Jocelino Suta, l’inconnu venu de loin

Jocelino Suta, l’inconnu venu de loin

Le dimanche 4 novembre 2012 à 18:26 par David Demri

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Excellent avec Toulon, Jocelino Suta est l’une des curiosités du groupe France. Natif du Vanuatu, le deuxième ligne du RCT, qui restait sur une saison tronquée par les blessures, profite de l’instant, tout en affichant ses ambitions. Portrait.

« Je ne suis pas venu en vacances. » Novice chez les Bleus, Jocelino Suta (30 ans le 18 novembre prochain) n’en reste pas moins ambitieux. Si le deuxième ligne du RCT figure parmi les nouveaux du groupe France pour le stage préparatoire de trois jours avant la tournée d’automne, il ne vient pas seulement pour humer l’air de Marcoussis et de son Centre National du Rugby. Il débarque avec la ferme intention de gagner sa place dans les 23 qui défieront l’Australie samedi prochain pour le premier des trois tests de novembre. Mais avant tout, Suta profite de l’instant présent et se réjouit à l’idée de découvrir le « très haut niveau, avec ses exigences ». « C’est un énorme plaisir d’être là », confiait-il vendredi à son arrivée à l’aéroport d’Orly, où les Français appelés avaient rendez-vous avant de rallier le CNR. Le Toulonnais savoure d’autant plus cette convocation qu’il est passé par des moments compliqués récemment. « Je reviens de loin », comme il reconnaît lui-même. « Il avait effectué une très bonne saison il y a trois ans, puis il a connu une année blanche avec des blessures l’année dernière », confirme Philippe Saint-André.

Coincé à l’infirmerie, Suta a subi un coup d’arrêt dans sa progression constante depuis. Natif de Port-Vila, la capitale du Vanuatu, un archipel perdu dans l’océan Pacifique, il a débuté le rugby sur le tard. Alors âgé de 18 ans, il a pris sa première licence au Rugby Club Calédonien en 2000. Quelques mois après, sa vie et sa carrière basculent lors d’un voyage en métropole. Il se rend à Bordeaux pour y disputer le Tournoi des Dom-Tom avec l’équipe de Nouvelle-Calédonie. Si sa formation s’incline en finale de la compétition, ses prestations tapent dans l’œil de Michel Couturas, alors entraîneur de Mont-de-Marsan. Dans la foulée, il s’engage donc en faveur du Stade Montois, en compagnie notamment de Mikaele Tuugahala, désormais pilier du Racing-Métro. Avec le club landais, Suta s’aguerrit en Pro D2 et franchit des paliers saison après saison. Ses progrès ne laissent pas indifférents et attirent la convoitise. Il donne d’ailleurs son accord pour rejoindre le Racing-Métro à l’issue de la saison 2007-08. Mais ironie du sort, les Franciliens retrouvent le Stade Montois de Suta en finale d’accession au Top 14. Les Landais s’imposent (23-32) et le joueur prend finalement la direction de Toulon.

Suta : « Ce n’est pas une fin en soi »

Au RCT, le deuxième ligne polyvalent, également capable d’évoluer un cran plus bas, découvre l’élite. Il s’impose d’entrée comme l’une des poutres du pack toulonnais. De plus en plus régulier dans ses performances, il est retenu avec l’équipe de France A pour disputer la Churchill Cup 2010 aux Etats-Unis. Il joue plus de vingt matchs par an toutes compétitions confondues avec son club lors de ses trois premières saisons dans le Var avant d’être stoppé dans son élan en 2011-12. Trahi par son corps, il enchaîne les blessures et vit de loin l’épopée du groupe jusqu’en finale du championnat contre Toulouse le 9 juin dernier défaite (18-12). Mais dès le début de la préparation l’été dernier, Suta montre les crocs et sa motivation. En concurrence avec Simon Shaw et Nick Kennedy à son poste, il finit par gagner sa place en deuxième ligne (sept titularisations en Top 14, deux en H Cup). « Il faut qu’il aille titiller le sélectionneur, ce doit être son ambition », soulignait d’ailleurs Bernard Laporte.

Après l’avoir côtoyé à Toulon, Saint-André a donc écouté les conseils de l’un de ses prédécesseurs et a donné sa confiance à Suta chez les Bleus. Un choix logique selon lui. « Il est affûté, pèse 113 kg et s’est imposé comme le leader de touche au RCT, analyse le sélectionneur. Il est titulaire aux côtés de (Bakkies) Botha aujourd’hui. Il est capable de gagner les duels, c’est un gros pousseur, un gros plaqueur et il peut jouer 4 ou 5. Il démontre qu’il est l’un des meilleurs deuxième ligne français. » Suta se réjouit lui de revoir son ancien coach. « On se connaît très bien, ça fait plaisir de le retrouver aussi. A Toulon, il a fait du très bon boulot. Il m’a beaucoup aidé pour progresser et se retrouve maintenant à la tête de l’équipe de France. Le meilleur reste à venir. » Très surpris de figurer dans la liste des 33 le 16 octobre dernier, Suta ne se fixe aucune limite. « Ce n’est pas une fin en soi, j’ai encore beaucoup à prouver. » Un signe de son envie constante de progresser et de son ambition de voir toujours plus haut.

Source: rugby365.fr

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  1. starlette 5 novembre 2012 at 10h

    le peu de commentaires sur ce sujet montre bien que les soldats de l'ombre ne déplacent pas les foules alors que c'est l'essence même du rugby à xv.

    les problèmes récurrent de la touche toulonnaise ont disparus comme par miracle grâce à lui et à laporte qui a su lui donner cette responsabilité et du même coup nos talonneurs sont devenus bons lanceurs

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