Grégory Alldritt : « Ça fait partie des critères pour lesquels j’ai choisi La Rochelle et que je prolonge »
Grégory Alldritt : « Ça fait partie des critères pour lesquels j’ai choisi La Rochelle et que je prolonge »
Le samedi 4 janvier 2025 à 8:53 par David Demri
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Le choc de la 14e journée de Top 14 entre La Rochelle et Toulouse sera accompagné ce samedi soir (21h05) d’un « show d’envergure » pour fêter le centième match consécutif à guichets fermés à Marcel-Deflandre, stade de 16.700 places. La belle histoire d’une ville qui vit littéralement pour son club de rugby.
Neuf ans qu’ils prennent la poussière à l’entrée du stade Marcel-Deflandre. Jamais rouverts depuis le 2 janvier 2016 et la réception du Castres Olympique, les guichets du stade de La Rochelle resteront de nouveau fermés ce samedi 4 janvier 2025 pour… la centième fois consécutive en Top 14. Un cap symbolique que le club à la caravelle compte bien fêter comme il se doit face au leader du championnat, le grand rival toulousain. Impossible de rêver meilleure affiche pour ce que le club de Charente-Maritime définit comme « un record dans le rugby français ».
« Pour nous, c’est important de marquer le coup pour remercier tous ceux qui ont contribué à ce succès », souligne Pierre Venayre, le directeur général du Stade Rochelais. « Par des animations autour du match, des temps forts en amont de la rencontre. La Ligue a bien fait les choses en prévoyant une confrontation contre notre meilleur ennemi. Est-ce le hasard? Je ne sais pas, on n’a pas fait de demande particulière. Les algorithmes ont fait qu’on est tombé sur ce match-là (sourire). Et tant mieux. » Un « show d’avant-match d’envergure » est notamment au menu des festivités, avec « pyrotechnie, show lumineux et spectacle de danse ».
La course permanente aux rares billets mis en vente en ligne
Dans le vestiaire rochelais, l’événement fait briller les yeux. Entre autres ceux de l’ailier sud-africain Dillyn Leyds, qui a fêté en juin sa centième apparition sous le maillot du club double champion d’Europe (2022, 2023): « C’est quelque chose de spécial pas seulement pour le club ou à la ville mais pour le sport en général. On doit dire merci à tous nos supporters. Je croise des gens en ville, au supermarché, qui me demandent souvent si c’est possible d’avoir un billet pour le match parce qu’ils n’arrivent pas à en acheter. »
Avec 14.000 abonnés et plus de 1000 partenaires au compteur du club maritime, Marcel-Deflandre en est devenu un stade hautement prisé, une forteresse de 16.700 places devant laquelle beaucoup se cassent les dents pour y pénétrer, tant les très attendues mises en vente sur la billetterie en ligne destinée au grand public sont prises d’assaut. « Je ne revendrais mon abonnement pour rien au monde, je ne veux même pas en entendre parler (rires). Je préfèrerais perdre ma carte bancaire plutôt que ma carte d’abonné », image Maxime Collin, fidèle de longue date qui n’a raté aucune miette des 99 précédents matchs à « guichets fermés » depuis les tribunes, en compagnie de son fils et des Bagnards, ces supporters vêtus de jaune et noir de la tête au pied.
La série en quelques chiffres:
Nombre de supporters ayant franchi les portes de Marcel Deflandre : 1.592.780
84 victoires en 99 matches (85% de victoires)
Joueurs les plus utilisés lors de cette série : Uini Atonio (71) – Romain Sazy (70)
Nombre de points marqués : 2976 (avant le 100ème)
Plus large victoire : 81-12 vs UBB le 25 mai 2019
La plus grande série d’invincibilité : 21 matches sans défaite, du 20 août 2016 au 25 février 2018, les Rochelais avaient enchaîné 19 victoires et 2 nuls.
