L’affaire était entendue avant le départ pour Toulon. Privé de quinze joueurs, dont les cadres Traille, Yachvili et Harinordoquy, le BO, parti avec seulement 22 joueurs dont quatre espoirs, s’était fait à l’idée qu’il ne gagnerait pas dans la Rade varoise. Mais l’ambition des coaches était « comportementale ». Ils n’ont pas été déçus, à l’image des jeunes titularisés comme Lesgourgues, Marie, et Barraque, qui se sont montrés plein d’enthousiasme et de culot.

Et pour entourer cette jeunesse, il y avait Benoît August, capitaine du jour, qui résume sagement la partie : « On a tenu la dragée haute aux Toulonnais pendant 55 minutes mais leur banc a fait la différence. Tenir davantage aurait été un exploit ».

Dans l’antre de Toulon, une nouvelle fois bondée et chauffée à blanc, le départ canon des Varois a fait craindre a encore pire que 50 points. Une première pénalité de Wilkinson (4e), un premier essai de Botha (7e) et une ambulance qui passe au loin. Un dirigeant varois lance d’ailleurs taquin en tribune de presse: « Elle vient chercher le BO ». Mais le BO n’est pas effrayé. Lesgourgues joue une pénalité à la main, fait avancer sa troupe et sert Baby pour le premier essai biarrot. Si Palisson et Giteau vont de nouveau trouver la faille, pour un lourd 25-5 à la demi-heure, pendant 20 minutes, entre la 30e et la 50e minute, le BO fait mieux que résister. Il n’encaisse plus de points et marque un second essai après une belle contre-attaque initiée par Lesgourgues et Bersquist.

« C’est lourd »

« On connaît la machine Toulon, mais on n’a pas démérité souligne Lesgourgues, héros biarrot du jour. il y a avait de l’enthousiasme, on a pris du plaisir sur le terrain. Il y avait beaucoup de jeunes qui se sont bien battus, sans comlexe. On y croyait même à l’heure de jeu ».

Les Biarrots ont tellement tenu bon, que Bernard Laporte n’a pu s’empêcher une gueulante : « On a alterné le bon et le moins bon, ce qui nous a coûté des points en première période. À la mi-temps, je n’étais pas très content mais en deuxième période, les remplaçants ont apporté une plus-value ».

La puissance et la profondeur de banc de l’équipe toulonnaise ont eu raison de l’envie biarrote. Mais un fait de jeu a aussi pesé beaucoup dans la lourdeur du score. En position d’attaque avantageuse à la 60e minute, alors que le score est de 28-15, que le BO a enchainé quelques belles séquences, Matt Berquist va tenter un coup de pied compliqué, contré. Il va amener le 4e essai du RCT, la fin du baroud des Basques. Laurent Rodriguez, pas mécontent de ses ouailles, souligne : « C’est lourd, je trouve, par rapport à la physionomie. Après, on craque et ça ne veut plus rien dire. À la mi-temps, on avait dit aux gars : « Accrochez-vous, c’est pas mal ce que vous faites ». On a eu un quart d’heure difficile au retour, mais il n’y avait pas le feu au bout d’une heure de jeu ».

Face à cette équipe qui avance inlassablement, qui use ses adversaires, le BO a fini par lâcher. Mayol, en ébullition, a pu lancer en l’air les journaux disposés sur les sièges, la désormais tradition quand le RCT obtient le bonus offensif. Les Toulonnais ont pu s’offrir un tour d’honneur, et chanter une nouvelles fois le « pilou pilou » dans le vestiaire. Didier Faugeron alui râlé sur l’arbitrage devant les caméras de Canal +, mais certainement plus déçu pour ses jeunes de l’ampleur du score que par l’arbitrage en lui-même.

Le BO, en lançant de nouveaux espoirs, a commencé la préparation de la saison prochaine, c’est tout ce qu’il lui reste à faire en Top 14. Avant de se tourner vers le quart de finale d’Amlin Cup. Toulon s’est mis en bonne position et Bernard Laporte a prévenu : « Il ne reste plus que cinq matchs de Top 14. Ça sent l’écurie. Dans cette optique, on va préparer physiquement une dizaine de joueurs pendant douze jours qui ne joueront pas face à Bayonne ».

Sud Ouest