Jacques Delmas: « A l’époque, j’étais prothésiste dentaire »
Jacques Delmas: « A l’époque, j’étais prothésiste dentaire »
Le mardi 18 août 2015 à 11:50 par David Demri
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Jacques Delmas, l’entraîneur des avants de Toulon (57 ans), était déjà en poste en 1995, à Narbonne. Vingt ans plus tard, il est le seul à encore exercer en Top 14 et mesure l’ampleur des changements vécus par le rugby.
« Notre sport est aujourd’hui beaucoup plus exigeant qu’il ne l’était au milieu des années 1990. Mais il ne sert à rien de comparer, tant les statuts et les moyens étaient différents. Moi, j’étais prothésiste dentaire et je me souviens que je quittais le labo à 18 heures pour foncer au stade. C’était encore un monde de pluri-actifs, où on s’entraînait après le boulot trois à quatre fois par semaine, avec un entraîneur devant et un autre derrière. Il y avait beaucoup d‘échanges avec les profs de gym, par ailleurs nombreux à entraîner une équipe de rugby. Le plus souvent, on s’occupait soi-même de la préparation physique. En grossissant le trait, c’était encore un peu “saute-mouton” à l’échauffement !
On travaillait sous la chaleur, on ne buvait pas pendant l’entraînement. Pourquoi ? Et pourquoi pas ? On ne peut pas répondre. C’était comme ça, point ! Mais, dans vingt ans, on rigolera de ce que l’on faisait en 2015… C’était un autre monde, avec un seul docteur et un kiné. Et, pour consulter le médecin en semaine, il fallait aller à son cabinet où il y avait un créneau strict de deux heures, bloqué pour les joueurs, mais pas plus. L’analyse vidéo, c’était à l’ancienne, au magnétoscope, chez Robert Bru, conseiller technique du club (Narbonne à l’époque). Puis, le professionnalisme a créé de nouveaux métiers. Les staffs se sont élargis avec l’émergence des préparateurs physiques, des analystes vidéo pour maîtriser les nombreuses données et statistiques. Tout est devenu plus méthodique et précis, y compris pour le suivi médical.
Évidemment, le jeu a évolué, notamment grâce aux règles car le législateur a fait beaucoup de très bonnes choses. Par exemple, les blocs de saut, la codification du “lifting”, ont modifié la nature de l’alignement. C’est beaucoup plus clair et limpide aujourd’hui. L’une des évolutions majeures aussi, c’est le gabarit et la polyvalence des joueurs. Les avants et les trois-quarts avaient des tâches différentes. J’entraînais dans un rugby qui se jouait parfois encore avec huit avants et sept trois-quarts. Aujourd’hui, les joueurs doivent savoir tout faire. J’ai entraîné Didier Codorniou (1,69 m, 69 kg), et je ne me souviens pas de lui avoir demandé une seule fois d’assurer le nettoyage dans un ruck…
Et il y a eu la mondialisation, comme partout. Les étrangers, joueurs et entraîneurs, sont arrivés progressivement, c’est l’argent qui a généré cela. Et, inversement, quelques Français se sont exilés en Angleterre dans les années suivant 1995 (Sella, Thierry Lacroix, Cabannes, Bénézech, Castaignède, Philippe Saint-André, Benazzi). Finalement, le constat indéniable, c’est qu’aujourd’hui le rugby est plus attrayant et je pense que Canal +, qui s’est énormément impliqué et investi avec la LNR, y est pour beaucoup (voir par ailleurs). Notre Championnat attire les stars de l’hémisphère Sud et remplit des stades de foot. Or, je me souviens qu’à Narbonne on était contents de jouer devant 5 000 personnes… »
Source: lequipe.fr – Propos recueillis par HAMID IMAKHOUKHENI
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JACQUES !.. :yes: Intéressant ce pti retour sympa en arrière . Et tellement vrai en plus , et personne se plaignait car tout semblait normal en cette belle époque . Nostalgie quand tu nous tiens !.. 😎 Avec l’énorme privilège que vous ayez connu et pratiquer tout ça . Le passé + le présent . BRAVO JACQUES !.. d’être encore parmi nous . 😉