Hugo Bonneval sort du silence et évoque son avenir, sa blessure, ses regrets et sa prochaine reconversion
Hugo Bonneval sort du silence et évoque son avenir, sa blessure, ses regrets et sa prochaine reconversion
Le jeudi 9 septembre 2021 à 12:51 par David Demri
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L’ancien arrière du Rugby Club Toulonnais et du Stade-Français Paris, Hugo Bonneval s’est longuement confié dans l’émission Poulain Raffûte diffusée sur Rugbyrama.
Lors de ce long entretien, l’arrière international Français a fait un point sur sa carrière.
Pour commencer, il indique être blessé à un genou. Extrait:
« J’ai terminé mon contrat avec la Section Paloise le 30 juin dernier. Je me suis fait opérer du genou une nouvelle fois, c’est la cinquième fois. Depuis la première opération de mon genou et de mes croisés en 2014, c’est une obsolescence programmée. J’ai toujours un bout de ménisque qui se balade, un bout de cartilage qui coince. C’est vrai que sur les deux derniers années, je suis à chaque fois passé par la case opération. J’ai refais une arthroscopie avec une mosaïque reconstructive pour dire que j’avais un trou dans le cartilage. Donc ils percent pour que ça saigne et que ça coagule et pour que les trous se bouchent. Voilà où j’en suis. »
Il explique ensuite sa décision de quitter le Stade-Français pour Toulon en 2017. Extrait:
« La première des choses c’est que j’arrivais à un moment de ma vie où j’avais 26 ans et j’avais la possibilité de resigner avec le Stade-Français. Plusieurs joueurs ont quitté le club comme Sinzelle, Slimani, Doumayrou, Lakafia… Moi, je me disais qu’à 26 ans, le choix était simple : soit je resigne au Stade-Français et je ne connaitrais qu’un club dans ma carrière car ce n’est pas à 29 ou 30 ans que je partirais, soit je tente un coup. J’avais déjà discuté avec Toulon les années précédentes mais j’étais beaucoup trop jeune à mon goût, c’était lors des années Laporte. Je n’avais aucune légitimité et je n’avais aucune envie de partir. Et là, ça s’est fait d’une manière différente, j’étais un peu plus âgé et j’arrivais face à ce choix un peu difficile qui était de rester à Paris ou quitter Paris. Mais à 30 ans, je ne serais pas parti de Paris car mes enfants auraient été scolarisés à Paris et ma vie aurait été à Paris. Donc j’ai fait ce choix personnel. »
La fusion envisagée avec le Racing 92 l’a également fait fuir. Extrait:
« Et quand tu vois la fusion voulue avec le Racing et cette envie de Monsieur Savare de vendre le club, tu comprends un peu pourquoi d’autres joueurs sont partis. Peut-être qu’il fallait réduire les masses salariales pour trouver un acheteur afin qu’il puisse venir avec ses idées et son projet et qu’il ne se retrouve pas avec une masse salariale énorme qui ne lui donne finalement pas envie d’acheter. C’était une année particulière pour beaucoup. »
Lors de sa grave blessure contractée au RCT, Hugo Bonneval explique avoir demandé à Patrice Collazo de pouvoir effectuer sa rééducation aux Etats-Unis. Extrait:
« Le début de ma dernière saison à Toulon, je me suis blessé gravement aux ischio-jambiers. Tout était arraché à gauche. J’ai commencé ma rééducation avec toujours le même processus. Et en discutant avec Alex Marco le préparateur physique et aussi avec Patrice Collazo qui a été très honnête avec moi, je leur ai demandé si je pouvais aller faire ma rééducation à l’étranger. Et j’ai obtenu l’accord de partir à Miami pour faire ma rééducation avec ma femme et mes enfants. Ca a été une bouffée d’oxygène car ils sont aussi très bons, ils sont à la pointe. Je suis ensuite revenu à Toulon, la saison s’est terminée à cause du Coronavirus et derrière je signe à la Section Paloise. La blessure au genou revient et je repasse sur le billard. »
Il précise ne pas avoir véritablement de regrets d’avoir quitté Paris pour Toulon. Cependant, c’est une fois à Toulon qu’il s’est rendu compte combien il a eu de la chance de pouvoir vivre ce qu’il a vécu avec le Stade-Français Paris. Extrait:
« Des regrets non, mais je me rends compte aujourd’hui que la chance que j’ai eu à ce moment-là. Ce ne sont pas des regrets mais juste un regard extérieur. Quand tu es dans le truc, tu le vis au quotidien. Mais en ayant quitté le Stade-Français, tu te dis que c’était dingue, c’était génial, c’était incroyable. Mais quand tu es dedans, tu ne te le dis pas car tu ne connais que cela, tu n’as vécu qu’à Paris et tous les soirs de la semaine, tu peux aller manger au resto en étant tranquille. Tu es inconnu à Paris. Tu peux sortir dans une boîte différente tous les week-ends pendant un an (rire). Puis sur le terrain, on avait une équipe de dingue. On avait un énorme groupe. On était une dizaine à avoir été en jeune ensemble, voire même une quinzaine, et avec le recul, c’est dingue ! »
