Le rugby Français choqué par les propos de Sébastien Chabal
Le rugby Français choqué par les propos de Sébastien Chabal
Le samedi 12 avril 2025 à 18:17 par David Demri
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La récente sortie de Sébastien Chabal sur ses pertes de mémoire, dues aux innombrables chocs reçus au cours de sa carrière, a ému dans le monde du ballon ovale. Ses amis ont confié leur inquiétude, mais aussi salué le courage de l’ex-international d’avoir mis sur la table le sujet des dangers de la commotion. D’anciens joueurs se sont également reconnus dans l’histoire de « Caveman ».
Le cri d’alerte a été donné par l’un des rugbymen à la voix qui porte le plus. Son écho s’est largement propagé, et a vite fait d’abasourdir le monde du rugby. Quarante-huit heures à peine après sa diffusion dans le podcast Legend, l’aveu terrible de Sébastien Chabal (47 ans) inquiète ses amis proches, ses anciens coéquipiers, et plus largement les observateurs du ballon ovale.
L’ancien destructeur du XV de France a révélé n’avoir « aucun souvenir, vraiment aucun, d’une seule seconde d’un match de rugby » qu’il a pu jouer. Présent au côté de son « ami » durant ses années internationales, Pascal Papé admet pourtant ne « pas [être] au courant de l’histoire ». Il l’a appris via les médias, comme tout le monde.
« J’ai grandi avec lui et je suis inquiet pour lui parce que ce n’est pas normal », a confié sur BFMTV l’actuel directeur sportif du CS Bourgoin-Jallieu, assurant être « interloqué » par ce que vit Chabal, de trois ans son ainé. Même son de cloche pour Julien Bonnaire, « surpris » par cette révélation choquante. « Forcément Seb’ est beaucoup médiatisé et forcément ça touche beaucoup plus de monde quand c’est lui qui parle que si c’était un autre. Donc tant mieux si ça fait prendre conscience », dit l’ex-troisième tricolore auprès de RMC Sport, rejoint par Ugo Mola en conférence de presse ce vendredi: « Si tous les grands joueurs, tous les anciens avaient envie un brin de vouloir faire avancer leur sport et protéger les générations futures, il faut aller à bloc dans ce sens », assène l’entraîneur du Stade toulousain.
« La naissance de mon fils, oui, je m’en rappelle. Mais ensuite, dans ma vie privée… »
Gérard Verdier, ancien rugbyman de 62 ans, s’est « un peu vu » dans la confession de Chabal. Celui qui a joué à Perpignan dans les années 80 ne se rappelle d' »aucune action de jeu » de sa carrière. « Il faut que les copains me disent: ‘T’as joué comme-ci, comme-ça’… Il faut qu’ils me rappellent les actions pour que, des fois, ça me revienne. Mais ça ne me revient pas souvent. » Un manque de mémoire qui l’handicape aussi dans sa vie privée: « La naissance de mon fils, oui, je m’en rappelle. Mais ensuite, dans ma vie privée, il y a beaucoup de choses dont je ne me rappelle pas », peste-t-il.
Ancien talonneur international avec 50 sélections entre 1979 et 1990, Philippe Dintrans est frappé par les mêmes symptomes de l’oubli. Le triple vainqueur du Tournoi des Cinq Nations (1981, 1983, 1989) parle même d’une « maladie mentale » qui l’a mis « au bord du suicide ». « J’ai donné mon corps au rugby », regrette Dintrans, aujourd’hui suivi par un psychiatre.
