Jocelino Suta raconte sa magnifique histoire au sein du Rugby Club Toulonnais
Jocelino Suta raconte sa magnifique histoire au sein du Rugby Club Toulonnais
Le samedi 25 octobre 2014 à 9:38 par David Demri
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Jocelino Suta, deuxième-ligne arrivé à Toulon en 2008, est, à bientôt trente-deux ans, le doyen de l’effectif champion de France et d’Europe. Il raconte son évolution et celle d’un club qui a bien changé.
Un « no-name » dans cette galaxie ? Il ne se vexe pas, il confirme même. Jocelino Suta, qui aura trente-deux ans le 18 novembre, en a vu passer, des stars, plus ou moins grandes, depuis 2008. Mais c’est lui, le Wallisien – associé à son « compatriote », comme il dit, Romain Taofifenua en deuxième ligne –, qui est aujourd’hui le doyen de l’effectif toulonnais, après l’arrêt, l’été dernier, de Van Niekerk. Il a entamé sa septième saison dans le Var et, si tout va bien, il en vivra dix. Mardi, il a en effet prolongé de trois ans son contrat, qui courait jusqu’en 2015 – « pour progresser, pas pour m’endormir ». Quelques jours plus tôt, nous avions déjeuné avec lui, sur une terrasse de la Valette, à trois minutes du centre d’entraînement du RCT. Il nous avait raconté sa folle aventure varoise.
SON ARRIVÉE
« Quand je suis arrivé, il y avait beaucoup plus de bringues »
« Je dois être le dernier à avoir signé mon contrat chez Soleil (1), dans le bureau de Mourad (Boudjellal, président du RCT), boulevard de Strasbourg. Une autre époque. Il y avait ses BD partout, notamment Rahan, que je lisais petit. Mardi, j’ai prolongé de trois ans, au siège du RCT, avec le bouclier de Brennus et sous le regard de Muhammad Ali…
Aujourd’hui, quand j’arrive le matin à Berg, je ne reconnais pas le centre d’entraînement de mes débuts. J’ai connu la toute petite salle de vidéo, au début, on faisait la muscu dans notre salle de vie actuelle, les kinés travaillaient dans la cuisine… Aujourd’hui, il y a une immense salle de muscu, construite en dehors du siège. De mes débuts, il reste le président, bien sûr, que j’ai dû revoir trois ou quatre fois en tête à tête, le préparateur physique Gilles Allou, les intendants Gilles Panzani et le “Belge” (Luc Van Wassenhove)…
En 2008, j’avais vingt-cinq ans, j’arrivais de mon petit cocon de Mont-de-Marsan . Je connaissais un peu Toulon, car ma femme y était militaire. Les week-ends où je ne jouais pas, je venais ici. Quand j’ai signé au RCT, c’était un coup de poker, un saut dans l’inconnu. Tana (Umaga) entraînait ; c’était mon idole lorsqu’il jouait pour les All Blacks. Imaginez, moi, un inconnu, j’ai joué avec Tana et des Sonny Bill (Williams, au club de 2008 à 2010), (Jerry) Collins (2008-2009), Jonny (Wilkinson, 2009-2014), Joe Van Niekerk (2008-2014). Lui, je l’adore, il m’a aidé, a été très important pour l’histoire du club, de l’équipe. C’est vraiment immense ce qui s’est passé, mais il y a une part de chance dans tout ça. Quand je regarde l’histoire de ma carrière… J’aurais pu aller au Racing, j’y avais signé (Toulon a profité d’une faille dans le contrat). Si j’avais choisi l’aspect financier, je serais allé au Racing, qui faisait le forcing. Et je n’aurais pas connu tout ça… Au RCT, j’ai juste essayé de me faire une place. Et je continue. Cela ne m’a pas du tout tourné la tête.
Au départ, je jouais en deuxième ligne avec Maestri et Lozada. Je n’imaginais pas alors y jouer encore six ans plus tard après avoir vu passer Skeate, Chesney, Senekal, Schofield, Kennedy en deuxième ligne et maintenant Ali Williams, Bakkies (Botha). Au début, on était pas mal de gars des îles, francophones ou anglophones. On s’est bien trouvés, il y avait une bonne ambiance (il sourit). Et beaucoup plus de bringues… »
LA RECONNAISSANCE
« Il y en a qui ne savent toujours pas que je suis français… »
« En arrivant, j’ai un peu regardé l’histoire du RCT. Sur Internet, j’ai vu le retour en ville des champions de France, en 1992. Forcément, je me suis imaginé à leur place. Il y avait des fous partout sur l’avenue de la République. Mais on était loin de ça, à l’époque.