Désormais, il souhaite pouvoir se rétablir rapidement de son genou avec une idée en tête : pouvoir rejouer au rugby du côté de Miami, en Major League. Extrait:
« Aujourd’hui, je veux surtout que mon genou aille bien et qu’il soit compétitif pour que moi en tant que joueur je sois compétitif et que je sois à 100% impliqué dans la performance et non pas dans la crainte et la douleur. Mais j’ai envie de jouer. Je vais avoir 31 ans en novembre. J’aime encore ça. Fin juin je suis reparti aux Etats-Unis pour refaire une préparation vis-à-vis de mon genou. Je veux que mon corps son maximum pour rejouer. En fonction de tout cela, je verrais ce qui s’offre à moi et où j’en suis en tant que joueur et en tant que papa. Mais oui, j’aimerais encore jouer. »
Blessés à de nombreuses reprises au cours de sa carrière, il préfère relativiser et accepter plutôt que de se miner le moral. Extrait:
« C’est dur mais ça fait partie de la vie d’un sportif. Il faut l’accepter. Il y a des joueurs qui sont plus fragiles que d’autres, d’autres ne se blessent jamais, d’autres se blessent mais toujours au bon moment et peuvent jouer les matches les plus importants, d’autres se blessent toujours au pire des moments. La seule chose que tu peux faire, c’est donner le meilleur de toi-même. Je sais que j’impose encore beaucoup de choses à mon corps car je ne veux pas avoir de regrets. Je n’ai pas encore la force mentale de me dire que c’est terminé. Donc je fais tout mon possible pour essayer de continuer. J’ai toujours le rugby dans une grosse partie de ma tête. »
Une chose est sûre : il n’a pas encore envie de raccrocher les crampons. Extrait:
« Mentalement, je n’ai pas encore raccroché. J’essaye de faire autre chose en ce moment car j’ai des investissements immobiliers et j’essaye de faire mon bout de chemin à côté. Mais mentalement, je n’ai pas encore changé de casquette. Donc c’est compliqué de fermer vraiment le livre rugby et d’en ouvrir un autre à 100%. Mais ma maman m’a poussé à faire des études et pour pas que j’arrête à 18 ans. J’ai fait mon école de commerce car ma mère ne m’a pas lâché. Et ça m’a toujours plu de découvrir d’autres choses. A travers le rugby, tu rencontres des gens à un âge assez jeune que tu n’aurais jamais rencontré si tu étais salarié. Et il faut mettre à profit ces opportunités et cette chance que l’on a de pouvoir croiser des présidents de boites et de clubs, des mecs très compétents et qui ont un niveau sociaux-culturels d’un mec de 20 ans. »
Pour conclure, Hugo Bonneval évoque sa reconversion. Elle se fera dans l’immobilier et aux USA. Extrait:
« Je me fais à l’idée que ça va arriver petit à petit, plus rapidement que ce que j’aurais aimé. Mais c’est comme ça. J’ai eu cette chance, maintenant, il faut basculer alors basculons à 100%. Mais je ne veux pas le faire à moitié. J’essaye de préparer mon après-carrière, j’ai des placements immobiliers, on a ouvert une société immobilière aux Etats-Unis avec ma compagne car l’immobilier est très différents aux USA. J’ai ça, ça m’intéresse, je veux le faire grossir et pas me retrouver en slip une fois que tout s’arrête. C’est pour cela que je n’appréhende pas plus que ça. Je ne suis pas à poil derrière. J’essaye de mettre de plus en plus de choses en place pour que la transition se fasse d’une manière plus facile. Dans 10 ans, je pense qu’on sera aux Etats-Unis car on a la Green Card et à terme on posera nos valises là-bas. Je ne sais pas quand, mais on a, avec ma compagne et nos enfants, cette envie à terme de vivre aux Etats-Unis. »
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3 Commentaires
Sa reconversion, je la verrais bien dans la mode.
31ans, 3/4 et surtout blessures à répétitions avec un projet de reconversion consistant.
Il devrait songer a toutes ces années en famille et en a peu près bonne état qu’il lui reste à vivre.
On ne peut pas être et avoir été.
Voilà un super joueur de rugby qui ,malheureusement ,a eu très peu de chance de s’exprimer à cause de ses blessures.
Il mérite vraiment une autre chance dans un grand club et c’est bien dommage qu’il aille jouer aux États-Unis.
Bon vent,