroit. Et d’abord réaffirmer une évidence : C’est la FFR qui gère le rugby français dans sa globalité et elle délègue… Par exemple à La Ligue qui est gestionnaire du rugby professionnel. Et je veux surtout redynamiser, donner un nouvel élan, au monde amateur qui est en train de mourir, accompagner ces clubs. Ils ont été laissés à l’abandon. C’est ce que j’ai vu et entendu tout au long de ma campagne. Certains m’ont dit : on écrit à la fédé et personne ne nous répond. Ça, ce n’est pas possible !»

Les rapports avec la Ligue, précisément, risquent d’être problématiques, non ?

«Il n’y a pas de problème. Il ne peut pas y avoir de problème. Les présidents mettent de l’argent (en fait ils ne sont pas plus de six à injecter leurs deniers) ? OK mais s’ils ne se rendent pas à certaines évidences je peux aussi leur dire : ne payez plus, je vais payer ! On arrête les clubs, on fait six Provinces, on récupère des droits télé, on s’engage dans un championnat d’Europe et on ne prend que des joueurs français ! Avec 90 millions de droits télé pour six équipes je vais m’en sortir ! Faut pas inverser les choses. Il ne peut pas y avoir de rapport de forces. Le patron c’est moi ! J’ai du respect pour ceux qui investissent mais investir, ce n’est pas un critère. Attention l’objectif n’est pas de créer de tensions ; les clubs pros travaillent bien, je le leur ai dit un mois avant mon élection, je veux bosser avec eux et je n’irai pas faire de l’ingérence, mais c’est la règle, c’est la loi. Je suis optimiste… à partir du moment où on va remettre les choses à l’endroit.»

Comment apaiser la querelle rugby des champs-rugby amateur/rugby des grandes villes-rugby professionnel ?

«La Ligue doit montrer qu’elle œuvre aussi pour le monde amateur. Il faut retravailler ensemble. Quel est l’intérêt général du rugby ? Que l’équipe de France gagne et qu’il y ait la place pour nos joueurs français».

… et qu’il y ait une économie viable au niveau professionnel…

«Oui, bien sûr, il ne faut pas empêcher les Wilkinson, les Carter, tous ces grands de venir jouer chez nous car ils font progresser les droits télé donc l’économie. Mais là il y en a trop. Ils sont dix maxi à participer à cette valorisation du produit. Voilà pourquoi le monde professionnel doit montrer au monde amateur qu’il lui laisse aussi la place, qu’on est ensemble dans une même stratégie et j’espère qu’à ce prix, il y aura, à nouveau, un esprit de famille dans notre rugby.»

Comment aider concrètement les clubs amateurs ?

«À travers tous les engagements qu’on a pris. Ça part de la formation et ça va jusqu’aux amendes. Les Comités se sont gavés avec ça. Un président m’a dit un jour: 40% du budget part au Comité. C’est fini! Je ne veux plus qu’on mette des amendes aux clubs. On est là pour les accompagner. S’ils ont des amendes, ça veut dire qu’on les accompagne mal. J’ai été ministre des Sports pendant deux ans et j’ai vu que les Fédérations sont en accompagnement de leurs clubs via aujourd’hui les Comités, demain les Ligues… Elles ne sont surtout pas là pour les ponctionner, les racketter! Mais tout est lié. Il y avait ce projet de Grand Stade et on donnait moins d’argent aux Comités. Donc, comme ça ne coulait plus d’en haut, ceux-ci allaient le chercher en bas.»

Aide aux clubs amateurs, contrat FFR pour les internationaux, professionnalisation accrue des arbitres, notamment… Pour mettre en place votre projet il va falloir de l’argent. Où allez-vous le trouver ?

«D’abord il y est, cet argent, à la Fédération. Pratiquement sur ces cinq dernières années, ce sont 5 millions d’Euros de bénéfices, donc disponibles pour le rugby amateur, et il y a 2 millions de Grand Stade (puisqu’il était prévu 14 millions en sept ans)… que l’on ne dépensera pas. Ensuite il y a les économies qu’on va faire. On espère 3 millions sur le budget de fonctionnement qui est de 30 millions. Voila, on est déjà à 10 millions sans avoir parlé de la «vente» du maillot du XV de France.»

Précisément, ça peut rapporter combien la pub sur le maillot bleu ?

«En fonction des résultats, entre 5 et 10 millions d’Euros.»

Avez-vous des pistes ?

«Officielles, non ; officieuses, oui. Certains se sont déjà montrés intéressés, mais d’abord on va en parler à nos partenaires. C’est la moindre des choses.»

Il y aura certainement de la pédagogie à faire car certains pourront être choqués de voir de la pub apparaître sur le maillot de l’équipe nationale…

«Si on se lève le matin en se disant, untel va dire ça, un autre va dire ci, on ne fait rien. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent. Ils n’avaient qu’à gagner à ma place !»

