Le Snus, cette forme de tabac en sachets placée directement dans la bouche, a causé de graves complications à un joueur du championnat de France de rugby en juillet dernier.

Le 20 juillet 2024 restera gravé dans la mémoire de Hassane Kolingar. Ce jour-là, le pilier gauche du Racing 92, âgé de 26 ans, devait participer à un mariage festif, celui de son coéquipier Ibrahim Diallo, près d’Auxerre. Une journée estivale ensoleillée où les invités commençaient à se rassembler sur le lieu de la cérémonie. Mais pour Kolingar, ce jour festif allait rapidement tourner au cauchemar.

Dans un entretien accordé à Rugbyrama, il raconte les événements : « Ce matin-là, je n’avais presque rien mangé. J’étais pressé de me préparer et d’arriver à temps pour le mariage. Une fois là-bas, je place un Snus contre ma gencive et je m’assois en attendant les mariés. »

Le Snus, défini par le site drogues.gouv.fr comme un tabac en sachets à sucer ou à chiquer, est interdit à la vente en France depuis 1992. Toutefois, le Centre National contre le Tabagisme précise que les sachets commercialisés depuis 2022 contiennent principalement de la nicotine, un dérivé sans tabac. Ces produits, en raison d’un flou juridique, sont désormais disponibles dans les commerces spécialisés.

« Je pensais que ça me détendait« , confie Kolingar. « Beaucoup de sportifs et de jeunes en consomment. » Mais pour lui, les conséquences ont été dramatiques. En fin d’après-midi, les symptômes se manifestent : « Mon cœur s’emballe, je transpire à torrents, je vois des étoiles. Je pensais d’abord que c’était une simple crise d’hypoglycémie, alors je m’éloigne pour ne pas déranger. Puis, la douleur devient insupportable, je ressens des aiguilles dans la tête et mes yeux se révulsent. Là, je comprends, je suis en train de faire un arrêt cardiaque. »

Une crise de tachycardie survient alors, son rythme cardiaque atteignant plus de 240 battements par minute. Les pompiers, rapidement sur place, l’emmènent d’urgence à l’hôpital et le plongent dans un coma artificiel.

Hospitalisé à Plessis-Robinson, les médecins découvrent que l’usage du Snus, combiné à la fatigue, a aggravé une ancienne cicatrice cardiaque, conséquence d’une opération subie par Kolingar durant son enfance pour corriger une malformation. L’hypothèse de la pose d’un défibrillateur est envisagée, une solution qui aurait probablement mis fin à sa carrière.

Toutefois, grâce à l’intervention du médecin du Racing 92, Sylvain Blanchard, un cardiologue bordelais accepte de prendre en charge Kolingar. Après cinq heures d’opération et un malaise cardiaque provoqué pour localiser la zone affectée, le joueur est finalement déclaré guéri au début du mois d’octobre 2024 et est désormais apte à reprendre le rugby.