Dans les colonnes du Midi Olympique, l’ouvreur Toulonnais Jonny Wilkinson est revenu sur sa décision de prendre sa retraite à l’issue de cette saison.

Selon lui, il s’agissait du bon moment pour arrêter le rugby et se consacrer à sa future carrière. Il explique également qu’il se forcera à profiter sans jouer au rugby. Extrait:

Comment vous sentez-vous après cette saison remarquable ?

C’était une fin de saison très, très dure. Mais terminer ma carrière avec cette équipe et avec ses joueurs était un privilège. De vivre ce que l’on a vécu, ressentir les choses et garder les souvenirs que l’on s’est fait cette année dans ma tête, c’est une chance. Terminer par ce titre est un honneur que je ne vais jamais oublier.

C’était la fin de carrière idéale, rêvée ?

C’est exactement cela. C’est un rêve. Je suis là avec vous en ce moment, mais je me sens ailleurs. Pendant ma carrière, j’ai réussi des fois, mais j’ai échoué de nombreuses occasions sur la dernière marche. Je me souviens des aprèsmidi passés devant mon poste de télévision à regarder le Leinster, ou Leicester réussir le doublé. Je croyais que c’était réservé pour les autres. Maintenant que cela me concerne, j’ai du mal à le percevoir. Dans les prochaines semaines, je vais me forcer à profiter. Trouver une place dans ma tête pour ranger ce que l’on a réussi.

Êtes-vous triste de raccrocher les crampons ou la joie de la victoire l’emporte sur tout ?

Non, il y a effectivement un peu de tristesse. Je ne sais pas comment je dois me sentir exactement. Beaucoup de choses me poussent à sauter en l’air de joie, mais il y a une chose invisible qui me retient au sol et qui m’empêche de le faire. Je crois que c’est ça. Je me suis rendu compte assez vite après le match que mes partenaires vont pouvoir revenir, jouer, et recommencer le voyage. Pour moi, c’est terminé. Et ce sentiment n’est pas agréable. Quand j’avais été blessé durant quatre saisons, je ne l’avais pas ressenti, car je savais que j’allais rejouer. Le rugby n’était pas fini, cette foisci, c’est fini. Plus j’en parle, plus cela devient difficile. Il faut que je contrôle tout cela et que je profite de ce que nous avons réalisé avec l’équipe.

Pourquoi alors ne pas continuer à jouer ?

Non, la solution à toutes mes questions devait venir naturellement. Quand je me projetais sur mon après-carrière, je ne savais pas ce que je voulais faire. À un moment donné, c’est arrivé tout seul. J’ai trouvé. Il y a trop de joueurs ici comme Matt Giteau et Frédéric Michalak qui évoluent à mon poste. Moi je peux essayer de leur apporter quelque chose, comme j’ai déjà commencé à le faire durant mes blessures. Ils ont envie de continuer à progresser, de se développer. Peut-être que je peux les aider. Et puis, si je continue à jouer ici au RCT, je les empêcherai d’avancer. Et de cela, je ne veux pas. 

Avec ce doublé, Toulon est-il devenu la référence du rugby français ?

Non, nous sommes encore une équipe comme les autres qui se bat pour se qualifier. Nous ne sommes pas assurés de nous retrouver là l’an prochain. Tout ce que l’on peut faire, c’est gagner le droit d’être là, mais il faut que l’on le fasse sur le terrain. Nous sommes devenus l’une des grandes équipes en France mais pas la référence. Toulouse ou Clermont me semblent encore un peu au-dessus. Derrière, il y a nous, Montpellier, le Racing, Castres. C’est pour cela que le Top 14 est le meilleur championnat de rugby. Il est dense, très dense.