Les belles anecdotes d’Eric Bayle sur son métier !

Les belles anecdotes d’Eric Bayle sur son métier !

Le mardi 30 juillet 2024 à 14:58 par David Demri

7 Commentaires

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Lors d’un long entretien accordé à Midi Olympique, Eric Bayle, le directeur du rugby sur Canal + a raconté certaines anecdotes sur son métier.

Ce-dernier se rappelle que le premier consultant qu’il a recruté en 1995 était un certain Serge Blanco.

Il raconte. Extrait:

C’est en 1995 que Serge nous rejoint. Avec lui, les téléspectateurs découvrent le regard d’un grand champion qui voit tout avant tout le monde. A l’époque, Charles Biétry, le patron du service des sports de Canal +, m’avait dit : « Quand tu commentes avec Platini et qu’il y a un coup franc à vingt mètres des buts, laisse le parler. » J’ai appliqué ce conseil avec Serge également. Le coup gagnant, il le sentait, il le voyait avant moi, avant le téléspectateur et il le partageait.

Mais avant Serge Blanco, notre consultant était Francis Deltéral, journaliste de presse écrite, avec une immense culture de ce jeu. Nous commentions seulement un quart de finale, une demie et la petite finale, jusqu’à ce que Charles Biétry (ancien Directeur des sports de Canal+) décide d’acheter le rugby professionnel de l’hémisphère Sud, avec notamment le Super 12 et les tournées. C’est vraiment à ce moment-là que nous avons développé le rugby sur la chaîne. Les droits de diffusion du championnat de France, nous les avons achetés en 1995 à la FFR pour retransmettre une journée de championnat sur deux en alternance avec le basket. Serge Blanco prend alors sa retraite et ce fut une évidence pour nous de l’avoir à nos côtés. C’était l’icône du rugby français.

Selon lui, le consultant le plus pointu que Canal + a pu avoir était Thomas Lombard. Extrait:

Serge était en même temps dirigeant de club, entrepreneur, il n’était pas un consultant professionnel. Petit à petit, les consultants se sont professionnalisés. Le plus pointu d’entre eux a été Thomas Lombard pour qui consultant était devenu un vrai métier. Marie-Alice Yahé est aussi devenue une grande professionnelle.

Il ne manque pas de parler d’un certain Marc Lièvremont. Extrait:

Le consultant, au-delà, d’être un nom, doit s’intégrer dans une équipe. C’est pourquoi nous avons des profils différents. Aujourd’hui, nous avons une grosse dizaine de consultants qui sont tous différents des uns et des autres. Nous avons par exemple un ancien sélectionneur Marc Lièvremont qui vit le rugby avec ses tripes, qui parle toujours avec une franchise exceptionnelle, qui connaît bien le jeu. C’est un profil atypique car il a aussi profondément ancré en lui les valeurs du rugby amateur.

Il explique d’ailleurs comment il a convaincu Marc Lièvremont de rejoindre l’équipe Canal +. Extrait:

J’ai utilisé le poids d’un ami que nous avons en commun. Et puis, entre la déclaration à chaud et la réflexion à froid, il a évolué. C’est une personnalité à fleur de peau qui a une profondeur d’analyse humaine.

Il précise aussi pourquoi Marc Lièvremont fait un excellent consultant. Extrait:

C’est vrai. Il ne recherche aucune autre activité dans le rugby, ce qui peut parfois couper la spontanéité de l’analyse. Mais notre équipe de consultants, ce sont des avants, des trois-quarts, des femmes et des hommes. Certains ne s’intéressent qu’au jeu, d’autres comme Richard Dourthe sont plus dans la critique. Nous avons besoin de caractères forts, parfois antinomiques. Comme lorsqu’il était joueur. Il nous faut aussi des stars, voilà pourquoi Sébastien Chabal est avec nous. Tout comme Thomas Castaignède l’était en son temps. Et puis, comment se passer de l’analyse de Thierry Dusautoir avec tout ce qu’il a apporté à l’équipe de France ?

Il explique ensuite pourquoi les consultants doivent s’apprécier pour être bons à l’antenne. Extrait:

Oui, il faut s’apprécier. Mais on a une différence de génération. Thomas Lombard était plus jeune que moi, Marc a dix ans de moins. Mais nous essayons d’avoir une homogénéité dans nos duos. Il faut être capable de partir en tournée pendant quinze jours ou trois semaines ensemble par exemple. Surtout, la compétence est un facteur déterminant. J’ai d’ailleurs été agréablement surpris de l’accueil réservé à Marjorie Mayans. Certains spectateurs ne savent peut-être pas qui elle est, mais les managers et entraîneurs savent ce qu’elle a donné sur le terrain. Thomas Castaignède était très frais, très souriant, mais il a, à son époque, apporté une touche encore plus technique, plus pointue.

Il indique avoir recadré un seul consultant : c’était Serge Blanco. Extrait:

Le seul que j’ai eu à recadrer, c’est Serge Blanco (il se marre). C’est arrivé lors d’un match en Argentine du XV de France. Un jeune demi de mêlée argentin débutait sa carrière, il s’appelait Agustin Pichot. Et Serge dit en direct : « Il est pas mal ce petit numéro 9, je le prendrais bien au Biarritz Olympique. » Et là, j’ai répondu à Serge : « ça ne va pas être possible, il ne veut jouer que dans des grands clubs ». Aujourd’hui encore, on en rigole.

