Le directeur général de Lens explique pourquoi le rugby n’a pas besoin de mercato !

Le directeur général de Lens explique pourquoi le rugby n’a pas besoin de mercato !

Le samedi 17 février 2024 à 10:25 par David Demri

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L’ancien secrétaire général de la LNR (2010-2016), Arnaud Pouille est désormais le directeur général du club de football de Lens.

Interrogé via Midi Olympique, ce-dernier a expliqué que le rugby était un milieu fermé.

Il se rappelle notamment de son aventure au Stade-Français Paris, entre 1999 et 2006, en tant que directeur financier et administratif. Extrait:

Le rugby est un milieu fermé, avec ses codes. Ce qui m’avait surpris en arrivant au Stade français, c’était la simplicité mais aussi l’humilité, les valeurs familiales, la bande de copains. Ce n’était pas l’image que j’avais du rugby de haut niveau. Mon premier souvenir, c’est la facilité d’accès des joueurs. Je suis arrivé en 1999. C’était le passage au professionnalisme, donc le rugby était un joyeux bazar (rires).

J’avais 25 ans, je sortais d’une première expérience dans une grosse boîte américaine, quelque chose de normé. Et là, j’ai plongé dans un grand bain bouillonnant ! En plus, avec Max Guazzini, il fallait des résultats tout de suite, sachant qu’il avait aussi une créativité débordante. Chaque semaine il venait me voir avec une nouvelle idée ! Quand je suis arrivé, Max voulait arrêter le championnat quand même, à cause de la Coupe du monde qui était en même temps…

Il indique avoir beaucoup appris de Max Guazzini. Extrait:

J’étais quelqu’un de pragmatique. J’ai appris de lui dans la communication et le marketing, comme la manière de rédiger des communiqués de presse, car il savait très bien communiquer. Ce qui m’avait impressionné chez lui, c’était sa manière de choisir les joueurs sur des aspects humains, du caractère, de la manière dont ils allaient s’intégrer dans le collectif. Il choisissait des gens qui n’avaient pas des parcours linéaires comme les Auradou ou les Laussucq mais qui avaient une force entre eux. Il savait cibler le bon joueur mais surtout l’homme.

Maintenant, je dirige, et c’est plus facile que de devoir cadrer mon supérieur Max Guazzini qui avait des idées folles (rires). Son credo c’était : « À Paris, il faut être différent pour attirer les gens car il y a trop d’offres sportives et culturelles. » À Lens, on ne veut pas casser les codes comme au Stade français avec les éclairs. On veut, à l’inverse, promouvoir un football authentique et populaire. Même si le Stade français reste le club le plus populaire de Paris avec un esprit étudiant et festif, comparé au Racing plus bourgeois. Le credo de Lens, c’est pousser le collectif à l’extrême. Même si en dehors de la com, à Paris, le collectif restait aussi très important. On voyageait tous ensemble, on s’habillait tous pareil, il n’y avait pas de passe-droits pour les stars.

Il explique ensuite pourquoi il semble plus difficile de gérer une équipe de rugby que de football. Extrait:

Ce qui était une belle galère, au rugby, c’était de gérer les doublons… Certes, là, vous m’appelez au seul moment où il y en a dans le foot, c’est-à-dire, tous les deux ans avec la Coupe d’Afrique des Nations (l’entretien a été réalisé en janvier). C’était une belle galère car il y avait des stars mais aussi beaucoup de joueurs qui explosaient en cours de saison et devenaient internationaux sans que nous ne l’ayons trop anticipé. En 2001-2002, on avait une équipe incroyable mais on avait je ne sais même pas combien d’internationaux. Et les mecs revenaient éreintés du Tournoi !

Sans cette contrainte, c’est plus facile au football, sans compter le salary cap et les Jiff qui n’existent qu’au rugby. Au foot, vous pouvez très vite intégrer des jeunes chez les pros, dès 17, 18 ans, même si je vois que ça change au rugby, où le groupe est beaucoup plus fermé. Dans le foot, des jeunes peuvent monter plus facilement chez les pros en cours de saison.

Mais il y a des choses qui se ressemblent. Souvent, vous avez un axe fort de leadership et vous l’agrégez au fil du temps. À Paris, c’était plus simple de faire jouer des Argentins. Quand ça se passe bien avec un joueur, il va conseiller à ses compatriotes de venir ! Le premier à être venu, c’est Ignacio Corletto en 2002, puis Agustin Pichot et Juan Martin Hernandez sont arrivés en 2003 et Rodrigo Roncero en 2004. Dans le foot, c’est pareil. L’été dernier, l’international français Ruben Aguilar a appelé Florian Sotoca avec qui il avait déjà joué et on lui a parlé en bien du club, donc il a signé chez nous !

Selon lui, le rugby n’a pas besoin d’instaurer un mercato comme au football. Il explique pourquoi. Extrait:

Le rugby français est fort, donc il n’a pas besoin de diversifier ses revenus avec un mercato. Alors que, dans le football français, pour avoir des balances positives, il faut vendre des joueurs ! Les droits audiovisuels en Ligue 1 sont plus faibles que dans les championnats espagnols ou anglais. Il y a aussi des pays émergents, comme l’Arabie saoudite, où est parti notre capitaine de la saison dernière, Séko Fofana. Le rugby est aussi un monde restreint. Nous, un joueur, il peut y avoir potentiellement 80 clubs dessus, en caricaturant. Au rugby, si le RCT fait une crasse à l’ASM, ils vont, un jour, se retrouver dans la position inverse. Le nombre restreint de clubs oblige un certain code de bonne conduite.

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