Alors, le vivre en direct, avec des gens sur les toits des immeubles… Pour la Coupe d’Europe en 2013, je trouvais impensable qu’autant de monde nous attende au port alors qu’on avait perdu la finale de Top 14 la veille (14-19, contre Castres). Mais il n’y a pas photo avec ce qui s’est passé en juin dernier. Le truc le plus fort que j’ai vécu ici ! Quand je revois les vidéos sur YouTube, j’ai la chair de poule.
Ce qu’on a réalisé la saison dernière, personne d’autre de chez moi, à Wallis, ne l’a fait. J’ai participé à un truc extraordinaire. La Coupe d’Europe, vu de Wallis, ça représente beaucoup. La famille, et même au-delà, me suit devant Canal +, en décalage horaire. J’ai le sentiment de représenter mon île. Quand j’y retourne, tout le monde me reconnaît, me félicite. À Toulon, aussi… (Il rit.) Parfois, on m’interpelle : “Eh, Suta !”… et on me parle anglais ! Il y en a qui ne savent toujours pas que je suis français, dans cette équipe avec des stars étrangères. Et pourtant, j’ai cinq sélections chez les Bleus. Pour moi, qui jouais au volley, qui ai commencé le rugby par hasard à dix-huit ans, c’était impensable. J’aurais payé pour ça : les deux Coupes d’Europe, le Brennus, trois matches où j’étais dans les 23, où je suis entré en jeu… J’étais juste venu en métropole pour tenter une carrière, et tout a dépassé ce que j’espérais. Mon salaire a suivi ma progression. Je ne me plains pas. J’essaie de rendre, de faire mon taf. »
LA LÉGENDE
« Mon nom est gravé dans la pierre, ça va rester »
« Aujourd’hui, le club veut tout gagner, toujours progresser. Ça doit habiter tous les joueurs chaque jour. Le RCT grandit encore. Un symbole : notre bus de fous (2) ! Quand on l’a vu la première fois, avec ses écrans, son wifi… Quand on joue à l’extérieur, on voit bien que des gens viennent exprès pour nous. Ils sont sympas. À Brive, par exemple, on a largement gagné (53-13, le 19 septembre), mais ils nous attendaient pour des autographes. Avant, c’était Toulouse, l’équipe à battre, celle dont on préparait spécialement la venue, moi le premier. Maintenant, c’est Toulon. Je le vois comme ça. Avec les titres des deux dernières saisons, on a gagné le respect.
Dernièrement, on m’a envoyé une photo de l’avenue des Légendes (3). Lorsqu’on s’est entraîné à Mayol, je suis allé voir mon nom. C’est gravé dans la pierre quand même, ça va rester. Je vais me renseigner pour pouvoir ajouter les prénoms de mes enfants à côté du mien. Si ce n’est pas possible, j’irai les graver moi-même avec un burin, la nuit ! (rires) »
Source: lequipe.fr
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8 Commentaires
:yes: Enooorme bonhomme,sans doute meilleure recrue pour ces trois prochaines années ! « Mens sana in corpore sano… » comme l’aurait crié @Georges :kissing: si on pouvait encore le lire!
@Valéria je crois que georges et tétu et ne reviendra pas Quel dommage :no: :reallyangry: :no:
Un exemple a tout les niveaux. Merci joce
Joe Van Niekerk (2008-2014). Lui, je l’adore, il m’a aidé, a été très important pour l’histoire du club, de l’équipe.
On le pense tous… ah non pas tous. C’est vrai. Il n’a pas le droit d’avoir sa place sur l’avenue des Légendes du club.
va falloir que j’aille regarder de plus prés car je ne savais pas que Suta avait son pavé !!
Tu m’as devancé, je pensais écrire la même chose que toi quand j’ai lu ce passage ! 😉
Cette histoire de plaque pour joueur emblématique du club sans Captain Joe, c’est quand même dingue. Mais bon ce n’est pas le sujet de ce super article !
Désolé pour moi ce n’est pas un super article, c’est un article vrai et sincère.
Cela montre l’attachement que peux avoir un joueur pour son club et vice versa.
Je pense que c’est un exemple pour tous les détracteurs du RCT : c’est un club de mercenaire, etc…
On a comme même connu des joueurs avec 5 / 6 saisons au sein du même club.
Jocelyno, merci pour se témoignage.
Cela m’a fait chaud au cœur.
Un super joueur ! Je crois que la vie lui a donné plus que ce qu’il attendait et il en à l’air très reconnaissant ! Perso je l’aime beaucoup comme joueur !