De leur duel dépendra l’issue du match. Une finale européenne. Un troisième titre continental de suite pour le RCT, un premier pour l’ASMCA. Samedi à Twickenham, les deux ouvreurs australiens, Matt Giteau et Brock James, vont se livrer une bataille stratégique sans merci. Un choc au sommet qui vient ponctuer des trajectoires personnelles différentes.

GITEAU À POINT NOMMÉ

Avec seulement 753 minutes disputées depuis le lancement du championnat, l’ouvreur du RCT effectue sa plus petite saison depuis son arrivée en 2011 sur la rade. Longtemps blessé aux adducteurs, il a dû céder sa place à Nicolas Sanchez, Juan Martin Hernandez et Frédéric Michalak. Remis sur pied juste une semaine avant la demi-finale européenne contre le Leinster, le maître à jouer des Varois sera-t-il dans le rythme ? « J’ai joué quatre-vingts minutes à Grenoble puis cent vingt à Marseille et à l’issue de ces deux matchs, j’étais vraiment fatigué. Mais j’ai récupéré et je me sens prêt », assure-t-il. On sait pourtant qu’il a terminé cette demi-finale sur les rotules, les adducteurs douloureux. A-t-il récupéré ? La question mérite d’être posée…

Bien sûr, les diamants sont éternels. Et Giteau reste Giteau. Un joueur de 32 ans dont le talent est tel qu’il fait infléchir les règles de sélection de sa Fédération en vue du prochain Mondial : « Pour moi, ça ne change rien. Ma tête est à Toulon. Après, si je peux jouer la Coupe du monde, pourquoi pas, mais on verra ça plus tard », balaye le revenant. Le sujet est clos. Giteau est concentré sur sa finale. L’année dernière, il avait planté la première banderille dans le dos des Saracens, que les Toulonnais avaient dominé de la tête et des épaules. Score final : 23- 6 et un doublé européen en suivant pour le Wallaby aux 92 sélections.

JAMES, LE RENOUVEAU 

Brock James n’avait pas connu le même bonheur face aux Saracens, qui avaient écrasé l’ASMCA en demi- finale (46-6). Et à la différence de son homologue et rival, il n’a pas reçu de coup de fil du sélectionneur australien, Michael Cheika, ces dernières semaines. Ni ces derniers mois d’ailleurs. Et pourtant… Il est bien l’homme en forme du moment, comme en témoigne sa prestation magistrale en demi-finale de Champions Cup il y a deux semaines contre les Saints de Northampton. Superbe chef d’orchestre, James a conduit le jeu des Jaunards d’une main de maître, au point de reléguer Camille Lopez sur le banc des remplaçants pour cette finale. Un vrai symbole pour l’Australien qui, cette saison, a si souvent souffert de la concurrence avec le Tricolore : « Brock a découvert cette année une concurrence nouvelle qu’il a mis un peu de temps à absorber », reconnaît son manager Franck Azéma qui a assisté à sa mutation au fil des mois : « Il s’est révélé au mois de février, au moment des doublons qui lui ont permis d’enchaîner les rencontres et de retrouver ses repères. Son jeu a évolué. Avant, il était un catalyseur du jeu de ligne. Une grande partie des décisions de jeu reposait sur son poste et sa personne. Cette saison, ces responsabilités sont davantage réparties dans la ligne d’attaque et j’ai le sentiment que cela l’a libéré. » 

Hier dans l’ombre, il inspire aujourd’hui la crainte chez ses adversaires et surtout chez Giteau : « Brock James est un excellent joueur. J’ignore s’il est plus reconnu en France qu’en Australie mais en tout cas, je connais parfaitement ses qualités dans la lecture du jeu et au pied. Il a été l’homme de la demifinale », souligne l’ouvreur du RCT. Mais samedi, il ne sera pas question de reconnaissance. Il sera question pour les deux hommes de faire entrer leur club dans l’histoire. Alors, qui sera l’homme de la finale ?

Source: Midi Olympique