Ce week-end, le troisième ligne Toulonnais Juanne Smith a fait son retour en sélection Sud-Africaine à l’occasion de la seconde journée du Four-Nations.

Il revient sur son parcours et tient à remercier Toulon, le seul club qui a cru en lui.

Très belle interview réalisée par le Midi Olympique à lire ci-dessous:

Était-ce dur de retrouver le niveau international ?

Très dur et revenir pour un match si disputé rendait les choses encore plus difficles. Les Argentins ont beaucoup de coeur mais ça rend encore plus méritoire la façon dont nous sommes revenus dans le match pour arracher la victoire. En plus, les conditions atmosphériques étaient difficiles avec une grosse chaleur. Nous sommes habitués à jouer sous la chaleur avec Toulon, mais pas à ce point. Mais j’étais tellement excité de revenir sous le maillot national que je n’y ai plus pensé.

Qu’avez-vous ressenti en voyant autant de joueurs de Toulon sur le terrain ?

Oui, c’était spécial de jouer avec mes coéquipers de Toulon Bakkies Botha et Bryan Habana mais c’était aussi très particulier d’affronter Juan Martin Fernandez-Llobe, c’est un rude adversaire avec qui je passe beaucoup de temps dans mes moments libres. En général, quand tu joues face à l’un de tes partenaires de club, tu veux toujours bander les muscles et faire mieux que lui. Je voulais lui mettre d’entrée une grosse «cartouche». Histoire de bien lui faire comprendre qui est le maître (rires) ! En plus d’être un incroyable joueur, Juan est un mec charmant. C’est avec grand plaisir que j’ai partagé une bière avec lui après le match.

Que représente pour vous ce retour dans le groupe sud-africain ?

Certains fans disent qu’Heyneke (Meyer, N.D.L.R) rappelle tous les vieux. Mais je n’avais que 29 ans quand j’ai joué mon dernier test pour les Boks. En quatre ans, je n’ai pas pris de coup de vieux. Bien au contraire. La présence d’anciens permet d’amener du calmeet de la sérénité à une équipe. Ils sont une source d’inspiration pour les plus jeunes. Cet équilibre est vital dans toute équipe. Je mesure aussi la chance qui est la mienne d’à nouveau faire partie de cette sélection. Je reviens de tellement loin après 28 mois d’absence et cinq passages sur la table d’opération. Je suis heureux comme un gosse ! 

Pourquoi peu de temps après avoir annoncé votre retraite vous a-t-on vu fouler à nouveau une pelouse. Comment avez-vous fait?

J’avais estimé avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour guérir de mon tendon d’Achille. Et puis, un jour, le docteur Johan Kruger de Bloemfontein est venu me voir en me disant qu’il pourrait me permettre de rejouer au rugby au plus haut niveau. Pour ma part, je ne songeais vraiment pas à rejouer. Tout ce que je voulais, c’était de pouvoir marcher sans ressentir de douleur. Il n’y avait pas un jour sans me lever et me coucher dévasté par la souffrance. Mais après cette dernière opération, la douleur s’est complètement estompée. Je suis allé voir ma femme pour lui dire que j’allais tenter ce pari fou de rejouer. 

Mais en remportant le Top 14 et la Coupe d’Europe avec le RCT, ce retour est même allé au-delà de vos espérances… 

Je n’en reviens toujours pas moi-même. Quelle saison de fou! J’ai non seulement gagné ce qui se fait de mieux comme compétitions en Europe mais en plus de tout ça, j’ai été rappelé en sélection. Après avoir vécu un long cauchemar de 28 mois, j’ai l’impression de me retrouver en plein rêve. 

En quoi Toulon a joué un rôle crucial dans votre come-back chez les Boks?

Toulon et son président Boudjellal ont été les seuls à croire en moi. Je leur serai éternellement reconnaissant de m’avoir tendu la main. Après quand tu joues au côté de joueurs qui font partie des meilleurs spécialistes à leur poste dans le monde, tu ne peux
que te sublimer. J’ai notamment eu l’incroyable privilège de faire équipe avec Jonny Wilkinson. J’ai vécu une véritable renaissance à Toulon. Le RCT a ravivé la flamme qui était en moi et notamment mon rêve de prendre part à un troisième Mondial. Après avoir manqué le dernier en raison de mon tendon d’Achille, je veux absolument être de l’aventure anglaise en 2015.
Remporter tous ces titres au côté de plusieurs de vos compatriotes rajoute-il une saveur supplémentaire ?

Je suis très attaché à mes racines. Jamais je n’aurais pensé quitter un jour ma ville de Bloemfontein. Pour moi, la présence de tous ces joueurs sud-africains dans les rangs du RCT a été une bénédiction. Cela m’a aidé à ne pas ressentir le mal du pays. Tous les mercredis, nous partageons des « braais » ensemble. Ces moments de détente permettent de renouer aussi avec notre langue puisqu’en nous en profitons pour parler en Afrikaans.