Il indique que le métier de consultant a beaucoup évolué. Extrait:

Depuis 30 ans, la fonction a évolué. Serge (Blanco) ou Philippe (Sella) ont commenté des joueurs contre lesquels ils avaient joué. Mais on n’attendait pas qu’ils parlent des CV des joueurs, on attendait qu’ils partagent leur analyse du jeu. Surtout à l’époque, on ne commentait qu’un match tous les jours. Aujourd’hui, ce sont sept matchs tous les week-ends, plus la Pro D2 et les émissions. L’abonné de Canal est un connaisseur, lui aussi s’est professionnalisé. Nous avons donc besoin de gens très spécialisés, des gens qui travaillent leurs sujets. On ne peut pas venir au Canal Rugby club sans avoir vu les matchs et travailler les sujets en amont. Pour la Pro D2, nous avons une équipe dédiée car ils travaillent spécifiquement sur leur sujet.

Il dévoile ensuite le match qu’il a pris le plus de plaisir à commenter. Extrait:

Le paradoxe, c’est que le match le plus fou que j’ai commenté est celui qui a fait le moins d’audience pour le groupe Canal +. C’est la demi-finale de Coupe du monde 1999 entre la France et la Nouvelle-Zélande que je commente avec Philippe Sella pour Canal + Afrique. Je ne sais pas qui a regardé ce match sur notre antenne, mais à commenter, c’était un délire absolu. Avec Philippe Sella, qui a débuté en 1998, nous avons commenté ensemble durant dix ans. C’est la bonne durée pour un consultant. Un consultant qui aurait joué il y a quarante ans serait moins pertinent sur le rugby d’aujourd’hui. Philippe avait un profil à la « Marc Lièvremont ». Il parlait avec les tripes et ses connaissances du jeu.

Il conclut. Extrait:

Malgré mon âge, j’ai la chance d’avoir encore la passion en moi. Et je m’éclate quasiment tous les week-ends. J’ai la chance de commenter chaque week-end le foie gras ou le caviar. Je n’ai jamais l’impression d’aller au travail. J’ai conscience de la chance que j’ai. Je n’ai pas le droit d’être blasé. Le jour où ça me fera suer de préparer mes fiches, il sera temps d’arrêter.

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7 Commentaires

  1. Larrade 30 juillet 2024 at 15h- Répondre

    Des joueurs qui ont joué il y a trente ou 40 ans seraient moins légitimes. L’argument de l’évolution des règles et du jeu s’entend ok, en revanche le téléspectateur est sensible aussi aux joueurs stars qu’il a suivis dans ces années là, et tous les abonnés n’ont pas 25 ou 40 ans, certains ont 60 et plus. L’œil de l’ancien joueur amateur sur le jeu actuel peut être sympa aussi, et lorsqu’on entend certains c.o.nsultants  »new wave » franchement. Mais il faut du jeune, de la parité, de la mixité, du BG….Donc

    • Ernest Wallon 30 juillet 2024 at 17h- Répondre

      L’avantage des nouveaux c-onsultants, c’est aussi qu’ils c-onnus des jeunes et des anciens, alors que l’ancien n’est c-onnu que des anciens et de quelques jeunes qui s’intéressent à l’histoire du rugby. Pour moi que le c-onsultant soit une ancienne star ne me fait pas l’apprécier. C’est la qualité de ses analyses qui m’intéresse. Je n’ai pas joué en haut niveau, comme beaucoup ici, donc j’ai besoin de leur analyse. J’ai aimé Chabal le joueur, le c-onsultant je le trouve nul.

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      • Larrade 30 juillet 2024 at 17h- Répondre

        Le niveau auquel on a joué ne fait pas la finesse de l’analyse. Ne fait pas non plus la finesse du jeu et la technique je te rassure. Lorsque je jouais on me demandait pas de réfléchir ni d’analyser la perf, juste peut-être d’analyser à quel point j’avais abîmé les vis à vis. Une autre époque, bref. Un gars qui n’a jamais joué peut avoir une analyse très fine s’il s’intéresse de près au jeu.

  2. RNFOREVER 30 juillet 2024 at 15h- Répondre

    Par c.ontre nous il y longtemps qu’on est blasés de votre manque d’objectivité en tant que journaliste commentateur et de la faiblesse de vos interventions.

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    • Ernest Wallon 30 juillet 2024 at 17h- Répondre

      Nous? C’est qui nous? les éternels persécutés? En fait pour certains on a l’impression que ça vous arrange, ça vous permet de vous trouver des excuses. Tout est de la faute des autres, jamais la votre. Je ne vois aucun intérêt pour Bayle de ne pas être objectif avec Toulon, bien au c-ontraire, Toulon est un « bon client » pour les médias, Toulon fait vendre, et lui c’est l’audience qui l’intéresse, c’est pour ça que le RCT est souvent diffusé en prime.

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    • Larrade 30 juillet 2024 at 17h- Répondre

      Ils sont dithyrambiques avec Toulouse car Toulouse gagne, si demain on gagne et qu’on se met à tout broyer sur notre passage tout le monde aura les yeux tournés vers nous. Faut pas qu’on se cherche d’excuses faut renouer avec la victoire avec la manière, ce qui a fait notre histoire. Du jeu d’avants c.onquérant, du rouleau compresseur, à nous de monter le curseur. Pas chouiner et nous plaindre.

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      • Ernest Wallon 30 juillet 2024 at 19h- Répondre

        Bravo c’est tout à fait ça et ça fait du bien de le lire sur ce blog. Il est temps que certains toulonnais changent de discours et se montrent à la hauteur de leur club.