« Qu’avez-vous pensé de cet Italie–France ?

– C’était un match plutôt ennuyeux ! La France a fait ce qu’il fallait en deuxième mi-temps pour faire grimper le tableau d’affichage et Bastareaud a pu marquer sur la fin, ce qui est agréable à voir ! Mais l’Italie a dû utiliser son troisième choix à l’ouverture (Orquera)… Les supporters auraient aimé voir un rugby un peu plus enlevé de la part des Français… Les conditions de jeu avaient l’air difficiles, mais ça m’a donné surtout l’impression d’une équipe à un niveau de confiance très bas.

Comment l’expliquez-vous ?

– L’équipe change tellement, vous ne savez plus qui vous avez à votre droite ou à votre gauche…. Il n’y a pas de cohésion parce que les joueurs n’ont pas souvent joué ensemble. Saint-André change souvent l’équipe et, à cause de ça, vous vous inquiétez d’être mis de côté et de ne pas être rappelé la semaine suivante ! On dirait que l’équipe ne prend pas. La France a le potentiel, une mêlée très puissante, une touche fantastique, mais ils n’arrivent pas à s’imposer collectivement sur leurs adversaires.

« LES ANGLAIS SERONT FAVORIS »

Au regard de ce Tournoi, comment voyez-vous le Angleterre–France de samedi prochain ?

– Les Anglais seront favoris, d’abord parce qu’ils jouent à la maison, et ensuite parce que sur les deux dernières années ils montrent de belles choses. Ils n’ont pas joué particulièrement bien contre l’Écosse (25-13) et l’Irlande (9-19), mais ils ont cette cohérence dans la sélection qui leur permet de s’améliorer de match en match dans ce Tournoi.

Le fait que l’Angleterre ait abandonné deux fois ces dernières années la victoire finale dans le Tournoi lors de la dernière journée peut-il jouer sur leur mental ?

– Il y a beaucoup de pression sur leurs épaules, avec la Coupe du monde qui arrive. Ils vont le ressentir, et il y a de très jeunes joueurs: Jonathan Joseph (23 ans) au centre, George Ford (22 ans aujourd’hui) à l’ouverture… Vous ne pouvez pas encore être sûrs de savoir comment ils vont se comporter sous la pression. Mais ils seront confiants, ils savent que s’ils continuent de jouer leur jeu, ils auront des opportunités contre les Bleus.

Quels sont les points forts du quinze de la Rose actuellement ?

– La mêlée et la touche sont brillantes. Graham Rowntree est un excellent entraîneur des avants. On récupère beaucoup de pénalités après les mêlées parce qu’on est dominants. Et récemment, la touche s’est mise au même niveau. On devra s’appuyer là-dessus contre la France. L’autre point très positif, c’est George Ford. C’est une vraie menace offensive. Il attaque la ligne avec le ballon, il attire beaucoup de défenseurs, sa prise de décision est vraiment bonne, il sait quand il faut courir, passer… C’est un vrai talent.

Meilleur qu’Owen Farrell, le titulaire à l’ouverture avant sa blessure ?

– Oui. Farrell aura une meilleure défense et sera plus régulier comme buteur, mais si je choisissais l’équipe je prendrais Ford !

La ligne de trois-quarts semble aussi avoir beaucoup progressé ?

– Oui, j’ai joué avec Joseph et Watson aux London Irish, je les connais bien. Joseph, c’est la classe, il a des appuis formidables, il est puissant. Il me rappelle Gaël Fickou dans une version plus petite ! Et Watson est si rapide… Il ne va faire que s’améliorer.

Y a-t-il un domaine malgré tout où vous voyez les Français capables de prendre le meilleur sur l’Angleterre ?

– Ça fait un moment qu’on ne l’a pas vu donner le meilleur de lui-même, mais la France a un énorme pack. Il n’y a pas beaucoup d’équipes au monde qui peuvent défier l’Angleterre dans ce domaine actuellement, mais la France est l’une d’elles. Mais il faut que les choses s’enclenchent. On voudrait voir aussi un peu de flair offensif derrière, il y a tellement de joueurs de talent ! On les voit semaine après semaine briller pour leur club, mais pas avec leur équipe nationale… »

Source: lequipe.fr