Le public de Mayol transforme ses mercenaires en Toulonnais (Ludovic Ninet)
Le public de Mayol transforme ses mercenaires en Toulonnais (Ludovic Ninet)
Le mardi 11 mai 2010 à 15:59 par David Demri
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Le RC Toulon joue samedi sa première demi-finale de Championnat de France depuis 15 ans. Neuvième du Top 14 l’année passé, Toulon a recruté : un manager, Philippe Saint-André, et beaucoup de joueurs, quelques stars et pas mal d’étrangers. On a vite parlé de l’armada toulonnaise. Encore fallait-il que la greffe prenne et elle a pris. Grâce au public, notamment. Explications avec le talonneur Sébastien Bruno, arrivé de Sale à l’intersaison, et Tom Whitford, l’autre manager, au club depuis 2001.
On les dit mercenaires parce que venus en masse pour constituer l’effectif toulonnais. Une petite vingtaine de joueurs l’été dernier, dont un grand nombre puisé hors de l’hexagone. Mercenaire, le mot blesse. C’est un de ses sens premiers qui veut ça : « inspiré par la seule considération du gain » (Le Petit Robert). Mais les pros venus gagner leur croûte au RCT ont prouvé qu’en plus de savoir jouer au rugby, ils avaient du cœur et de l’envie. Sébastien Bruno l’explique ainsi : « Voir un public si fanatique, aimer le club et ses couleurs à ce point donne envie de se surpasser, de prouver qu’on n’est pas venu là que pour l’argent, le soleil et la plage. » Les nouveaux, les étrangers, le capitaine Van Niekerk en tête, se passionnent alors pour le Muguet, le Rouge et le Noir.
Il faut comprendre qu’aucun joueur anglo-saxon, et il y en a un paquet à Toulon*, n’a jamais connu public aussi fervent. Dans leurs pays, quand l’équipe perd, les spectateurs quittent le stade avant la fin du match. Dans leurs stades, une partie du public préfère rater les dernières minutes de la première mi-temps, quitte à louper l’action du match, pour ne pas faire la queue à la pompe à bière et se lève tout au long de la partie pour recharger sa pinte. Je me souviens d’une interview avec Andrew Mehrtens, encore aux Harlequins et qui passa par Toulon (2007-2008), imitant le son de la trompette et du tambour pour reproduire l’ambiance des bandas et parler de ce public français qu’il espérait connaître un jour.
Tom Whitford est anglais, ancien étudiant de Cambridge. En 1999, il a quitté Richmond (Londres) pour Perpignan, puis pour Toulon en 2001. Il raconte : « En Angleterre, les gens ne crient pas, chantent moins, ne siffle pas l’arbitre ni l’adversaire. Quand je suis arrivé à Perpignan, j’ai découvert un stade plein de couleurs, un public chaud, une ambiance festive et familiale. A Toulon, c’était encore un cran au-dessus. C’est unique… au monde ! Le public défend Mayol, les couleurs du club et de la ville. Forcément, pour les joueurs étrangers qui arrivent, ça joue. Ils ont envie d’adhérer à cette ferveur, de défendre les couleurs comme le font les supporters. C’est d’autant plus exceptionnel que ce peuple attend un titre depuis longtemps. »
Sébastien Bruno confirme : « J’ai joué à Béziers, autre grande ville de rugby, mais nous n’avions pas les mêmes résultats. A Sale, on gagnait, il y avait des chansons pour nous les joueurs français, mais l’engouement n’était pas le même, les gens ne venaient jamais nous voir à l’entraînement. A Toulon, quand tu rentres en bus dans Mayol avec cette haie d’honneur de gens qui t’ouvre le passage, tu te dis que ces gens donnent tant que tu n’as pas le droit de te trouer. Tu es forcément fier de porter ces couleurs. »
Ils viennent en partie de là, donc, l’amalgame et la solidarité que l’on constate sur le terrain. Philippe Saint-André a ensuite su tirer de son groupe, habilement constitué d’une partie de joueurs plus près de la fin que du début de leurs carrières et n’ayant jamais rien gagné (ou peu), la substantifique moelle. Le RCT n’a jamais perdu à domicile. Le RCT a frôlé la victoire à l’extérieur à plusieurs reprises avant de la connaître enfin chez de grandes figures du Championnat, Toulouse et le Stade Français. La confiance a grandi. Le travail a payé. Le Challenge Européen s’est bien passé, l’effectif a pu tourner. La confiance a grandi encore. Et voilà Toulon, trublion du Top 14, qui se prend à rêver du Bouclier de Brennus. Ce serait à n’en pas douter le plus beau cadeau que pourraient faire les mercenaires de la rade à leurs supporters. Pour les remercier de les avoir faits Toulonnais sans ciller.
*Wilkinson, Van Niekerk, Williams, El-Abd, Chesney, Skeate, Rooney, Lamont, Kefu, Taumoepeau, Henjak… et même Fernandez-Lobbe et Contepomi passés par l’Angleterre et l’Irlande.
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C'est vrai que c'est unique au monde, mais ici on est tous "gaga et fada" du RCT, quand on est Toulonnais, on est fier de nos couleurs,de notre club,de notre stade,de nos joueurs qui une fois endossés le maillot avec le brin de muguet sur le coeur,ne sont plus ni mercenaires, ni étrangers, ni quoi que se soit d'autre, ils sont TOULONNAIS, et nous nous sommes fiers d'eux.
Toulonnais un jour; Toulonnais toujours !!!