« Napolioni Nalaga souffre d’un léger problème musculaire à la cuisse. » C’est en ces termes que le site officiel de l’ASMCA annonçait, le 16 décembre 2009, le forfait de l’ailier fidjien pour le déplacement de son équipe à Leicester
(4e journée de H Cup). Les mots semblent anodins. Ils font pourtant date. Absent du match en Angleterre, Napolioni Nalaga avait également regardé depuis la tribune la rencontre suivante, face à Brive en championnat. Depuis février 2008 qu’il évolue régulièrement en équipe première à Clermont, c’est la première fois qu’il ratait deux rencontres consécutives en raison d’une blessure. C’est aussi la dernière fois. Les quatre autres cas similaires dans son histoire clermontoise s’expliquent par des échéances internationales, une suspension et un choix de l’entraîneur.

DIX HEURES DE SOMMEIL MINIMUM PAR JOUR

Nalaga est un phénomène physique. Pas seulement par ses mensurations (1,91 m pour 115 kg). Il semble ignorer la douleur et refuse le repos sportif. « En revanche, il dort au moins dix heures par jour. Il s’entraîne, il mange et il dort. C’est le résumé de ses journées », résume Sébastien Bourdin, le préparateur physique du club auvergnat. « Je suis ici pour jouer au rugby. C’est tout ce qui m’intéresse », répète incessamment le joueur, timide, en réponse
à toutes les questions ou presque. « Napo, c’est un bonheur pour un entraîneur. Il veut toujours jouer. Quand on discute en début de semaine pour connaître son état de forme, physique ou mental, il va toujours bien. Il est toujours motivé pour le match qui arrive », racontait Vern Cotter à son propos. Cette particularité statistique s’explique physiologiquement. Cela en est même la principale explication selon Sébastien Bourdin : « Sa spécificité, c’est d’abord la spécificité fidjienne. Ce sont des mecs qui progressent naturellement plus vite sur tous les exercices de puissance et de force. C’est quelque chose qu’ils ont en plus, il faut dire la vérité. Plus je travaille avec eux, plus je vois qu’ils ne sont pas faits comme nous. Ils ont plus de fibres rapides. Et plus de fibres tout court ! »

« LE CHIRURGIEN AVAIT CASSÉ UN SCALPEL »

Exemple : à son arrivée à Clermont-Ferrand, en 2006, le Fidjien souffrait d’une rupture d’un ligament croisé. Sa seule blessure majeure à ce jour. Une de ses premières étapes en Auvergne fut la clinique de la Châtaigneraie, sous le bistouri du chirurgien William Van Hill. Bourdin encore : « L’opération avait duré deux fois plus de temps que la normale. Le chirurgien, en sortant, nous avait dit qu’il avait cassé un scalpel, ce qui arrive très rarement ! Napo a des articulations plus grosses, des plus gros muscles, les ligaments pareils… Cela nous avait interpellés, à l’époque. Il n’est pas non plus bionique, il peut ressentir de l’usure et nous le ménageons parfois. Mais c’est vrai qu’il est « monté » épais. » Depuis cet épisode, les kinés et docteurs de l’ASMCA n’ont que très peu à faire avec l’ailier fidjien. Napolioni Nalaga ne réclame pas de massages, guère plus de soins. « Tant mieux pour nous parce que masser Napo, c’est comme masser un bout de bois », s’amusent entre eux les membres de la cellule médicale du club. Cette singularité physique explique largement la réussite du colosse fidjien. Depuis qu’il est en France, il a inscrit 105 essais en 169 matchs disputés. Cette saison, il en a déjà inscrit une dizaine et, surtout, cumule 26 franchissements nets, ce qui en fait le Clermontois le plus prolifique dans ce secteur. Des statistiques dont l‘explication est avant-tout physique. Et innée

Source: Midi Olympique