Imanol Harinordoquy: « Bernard Laporte mettait une énergie incroyable dans les discours »
Imanol Harinordoquy: « Bernard Laporte mettait une énergie incroyable dans les discours »
Le vendredi 30 mai 2014 à 16:09 par David Demri
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Interrogé dans les colonnes du Midi Olympique, le Biarrot Imanol Harinordoquy explique comment préparer une finale. Extrait:
Comment prépare-t-on une finale de Top 14 ?
Ce sont des semaines très particulières. Le joueur est, tour à tour, sollicité par les médias, les proches ou les amis qui veulent des places… Il faut savoir se protéger de tout ça, s’enfermer dans une bulle et ne penser qu’à une chose : le match.
Un commando, quoi…
On ne s’enferme pas dans un bunker non plus. La vie ne s’arrête pas. Mais il est nécessaire de se préserver de l’extérieur. À l’époque où nous préparions nos finales, Capgemini nous mettait à disposition le château de Chantilly (qui sera de vendredi à samedi le lieu de résidence des Castrais, N.D.L.R.), en banlieue parisienne. Le cadre était magnifique. Nous avions tout à portée de mains, terrain d’entraînement, salle de musculation, antichambres de récupération… Ces semaines-là, on s’accordait juste une escapade à Paris pour se changer les idées. Nous pouvions aussi aller pêcher dans l’étang qui jouxtait la propriété. C’était l’idéal.
Redoutiez-vous la blessure plus que d’habitude ?
Non. Un joueur ne pense jamais à la blessure. En revanche, on ne faisait aucun entraînement en opposition. Dès lors que vous disputez une finale, cela signifie que vous êtes prêts : vos lancements de jeu sont connus de tous, les annonces en touche aussi… La semaine sert simplement aux derniers réglages, à la récupération.
Est-il difficile de trouver le sommeil la veille ?
Cela dépend des gens… La veille de ma première finale, j’ai rêvé du match dans son intégralité. J’avais laissé beaucoup d’énergie dans mon sommeil cette nuit-là. Quid du discours d’avant match ? Il ne doit pas avoir lieu trop tôt dans la semaine. Je me souviens de la finale 2010 (en Coupe d’Europe, face à Toulouse). Notre semaine de préparation n’avait pas été optimale, pour diverses raisons. Deux jours avant le match, Nicolas Brusque nous avait fait un discours magnifique mais qui, à mon sens, était arrivé trop tôt. J’aurais voulu l’entendre dans les vestiaires, juste avant de partir au combat. […] Le discours d’avant match, c’est une arme à double tranchant. Moi, j’ai besoin de l’entendre. D’autres y laissent des plumes.
Vous avez longtemps côtoyé Bernard Laporte en équipe de France. Est-il doué pour ce genre de choses ?
À l’époque où j’ai débuté en équipe de France (en 2002), Bernard mettait une énergie incroyable dans ces discours. Il nous réunissait au Concorde Saint-Lazare, la veille du match, après le dîner. Quand on sortait de là, on était prêt. On aurait voulu que le match commence immédiatement.
Lequel des discours de Laporte vous a-t-il le plus marqué ?
Un soir, peu avant d’affronter les Anglais à Paris, il nous a fait un discours inoubliable. Il était tout rouge, écrivait par terre,
sur les murs… Il était en transe ! Blague à part, quelques-unes de ses prises de parole me suivront à jamais.
Que faisiez-vous, en attendant le coup d’envoi ?
Le dernier jour est le plus long. Tu dors mal, tu te réveilles aux aurores et tu attends que ça passe. Je ne dors jamais en journée alors, pour passer le temps, je buvais quelques cafés au bar. L’attente est infernale. Ton corps attend d’en découdre depuis des semaines et à l’intérieur, ça bouillonne…
Comment viviez-vous la cérémonie d’avant match et le salut présidentiel ?
À ce moment-là, l’échauffement est terminé, tu as revêtu le maillot et jaugé tes adversaires dans le tunnel. Tu fais abstraction de tout. Le reste n’existe plus.
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Ça donne envie d’y être!!