Le président de l’emblématique club des Bagnards est l’un des témoins directs de cette ferveur grandissante, presque délirante. « J’ai connu les bancs en bois, avec 500 supporters. Là, quand on voit la liste d’attente (7.500 personnes), les gens qui se « bousculent »… J’ai des messages toutes les semaines voire tous les jours pour savoir si je ne peux pas aider des personnes à avoir des places », confie-t-il à RMC Sport. « J’aimerais bien mais je ne suis pas magicien (rires). C’est juste exceptionnel, cet engouement. Il y aurait 6.000 sièges de plus, le stade serait plein quand même. »
Des Rochelais inspirés par… une franchise NBA
« Même si on appelle les supporters pour venir à minuit, je pense que tout le monde serait là », s’en amuse, impressionné, le pilier rochelais du XV de France Uini Atonio, l’un des chouchous de Deflandre, joueur le plus utilisé lors de cette série (71 matchs). « Ça montre à quel point nos supporters sont fidèles. On a vraiment la chance d’avoir une ville qui est derrière l’équipe. Dans les hauts comme dans les bas, ils sont toujours là. Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il fasse 40°C, ils sont toujours là pour nous. Cent guichets fermés, c’est assez incroyable. »
« C’est assez émouvant, aussi. Jamais on n’aurait imaginé ça », confesse le « DG » Pierre Venayre au moment de rembobiner le fil. « En fait, on a commencé à centrer notre stratégie de développement marketing, notamment de la billetterie, autour d’une stratégie de guichets fermés en 2015, au contact d’un ancien manager des Minnesota Timberwolves, une franchise NBA, et qui lui avait enchaîné plus de 850 matchs consécutifs à guichets fermés. Nous, on n’avait pas commencé la série et je vous avoue qu’à l’époque, si on nous avait dit 100 matchs consécutifs, ça nous aurait semblé assez fou ! »
S’il « espère que ce succès de 100 matchs consécutifs à guichets fermés va être aussi reconnu par le monde du rugby », cet ancien centre du Stade Rochelais (2001-2008) tient à « remettre les choses en perspective ». « Il faut aussi avoir la modestie de savoir que ce n’est qu’un stade, entre guillemets, de 17.000 places. Bordeaux a des affluences moyennes plus importantes que les nôtres. On a aussi la chance de bénéficier d’une zone de chalandise particulière. Le seul autre club de sport professionnel en première division à une heure et demie de La Rochelle, c’est le Stade Rochelais Basket (sourire). Maintenant, quand on en est à 100, on n’a vraiment pas envie que ça s’arrête. Le drame, ce sera le jour où ça s’arrête. »
Alldritt: « On se donne rendez-vous à 150 ou 200 »
Cette perspective, Grégory Alldritt, n’y pense guère. « On se donne rendez-vous à 150 ou 200 », se projette déjà le capitaine de La Rochelle, si fier de cette inédite série. « C’est juste fabuleux! Cette ferveur fait partie des critères pour lesquels j’ai choisi La Rochelle, il y a sept ans, et pour lesquels je prolonge avec plaisir dans ce club. J’espère que ce sera une belle fête pour les supporters. Le club va faire les choses en grand. On va essayer de leur offrir aussi un petit cadeau sur le terrain. »
Quand bien même le club maritime a remporté 84 des 99 précédents matchs de Top 14 à guichets fermés, Pierre Venayre n’en oublie pas que le Stade Toulousain s’est imposé trois fois à Deflandre depuis 2019. « Attention à ne pas se tromper. Ce n’est pas une kermesse, c’est une grosse affiche, ça reste un match de rugby. On est vigilants aussi à ce que l’ensemble du club se prépare à ça. On sait que, de toute façon, cette journée ne sera une belle fête que s’il y a victoire. »
Quant à la suite? Si la rénovation du stade est dans les cartons et devrait prochainement porter la capacité de Marcel-Deflandre à près de 18.000 places, le directeur du Stade Rochelais ne veut « ne pas voir trop grand, trop vite », sa maxime. « L’objectif, c’est de rester plein tout le temps et dans la durée. J’ai joué au club dans les années 2000, en Pro D2, et on pouvait, les week-ends d’hiver, s’allonger dans les tribunes parce que le stade était loin d’être plein. Donc on a cette photo en mémoire, on sait d’où on vient et on mesure que même s’il y a des fondations très solides, tout ça reste fragile, parce que ça repose sur un état d’esprit, un collectif, une performance sportive, un engouement, une passion… et dans cette passion, il y a une part de magie qu’on ne maîtrise pas. » En tout cas, jusqu’ici, c’est peu dire que la magie opère du tonnerre.
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