Joël Jutge défend encore et toujours les arbitres malgré plusieurs polémiques

Joël Jutge défend encore et toujours les arbitres malgré plusieurs polémiques

Le vendredi 24 mars 2023 à 10:38 par David Demri

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Le patron des arbitres de World Rugby, Joël Jutge s’est longuement confié via L’équipe pour évoquer l’arbitrage à l’approche de la Coupe du monde.

Ce-dernier estime que l’arbitrage a été très encourageant lors du Tournoi. Extrait:

« Le bilan est très encourageant. L’écho majoritaire, c’est que ce Tournoi a été de grande qualité et que le jeu pratiqué était à la fois plus clair et plus vivant. Les statistiques générales de « ball in play » montrent qu’on a plus joué dans ce Tournoi, avec une statistique remarquable de 46 minutes de temps de jeu, lors d’Irlande-France, un pic qui sera difficile à reproduire. »

Questionné sur les 18 pénalités sifflées à l’encontre du XV de France lors de la première journée du Tournoi contre l’Italie, Joël Jutge réagit. Extrait:

« Vous vous êtes focalisés sur cette stat de la France. Mais c’était un épiphénomène. Ce jour-là, nous avons reconnu que quatre coups de sifflet ne s’imposaient pas. Certaines équipes ont été surprises au début du Tournoi mais elles se sont ajustées. Il faut bien comprendre qu’aucune nouvelle règle ou nouvelle consigne ne prend par surprise les sélectionneurs et leur staff. Tout est débattu, discuté. Tout est fait en accord avec les entraîneurs. Au départ du Tournoi, chacun savait qu’on avait ciblé les plaqueurs et assistants plaqueurs qui sont là pour ralentir considérablement le jeu et gêner l’attaque, de façon légale ou illégale. Après les 18 pénalités contre la France, nous n’avons absolument pas recalibré les consignes, ni demandé aux arbitres de nuancer. On n’a reçu aucune pression ou recommandation allant dans ce sens. »

Lors de la compétition, certains gratteurs ont été récompensés alors qu’ils avaient au moins une main au sol. Là encore, le patron des arbitres réagit. Extrait:

« On a montré des clips de certaines actions : Jonathan Danty qui pose les deux mains au sol avant de gratter à Twickenham, l’ailier irlandais Mack Hansen ou Antoine Dupont qui s’appuient d’une main au sol avant de gratter le ballon (les deux fois contre l’Écosse). On a demandé à tous les sélectionneurs présents quelle était leur opinion. Ces gratteurs arrivent en premier, c’est incontestable. Mais techniquement, ils sont en dehors des consignes en n’attaquant pas le ballon avec les deux mains. Je dis bien « consignes » car ce point n’est pas dans les règles. À l’unanimité, les entraîneurs ont dit : non, on ne peut pas accepter cela.

Concernant l’action d’avoir une main au sol et une au ballon, Michael Cheika (sélectionneur de l’Argentine) a fait valoir que sans cette main au sol, le gratteur serait déséquilibré, finirait au sol et serait donc sanctionnable. Aujourd’hui, on observe des porteurs de balle aller au sol en cachant le ballon sous leur ventre, afin d’empêcher le défenseur d’agir. Dans ce cas, on peut tolérer du gratteur qu’il entoure le porteur de balle, pour peu que sa première action reste en direction du ballon. »

Questionné sur le carton rouge écopé par l’arrière Anglais Steward lors du match contre l’Irlande, Joël Jutge concède qu’un jaune aurait été suffisant. Extrait:

« Au départ, j’étais plutôt partisan du carton jaune, au prétexte que Steward ne pouvait pas vraiment éviter le contact, n’ayant pas le temps matériel de réajuster son geste. Jaco Peyper a donné un rouge car il a suivi l’arbre décisionnel à la lettre. Finalement, le joueur a été blanchi, ce qui est aussi compréhensible. Pendant la réunion, nous avons mis les entraîneurs en situation de juger onze actions différentes dont on leur montrait les images. C’était eux les arbitres. On leur a demandé quelle serait leur décision en expliquant leur raisonnement. Les avis étaient parfois complètement différents. Ils se sont vraiment rendu compte de la difficulté de la mission. Pendant cette réunion, entraîneurs et arbitres ont apporté des témoignages de grande qualité. »

Pour conclure, Joël Jutge parle de l’essai injustement accordé à l’Irlandais Lowe lors du match contre le XV de France, alors qu’il avait un pied en touche. Extrait:

« Fabien Galthié l’a évoqué. Mais plutôt sous l’angle de l’après-match, de ce qui peut être discuté en direct à la fin de la rencontre. À Dublin, Fabien a été très sport. Il n’a pas voulu salir la victoire de l’Irlande. On a tous échangé sur la possibilité pour un entraîneur de pouvoir parler à l’arbitre d’un fait de jeu problématique dès la fin du match. Je n’y suis pas défavorable. En revanche, à la mi-temps, c’est impossible bien entendu. À la Coupe du monde, ce qui s’est passé sur cet essai – et qui est déjà arrivé ailleurs qu’en Grande-Bretagne – ne pourra pas arriver car nous disposerons d’un système hawk-eye, comme au tennis, et que ce n’est pas le pays hôte qui sera chargé de la réalisation. L’arbitre, comme le téléspectateur, aura toutes les images, tous les angles, avec possibilité de partager l’écran en deux ou en quatre. »

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