Quelle est votre réaction après les propos de Mourad Boudjellal (lire ici) ?
Jean-Pierre Lux : Je suis surpris par sa… surprise. J’ai appelé M. Boudjellal dès hier après-midi (mardi). Je suis étonné, car il découvre des choses qu’il devrait connaître. L’organisation des quarts et des demi-finales figure clairement dans les documents officiels qui n’ont pas changé depuis plusieurs années. Lorsque son club a signé l’accord de participation, M. Boudjellal aurait dû être informé. Chacun se voit remettre deux exemplaires (l’un en anglais, l’autre en français).

Comme ses homologues, le président de Toulon devrait ainsi savoir comment se déterminent les oppositions en phase finale. Et comme tous les autres clubs, le RCT a reçu, jeudi dernier, un mail avec communiqué de presse, indiquant dans quelles conditions et où le tirage allait avoir lieu, c’est-à-dire en direct sur le plateau de « Sky TV » ainsi que sur le site web de l’ERC (lire ici).

Il n’y a donc pas de surprise et la lettre de M. Boudjellal jette de la suspicion sur le tirage au sort, sur la façon dont cette opération se déroule et, de manière générale, sur l’ERC. Je regrette beaucoup que notre mail ait été égaré je ne sais où au RCT.

On vous sent remonté à l’encontre du président toulonnais…
J.-P.L. : Non. Il s’agit d’une polémique complètement stérile et ridicule, un point, c’est tout. Si M. Boudjellal a envie de faire parler de lui, c’est son problème. Mais bon, je trouve que sur ce plan-là, tout est clair. D’ailleurs, parmi les autres clubs qualifiés, personne ne s’est manifesté sur une quelconque opacité éventuelle de ce tirage.
L’an dernier, celui-ci avait également eu lieu en direct, mais en France cette fois, sur France Télévision, à « Stade 2 » (car la finale avait été programmée en France, à Saint-Denis, ndlr). Il avait été chanceux pour les clubs français puisque les deux demi-finales s’étaient déroulées en France.

Cette année, malheureusement, ce n’est pas le cas, et elles se disputeront en Grande-Bretagne. De là à dire que le lieu de la finale influe directement sur la programmation des demies, c’est totalement aberrant. Il y a des choses nettement plus importantes que ce type de polémique.

Est-ce que le RCT sera pénalisé après les déclarations intempestives de son président ?
J.-P.L. : Bien sûr que non. J’ai simplement dit à Mourad que je répondrai à sa lettre. On a s’est déjà contactés de vive voix. Il m’en a remercié et m’a répondu : ’Si les explications que tu me donnes sont conformes, il n’y a pas de problème.’ Il les recevra également par lettre. Je lui ai dit, d’ores et déjà, que le tirage avait été effectué en présence d’un huissier pour contrôler les modalités.

Mourad Boudjellal souhaiterait qu’à l’avenir, les clubs concernés soient représentés au moment du tirage…
J.-P.L. : Cela fait deux ans que nous organisons ce tirage au sort le dernier jour, aussitôt après le tour 6. Auparavant, il avait lieu le mardi suivant et cela était sujet à une cérémonie spéciale en présence des médias. On demandait à chaque club qualifié d’y mandater un représentant. C’était intéressant car il s’agissait d’un vrai vecteur de promotion pour nos compétitions.

Si on a arrêté de le faire, c’est à la demande des clubs. Ceux-ci n’étaient pas très contents, et je peux les comprendre, car il fallait aller parfois à Cardiff, Dublin ou Edimbourg et cela faisait perdre une voire deux journées à des joueurs. Dès lors, on a changé le mode de fonctionnement et les chaînes de télévision ont accepté de jouer le jeu en direct. Il n’y a donc pas de tirage en catimini dans les bureaux de l’ERC à Dublin, comme je l’ai entendu. Ces affirmations erronées m’énervent !