Vous disiez à l’instant que le prix du maillot national était, en quelque sorte, indexé sur les résultats ; allez-vous intensifier la pression sur le staff du XV de France ?

«Il n’est pas question de mettre un ultimatum, de dire : il faut gagner tant de matches, etc. Je n’aimerais pas qu’on me le fasse, je ne veux pas le faire aux autres».

… même si le prochain Tournoi ne se passe pas très bien ?

«Non, sincèrement non. On ira au bout de l’aventure. D’abord parce que j’ai confiance en ce staff, en cette équipe de France. Et quand j’ai confiance, je vais au bout des choses. Si ce n’était pas le cas, je n’aurais pas gardé le staff, je n’aurais pas démarré avec lui. Simplement je veux qu’on soit ambitieux… Je ne veux plus qu’on fasse de la communication. Je veux qu’on gagne et qu’on gagne ensemble»

D’autant que vous voilà désormais «ami» avec Guy Novès… Même si vous n’avez jamais été ennemi…

«Jamais. Nous avons été adversaire oui… Et on se nourrit de ce genre de rivalités. Ça permet d’avancer. Quand on a quelqu’un en face, on veut être plus fort que lui, ça stimule et il y a une forme de respect.»

Allez-vous pouvoir résister à votre passion d’homme de terrain et rester hors de la sphère XV de France ?

«Oui, sincèrement. Quand je serai à Marcoussis, j’assisterai aux entraînements parce que c’est ma passion mais j’aurais d’autres tâches et mon rôle sera un rôle de protecteur envers cette équipe. Je sais ce que c’est quand on entraîne. Il y a de bons passages mais parfois c’est difficile et quand c’est difficile, on a plutôt envie d’avoir le Président avec soi… Je me souviens d’André Moga, à Bègles, il me disait : un entraîneur entraîne, un Président préside, en aucun cas le Président entraîne. De même, en aucun cas après un match je n’irai faire une conférence de presse au cours de laquelle j’analyserai la performance du XV de France.»

Même si on vous pose la question ?

«Si c’est le cas, je ne répondrai pas ! Je dirai peut-être ça m’a plu, ça ne m’a pas plus, mais je n’ai pas à dire on n’a pas été bon au sol ou dans les lancers en touche… Il faut savoir rester à sa place».

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19 Commentaires

  1. Ridand 27 décembre 2016 at 16h- Répondre

    Je comprends mieux encore aujourd’hui la chançe et le bonheur d’avoir eu Bernard et Mourad au rct!
    Duo magique,le génie de Mourad et la science du rugby de Bernard!
    Les résultats parlent pour eux.
    J’imagine Mourad président de la FFR et Bernard entraîneur,on pourrait être champion du monde.

  2. ALBERT83 27 décembre 2016 at 16h- Répondre

    Suppression des clubs? C’est ça que veut Bernie?

    Jamais de la vie. Je suis supporter du RC Toulon pas du Rugby Club PACA!!

    • Passionercete 30 décembre 2016 at 19h- Répondre

      Tu lis trop vite …

  3. karl 27 décembre 2016 at 16h- Répondre

    Moi vraiment pas fanas. Il dit l’inverse de ce qu’il a souvent défendu, sauf qu’aujourd’hui ses intérêts divergent. Plus de phases finales, un stade de France sans âme, moins d’étranger pour les clubs, et il se met à aimer le rugby amateurs. .. bref il ne m’a jamais inspiré la sincérité, mais ce fut un excellent coach. Toute ses autres affaires ont été moisies

    • Blindness 27 décembre 2016 at 17h- Répondre

      Il ne peut pas supprimer la ligue, il le sait très bien. Les ligues professionnel sont créées à partir d’un décret, qui encadre les relations Fédération/Ligue, validé par le conseil d’état et par le comité olympique. Je passe sur l’article 132-2 qui parle d’organisme indépendant etc.

      Alors oui il peut créer des provinces qu’avec des joueurs Français mais sans les droit TV qui sont signé avec la ligue.

      • Didier de Sète 27 décembre 2016 at 18h- Répondre

        La FFR délègue me semble t il, elle peut légalement retirer cette délégation. A t elle interet financièrement à le faire et aura t elle les même droits tv avec 6 provinces qu’avec 14 clubs, là j’en doute. Par contre Laporte va réclamer plus d’argent au rugby pro pour alimenter la formation dans les clubs amateurs et en parallèles les clubs pros devront mettre plus d’argent dans leur centre de formation. A la FFR de créer un vrai championnat espoir avec interessement à la clé .

        • Blindness 27 décembre 2016 at 18h- Répondre

          Elle délègue par obligation à partir d’un certains montant perçus en terme de recette les clubs deviennent des structures pro, SASP et autre. A partir du moment ou ils sont pro les fédérations doivent créer une ligue. Les Fédérations ne s’occupent que de structure amateur. C’est la loi.

  4. jj83 27 décembre 2016 at 17h- Répondre

    Lisez bien ce qu’il est écrit .

