Trop prévisibles et inefficaces, les trois-quarts français posent question. Si le French Flair n’est plus qu’une légende, on voit trois raisons à leur manque de réussite face à l’Italie (32-10).

Le forfait de Yoann Huget, meilleur ailier du XV de France, n’arrange évidemment pas Philippe Saint-André. Surtout que se pose toujours la question de l’inefficacité constante des trois-quarts français. Trois raisons expliquent ce manque d’efficacité, une nouvelle fois constaté face à l’Italie où les deux essais français sont l’œuvre de deux piliers.

Une paire de centres qui n’est pas complémentaire

L’association de Mathieu Bastareaud et Alexandre Dumoulin est presque contre nature. Face à l’Italie, elle a été dictée par le forfait de Wesley Fofana mais elle n’a pas montré qu’elle méritait d’être revue. On connaît le rôle de Mathieu Bastareaud, défoncer les défenses en arrivant lancé. Un rôle qu’il accomplit à la perfection, pour peu qu’il soit fourni en ballons. Le Toulonnais s’avère également un très bon gratteur de ballons, précieux en défense. Mais il évolue tout le temps dans le même registre. Ce qu’il fait, il le fait bien. Mais il ne propose pas autre chose.

L’associer à Alexandre Dumoulin, particulièrement maladroit samedi soir, n’a donc aucun sens. Longtemps favori de Saint-André, Dumoulin peine à exploiter son potentiel en Bleu. «Il doit s’adapter à l’espace-temps des matches internationaux», plaidait Saint-André. Une façon de dire qu’il n’impulse pas assez de vitesse dans le jeu et que sa manie de vouloir tenter d’impossibles passes après contact contribue à casser le rythme. Le retour annoncé de Wesley Fofana devrait permettre d’apporter de la vitesse à la puissance.

Des décisions trop longues à venir

Sébastien Tillous-Borde évoquait, après l’Italie, «un manque de cohésion dans notre jeu à cause des ballons ralentis par les Italiens.» On veut bien, mais même lorsque les ballons sortent vite, les options de jeu se dessinent trop lentement pour permettre aux trois-quarts de conclure. En début de match, Louis Picamoles oublie de jouer un trois contre un qui aurait assuré un essai à Nakaitaci. En fin de match, c’est carrément un six contre deux que les Bleus oublient de jouer. Forcément, face à une défense qui s’est remise en place, les trois-quarts auront toujours plus de mal à trouver la solution.

Un manque de vitesse

«Si on avait des joueurs capables de courir le 100 mètres en 10’’… », lâchait un Saint-André presque résigné. Contrairement aux Néo-Zélandais ou aux Anglais, les Français ne maîtrisent pas la double accélération. Ils évoluent toujours sur le même rythme et ne semblent pas posséder le coup de rein nécessaire pour accélérer une nouvelle fois alors qu’ils sont déjà lancés. C’était flagrant chez les centres samedi soir.

D’où des défenses adverses qui ont le temps de voir venir et de se préparer au choc. Malheureusement pour Huget, son crochet intérieur s’est conclu par une blessure. Mais c’est avec des ruptures de rythme que les trois-quarts retrouveront cette imprévisibilité qui fait encore peur à beaucoup de nations. La solution est probablement à chercher du côté de Wesley Fofana ou Gaël Fickou.

Source: lequipe.fr