« Les Marseillaises, je les entendais parce que je les chantais. Mais vous dire aujourd’hui si je me souviens vraiment de quand, où comment… Non, non, non. Je ne me souviens de rien par moment. »
Julien Bonnaire, 75 sélections dont un bon paquet passées au côté de Chabal, aimerait toutefois que cet aveu n’effraie pas les passionnés d’aujourdhui ou les potentiels futurs joueurs de demain. « Le rugby, c’est un sport de combat et il y aura forcément… Ça peut être des commotions, mais on parle aussi des croisés, des épaules et plein de blessures engendrées par le rugby », liste-t-il. « Mais il ne faut pas que ça fasse peur et que les gens ne veuillent plus mettre leur gamin au rugby. » « Au niveau des règles, ils sont protégés, mais ils n’ont pas le matériel qu’ont actuellement les professionnels », prévient Verdier, qui estime « qu’il faut faire de la prévention beaucoup plus tôt au niveau des jeunes ».
« On n’a pas attendu Chabal pour que le rugby et l’environnement médical de notre sport se mettent en alerte »
Les amis de Sébastien Chabal plaident aussi pour un suivi le plus précis et le plus rapide possible, pour éviter le syndrome de l’automate dont a été victime « Caveman ». « Il ne faut pas oublier qu’il y a une vie après le rugby donc c’est important d’être beaucoup plus suivi comme ça l’est actuellement », rappelle Bonnaire. Les acteurs d’ajourd’hui martèlent tout de même que de gros efforts ont été faits en matière de prévention des commotions. « On surveille beaucoup plus la santé des joueurs », pour Julien Bonnaire.
« On n’a pas attendu que Sébastien Chabal déclare cela pour que le club, le rugby et l’environnement médical de notre sport se mettent en alerte sur un vrai sujet », tempère Ugo Mola. « On n’a pas été assez loin, mais on est bien mieux qu’à l’époque où Sébastien (Chabal) jouait », enchaîne-t-il. « C’est une bonne chose qu’il en parle, il se fait l’écho de quelque chose qu’il ne faut pas mettre sous le tapis. »
« Oui, le rugby est un sport de combat avec des collisions et ça peut ‘bouger le pâté’ comme on dit dans le rugby. Mais aujourd’hui, avec tout ce qui est mis en place par World Rugby, la Fédération française de rugby ou dans les écoles de rugby, c’est un sujet qui n’est plus tabou et qu’on prend à bras le corps », ajoute Pascal Papé, se faisant écho au process mis en place par la FFR pour aider et protéger les joueurs. « A notre génération, avec Sébastien, on n’était pas autant protégés et je comprends qu’il puisse y avoir certains joueurs qui ont des troubles comme Sébastien. »
L’ancien capitaine du XV de France a en tout cas salué la prise de parole de son ex-partenaire, « un courageux depuis toujours ». Sébastien Chabal a toutefois admis dans le podcast ne jamais avoir consulté pour son problème.
Via RMC Sport
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Le Papé a bien raison de remettre les choses dans leur contexte :
1. Le rugby moderne a profondément changé dans les dernières années en termes de protection des joueurs et prévention des dommages liés aux commotions.
2. Il s’agit de Sébastien Chabal. L’article ci-dessus le qualifie de destructeur du XV de France. Cela veut tout dire. Je me souviens que d’anciens joueurs-commentateurs n’hésitaient pas à préciser que les caramels spectaculaires de Chabal étalent avant tout dommageables pour lui-même. Il suffit de se repasser le tacle qu’il assène à Chris Masoe pour se donner une idée du genre de truc dont il était capable sans prévenir. Certes il n’a pas fait que ça mais il l’a fait assez souvent pour ne pas être étonné aujourd’hui de le voir en subir malheureusement les conséquences.
Des types comme Hayman sont dans son cas. Mais de très nombreux joueurs du 8 de devant comme Botha, Smith, JVN, Cudmore, Gorgodze, Bonnaire ou Papé qui n’avaient pourtant pas peur d’aller au mastic avaient également la présence d’esprit d’agir avec le contrôle nécessaire.
Le rugby à XV est un sport merveilleux qui doit continuer d’offrir aux joueurs qui le pratiquent le choix entre l’évitement et le contact. L’un et l’autre avec à propos.