L’état déplorable de la pelouse du GGL Stadium a relancé les tensions entre Mohed Altrad, président du Montpellier Hérault Rugby (MHR), et la mairie de Montpellier, propriétaire du stade. La situation, loin de s’améliorer, ne cesse d’envenimer les relations entre les deux parties.

Une pelouse jugée impraticable, une relocalisation forcée

La semaine dernière, le MHR a dû organiser son match face au RC Toulon au stade Raoul-Barrière de Béziers, une décision subie plus que choisie. Début février, un expert indépendant mandaté par la Ligue nationale de rugby (LNR) a déclaré la pelouse impraticable, forçant le club à trouver une solution de repli.

Depuis plusieurs mois, Canal+ et la Ligue avaient exprimé leurs inquiétudes quant à l’état du terrain, jugé peu esthétique et inadapté pour des matchs en prime-time. Selon Christian Assaf, délégué aux politiques sportives de la métropole, plusieurs facteurs ont contribué à cette détérioration : un calendrier chamboulé par l’accueil de plusieurs équipes en été, ainsi que des conditions météorologiques extrêmes lors du match contre La Rochelle en octobre dernier, joué sous une pluie battante.

Face à ces critiques, la métropole a accepté d’intervenir mais avec des réserves. « On leur a dit que ça ne prendrait pas. Il n’y a pas assez de lumière, il va faire froid« , expliquait Assaf via Midi Olympique.

Malgré tout, de nouveaux rouleaux de pelouse ont été posés… sans succès. Dès la première séance d’entraînement, les joueurs et le staff ont constaté que ces nouveaux morceaux de gazon se décollaient. Devant cette situation, la Ligue a mandaté un expert indépendant qui a confirmé l’impraticabilité du terrain et imposé la délocalisation du match.

La situation se répétera ce samedi pour la réception de Castres, compliquant davantage l’organisation du MHR, déjà en pleine tourmente après une série de trois défaites consécutives. « Cela change complètement notre organisation« , a déclaré l’entraîneur de la défense, Geoffrey Doumayrou. « Jouer à domicile, c’est avoir ses repères : la taille du terrain, le vent, les appuis. Un talonneur ou un botteur connaît ses marques, ce qui n’est plus le cas sur un terrain neutre. »

Un conflit politique qui paralyse les discussions

Si la délocalisation n’explique pas la défaite contre Toulon – Montpellier avait d’ailleurs battu Perpignan en septembre dernier dans les mêmes conditions – l’affaire dépasse désormais le simple cadre sportif. Elle ravive les tensions entre Mohed Altrad et la mairie de Montpellier, dirigée par Mickaël Delafosse.

Au cœur de cette discorde : le projet de rachat du GGL Stadium par le groupe Altrad, qui traîne depuis quatre ans. En 2020, Delafosse aurait donné son accord à Altrad pour cette acquisition, mais depuis juillet 2023, aucun progrès n’a été réalisé. « Nous avions trouvé un terrain d’entente pour exploiter 82 000 m² avec un investissement de 200 millions d’euros, permettant de dynamiser le quartier et d’assurer un modèle économique viable pour le club« , affirmait Altrad récemment dans Midi Libre. « Le problème du sport, c’est la politique locale. »

La réponse ne s’est pas fait attendre. Christian Assaf a accusé Altrad de mêler enjeux politiques et intérêts sportifs : « Il confond tout : la revanche des municipales, les prochaines élections, le stade, la pérennisation du club. Il instrumentalise le sport à des fins politiques. »

Pour rappel, Mohed Altrad a siégé au conseil municipal pendant quatre ans, avant de démissionner en septembre dernier, laissant derrière lui un mandat marqué par son absence aux réunions. Aujourd’hui, les tensions entre le président du club et la mairie menacent de déborder sur l’ensemble du MHR. Un conflit dont le club et ses supporters se seraient bien passés, en pleine saison de reconstruction.