Le jeune troisième ligne du Stade-Français Paris, Nicolas Chauvin est décédé au mois de décembre 2018 après avoir été victime d’un double plaquage, au cours d’un match des Espoirs contre l’Union Bordeaux-Bègles.

Depuis ce drame, son papa, Philippe, ne cesse de militer pour que les plaquages dangereux ou tout autre geste dangereux dans le rugby soient éradiqués.

Ce-dernier a d’ailleurs accordé un long entretien au journal L’équipe pour exprimer son agacement et sa peine.

Il l’affirme : il est désolant de voir encore de nombreux plaquages dangereux en ce début de saison 2021 / 2022. Extrait:

« Je pensais ne plus voir ça. C’est désolant. Soit on a rapidement oublié qu’un jeune de 18 ans était mort dans une compétition d’élite, soit la perte d’un joueur est autorisée, acceptée. Le cas de Nicolas n’est jamais rappelé et on ne m’a toujours pas donné de rapport pour expliquer comment il était mort. »

Pour lui, aucune tolérance ne devrait être accordée pour ce genre de gestes dangereux. Il regrette d’ailleurs l’attitude des juges de la Commission de discipline qui divisent les sanctions par deux dès qu’un joueur présente des excuses. Extrait:

« Le rugby, ce n’est pas la roulette russe, pas un sport dans lequel on doit jouer sa vie sur un angle de plaquage, et on devrait avoir une tolérance zéro face à ces gestes. Mais il y a ensuite un système d’interprétation et d’indulgence, une politique de l’excuse. C’est une farce. Il n’y a aucune excuse possible. À un certain niveau de pratique, on ne peut pas avoir d’errements techniques sur les plaquages, surtout quand on dispose des moyens physiques des joueurs actuels. On devrait être intransigeants. »

Il prend l’exemple du deuxième ligne Rochelais Will Skelton qui a été suspendu cinq semaines par la Commission de discipline de la Ligue Nationale de Rugby pour un plaquage dangereux effectué en ce début de saison. Extrait:

« Dans son cas, en commission de discipline, on est partis du degré moyen, six semaines. On lui a ajouté deux semaines car c’est un récidiviste mais, comme il a émis des regrets, on lui a retiré trois semaines. Est-ce que vous pensez un instant que cette suspension va le dissuader de recommencer ? Après ça, la première chose qu’a faite le joueur castrais Ryno Pieterse a été d’envoyer ses excuses. Peut-être étaient-elles sincères, mais il était de toute façon bien obligé de le faire, car il n’avait pas, sinon, de remise de peine. »

Selon lui, seules les longues suspensions peuvent faire changer l’attitude des joueurs sur le terrain. Extrait:

« Je n’accepterais pas les excuses ou l’existence d’un casier vierge comme facteurs pouvant diminuer la sanction. On se souvient que David Attoub et Julien Dupuy avaient écopé de longues suspensions pour des fourchettes. Depuis, on n’en voit plus beaucoup, des fourchettes. Si vous voulez éradiquer des pratiques dangereuses, mettez les sanctions au niveau. Je parle en mois, pas en jour. »

Il tient ensuite des mots forts concernant le décès de son fils. Extrait:

« Moi je peux leur dire ce qu’est l’absence d’un fils depuis deux ans et demi parce qu’il a pratiqué un sport que je lui avais « transmis ». Il est mort, pour de vrai. Il ne reviendra pas, c’est fini. On veut que dans notre sport la mort fasse partie des risques du métier ? »

Pour conclure, Philippe Chauvin explique qu’un plaquage haut est tout simplement une tricherie. Extrait:

« Un plaquage haut, c’est une tricherie, une inéquité sportive. Et on est en train de se demander si en supprimant une inéquité sportive, on dénature le rugby… C’est n’importe quoi. On a banalisé des choses anormales, on les justifie parfois. »