    • Blindness 27 décembre 2016 at 18h- Répondre

      J’ai très bien lu. C’est des menaces intenable. Il est le patron de canal ? Il va payer 90 millions pour six pauvres provinces sans joueur stars ? Quel championnat européen va accueillir ces provinces ?

      C’est complètement démago, tout ça pour sous-tirer des sous à la ligue

      • Fi13 28 décembre 2016 at 11h- Répondre

        Canal,oui pour le top 14(contrat).Mais pour les provinces (autre structure), il peut aller nėgocier ailleurs!

  5. Valmax 27 décembre 2016 at 18h- Répondre

    N oubliez pas d’aller voter, Carter est dans les choux !!! n’est pas wilko qui veut
    http://www.lequipe.fr/Rugby/Actualites/Les-dix-personnalites-qui-ont-fait-l-annee-2016/760955

  6. La Mecque 1959 27 décembre 2016 at 18h- Répondre

    Deux mandats ne seront pas de trop pour appliquer sa politique sportive…B.Laporte n a peur de rien…il y va au culot…il sonde le microcosme Rugby …Quand a la ligue…elle dépend de la Ffr alors elle se mettra en conformité ou disparaîtra sous sa forme actuelle pour renaitre différemment sans le GolGoze.

    • alainc 27 décembre 2016 at 19h- Répondre

      Je suis personnellement très favorable à l’absence de TOP 14 le dimanche, les clubs amateurs qui sont le vivier du Rugby français ont le droit et le devoir d’exister.
      Ne pas oublier que la Ligue est une assos « loi 1901 » qui a la délégation de la FFR mais AUSSI du Ministère des sports. Une assos « loi 1901 » est difficile a faire disparaître contre son gré.

      • Fi13 28 décembre 2016 at 11h- Répondre

        Une assos « loi 1901 » à un président ELU au cours d’une assemblée générale. Voyez ce que je veux dire !!

  7. Didier de Sète 27 décembre 2016 at 19h- Répondre

    C’est un epu le même problème que le proces qu’intente MB à World Rugby pour l’indemnisation des internationaux des fédérations étrangères. Je pense que les fédé ont « l’arme atomique » entre leurs mains puisque pour pratiquer même un sport il faut une licence délivrer par la fédération. Quand MB voulait « jouer » dans le premier ship il lui fallait l’autorisation des 2 fédérations anglaise et française. Idem pour participer à la coupe d’europe . Il me semble aussi que sans une sorte de licence détenue par la partie « amateur » lié au club pro, le club proi ne peut pas participer au championnat national.
    Le problème des armes atomiques étant que les retombées n’épargnent pas celui qui l’utilise seule la négociation est envisageable.
    Il reste à savoir si les clubs pros peuvent faire un « bras d’honneur » au monde amateur sans à leur tour en subir les « retombées » par des stades vides.

  8. Michel Fery 28 décembre 2016 at 04h- Répondre

    Pas du tout contre ce qu’il propose .. Du renouvellement *coquin de sort* .. *Je suis BERNARD LAPORTE* !.. Assez de toute cette *Cacaphonie* arriérée , depuis des décennies maintenant !.. *RUGBY de nos terres* , puis c’est tout !.. Au moins déjà une très belle E.D.France , sur le podium du Monde , à moyen terme !.. Vivement , depuis tout ce temps !..

  9. Holly 28 décembre 2016 at 09h- Répondre

    Ce discours ressemble étrangement à celui de la fédé néo-Z… Championnats internationaux, tournées de prestige, une équipe nationale alimentée par des franchises jouant un championnat continental, publicité sur les maillots, spectacles télévisuels avec retombées financières…
    Pour plagier M. Boudjellal : le système de club français est un spoutnik.

  10. karl 28 décembre 2016 at 10h- Répondre

    C’est effectivement le modèle du sud qu’il veut copier. Le problème pour moi est avant tout culturel. Chez nous les clubs ont une grosse identité ou avaient pour certains. Pas grand monde ne s’identifiera aux provinces. Pour ma part c’est peut être mon dernier espoir de revoir mon RCT et sa ferveur, car MB prendrait les rênes de la province Paca et renaîtrai un RCT à Toulon car ça finirait par se jouer à Marseille.

    Et puis que ça manque de ferveur les matchs du super XV.

    Le projet LAPORTE ne marchera qu’un temps car il oublie le culturel pour ses intérêts.

    Le rugby va devenir un sport US, vive les PACA Star Wars sponsorisés par Réd Bull.

    Mayol revivra avec le championnat national qui espérons le n’aura pas de lien avec les provinces.

    • Holly 28 décembre 2016 at 11h- Répondre

      Vraiment totalement d’accord avec toi. Par contre, un peu moins pessimiste sur le côté amateur. Peut-être qu’un véritable championnat de France pourrait se créer avec un RCT composé de jeunes joueurs de la région ?