S’il faut revenir, l’année prochaine, à un tirage au sort effectué deux jours après la dernière journée de phase de poules, avec la présence OBLIGATOIRE de tous les clubs qualifiés, on s’y emploiera avec plaisir. Et si Mourad veut venir, il sera évidemment le bienvenu. S’il a des idées – et je sais qu’il en a de fort intéressantes – sur le déroulement du tirage ou sur autre chose, il les fait remonter auprès du représentant français au Comité directeur de l’ERC. On veut me faire passer pour le représentant des clubs français au sein de cette instance, mais je ne le suis pas; j’en suis le président.

De manière générale, est-ce que la formule actuelle des coupes d’Europe est tout à fait satisfaisante ?
J.-P.L. : Cette formule a été déterminée à l’unanimité, pour une durée de 7 ans, soit jusqu’en juin 2014. Cela me paraît donc complètement inopportun, pour le moment, de parler de changement. Lors des derniers accords, signés fin 2007, je peux vous dire que la formule de la H Cup, sur un plan sportif, a été réglée en cinq minutes au niveau des discussions. Si elle n’était peut-être pas idéale, les intervenants avaient, alors, estimé qu’il s’agissait du meilleur compromis possible en terme de positionnement et en terme de nombre de journées.

Ensuite, si les gens veulent changer en 2014, s’ils veulent plus ou moins de dates, une nouvelle disposition dans le calendrier, il y aura discussion. Je ne suis pas fermé<ET>! D’ailleurs, je ne serai certainement plus en place, à ce moment-là. Ce que je peux dire aujourd’hui, c’est qu’en 10 ans, cette compétition a connu un essor fulgurant.

Quatre clubs français disputeront les quarts de finale de la H Cup. Est-ce vraiment un signe de la bonne santé du rugby français des clubs ?
J.-P.L. : Absolument. Il faut se souvenir que voici deux ans, il y en avait qu’un (Toulouse) en quarts et celui-ci avait été éliminé à ce stade de la compétition. Le rugby français des clubs a le vent en poupe actuellement. Comme l’année dernière, il y a encore quatre équipes qualifiées en quarts.

De plus, en Challenge Européen, il y en a cinq. Il y a peu encore, tous les clubs français prétendaient que cette compétition ne valait rien et ils disaient qu’ils s’en foutaient. Désormais, s’il y a autant de qualifiés, cela signifie que le niveau général des clubs français a beaucoup évolué par rapport à leurs homologues anglais qui étaient les adversaires principaux. J’en veux notamment pour preuve les victoires de La Rochelle à Gloucester et de Brive à Sale sur le terrain de clubs anglais performants.

Les deux quarts de H Cup franco-français auront lieu en… Espagne. Est-ce réellement judicieux ?
J.-P.L. : L’organisation des quarts de finale revient aux clubs. Il y a sept ans, la Ligue française (LNR) avait permis pour la première fois à Biarritz d’aller jouer à San Sebastian. Depuis, elle l’a également autorisé pour des matches de championnat de France. Après, c’est vrai, on peut toujours trouver à redire, mais si comme Biarritz, vous avez un stade de 30 000 places (Anoeta) à 25 kilomètres de chez vous, votre intérêt, c’est d’y aller. En tous, à l’ERC, ce genre de démarche ne nous gêne en aucun cas.

Vous êtes attaché à la présidence de l’ERC au point de briguer un nouveau mandat (les candidatures ont été closes le 7 janvier et Jean-Pierre Lux est en compétition avec l’Anglais Peter Wheeler)…
J.-P.L. : C’est effectivement une charge qui me tient à cœur. Je comprends que l’on puisse dire que cela fait un petit moment que j’y suis. Contrairement à ce que certains peuvent laisser entendre, j’ai toujours essayé de faire le maximum pour les clubs français dans le cadre d’un consensus avec les autres pays. Alors oui, je suis attaché à cette mission dans la mesure où lorsque j’ai entamé mon premier mandat, il y avait deux employés à mi-temps à l’ERC et aujourd’hui, il y en a dix-neuf. L’instance a progressé à tous les niveaux y compris budgétairement. Si je me représente, c’est à la demande de la plupart des pays (Italie, Irlande, Pays de Galles, Écosse,…), car pour eux, j’étais le garant d’une continuité dans le travail qui a été fait, tout simplement. Dans le cas contraire, j’aurais passé la main.