En principae, lorsque Mourad Boudjellal sert une amabilité sur un club concurrent, un sélectionneur des Bleus, un dirigeant, on attend la vacherie immanquable derrière. Avec Toulouse ? Rien. Mais vraiment rien. Que des gentillesses. Encore cette semaine, le président du Rugby Club Toulonnais n’a rien déclaré de traviole à propos du Stade Toulousain. « C’est le seul club du Top 14 qui nous permet une telle délocalisation et de remplir le Stade-Vélodrome, même s’il est moins bien classé cette saison, estime Boudjellal. Toulouse reste Toulouse et peut très bien être champion de France en fin de saison. » Le croit-il vraiment ? Sûrement. Surtout, le Varois a un profond respect pour Toulouse et son palmarès, le plus riche de l’Hexagone. D’ailleurs, plutôt que viser prioritairement le bouclier de Brennus cette saison, il a fixé un objectif clair : conserver la Coupe d’Europe. « Le RCT entrerait ainsi dans l’histoire, car personne ne l’a remportée trois fois d’affilée. » Pas même Toulouse. Boudjellal encore : « E t on ne serait plus qu’à une longueur du recordman. » Le Stade Toulousain et ses quatre titres continentaux, évidemment. Que Toulon, champion de tout en 2014, accueille à Marseille pour se rapprocher un peu plus de la qualification en phases finales du Top 14 et remplir ses caisses.

3 MILLIONS D’EUROS DE RECETTES

Hier, peu avant 18 heures, un texto de Mourad Boudjellal : « 63 800 (spectateurs). record. » Le RCT effacera cet après-midi la marque de 62832 établie par Marseille-Lyon (0-0), le 15 mars dernier. « Mon modèle économique a été créé sur l’engouement, explique le président du RCT. On va remplir le Vélodrome pour un match de saison régulière alors qu’on n’a pas osé y organiser les demi-finales par peur de ne pas jouer devant un stade plein. Pour nous, c’est une démonstration de force, en passant par deux péages (entre Toulon et Marseille), ne l’oublions pas. » Les fadas de la Rade passeront par Bandol, La Cadière-d’Azur – chez Philippe Saint-André, qui fera également route vers Marseille –, La Ciotat, Cassis…

D’autres choisiront d’effacer les 65 kilomètres à bord du TER, à 10 euros l’aller-retour. Billet de match compris ? Oh, hein, c’est pas Noël non plus ! Pour voir le mélange des rouge et noir, le ticket moyen est à 38 euros (environ 45 à Mayol et ses 15 500 sièges). « Quand les gens me disent que c’est cher, je réponds que je ne fais pas de dumping, explique Mourad Boudjellal. Je ne vends pas moins cher que ça coûte, car l’équipe sur le terrain coûte de l’argent. » Mais le Vélodrome va rapporter. Beaucoup. Autour de 3 millions d’euros brut. Ça, c’est fait.

Et sur le terrain ? « C’est le match à l’extérieur le plus facile à préparer de la saison », aurait-on entendu côté toulousain. Zéro pression. Tellement peu que Dusautoir, Huget et Maestri ont été collés en vacances après Twickenham. Seul Fickou fait le voyage non loin des terres de sa jeunesse varoise. À Toulon, les Bleus sont tous titulaires : Guirado, Taofifenua, Tillous-Borde, Mermoz, Bastareaud. Leader, le RCT peut faire un grand pas vers une des deux premières places – qui lui éviteraient un barrage dans l’embouteillage de printemps – puisque le Stade Français et Clermont, ses suivants, se seront affrontés juste avant. Après, et seulement après Toulouse, les Toulonnais songeront au quart de finale de Coupe d’Europe le 5 avril. Et si ça gagne contre les Wasps ? Retour au Vélodrome, le 18 avril. En voiture, train, bateau…

Source: lequipe.fr