Interrogé par le Midi Olympique, le manager du Stade-Français, Gonzalo Quesada se confie au sujet de la finale Européenne opposant le Rugby Club Toulonnais à Clermont.

Selon lui, l’ASM a tout intérêt à jouer tous les ballons et écarter rapidement sur les ailes pour battre le RCT. Extrait:

Le Stade français a battu Toulon à deux reprises cette saison. Quelle est la recette ?

Il faut relativiser ! Lorsque nous avons gagné à Mayol, il leur manquait de nombreux joueurs. Et nous avons profité du contexte. Maintenant, pour battre Toulon, il n’y a pas dix mille formules. Pour moi, la clé n’est pas technique, ni stratégique, elle est psychologique. L’équipe de Toulon est composée de grands champions avec de l’expérience, de la maturité et probablement beaucoup d’euphorie à l’approche d’une finale. Ce sont des joueurs qui ont l’habitude de ces grands rendez-vous. Les finales, ils ne les jouent pas, ils les gagnent. Ils sont dans une spirale positive. Ils ont une culture de la gagne fortement imprégnées en eux. Et si Clermont laisse l’opportunité à Toulon de prendre l’avantage au score, ils ne pourront pas les arrêter. Quand les Varois mènent au score, ils ne se posent pas de question et ne craquent pas. En revanche, quand ils sont obligés de prendre le jeu à leur compte, ils peuvent peut-être se retrouver en difficulté. Surtout, Clermont a joué beaucoup de finale, sans les gagner. Ils peuvent vite cogiter pour ne pas voir resurgir ce complexe. Si les Auvergnats veulent gagner, ils seront obligés de prendre le score et de gérer leur avance.

Pourtant, lors de la finale 2013, Clermont avait pris l’avantage au score avant d’être battu sur un essai après un ballon perdu sur turnover…

C’est l’une des forces de cette équipe de Toulon. Avant ce fameux turnover, Toulon n’avait jamais gagné de Coupe d’Europe. Depuis, ce club en a gagné deux. Et va chercher à réaliser le triplé historique. C’est pourquoi, si les Clermontois laissent les Toulonnais mener le match, ils ne pourront pas gagner. Plus le RCT se rapprochera de cet exploit, moins l’ASM pourra les contrer. C’est ma perception de cette finale qui sera une guerre plus psychologique que stratégique.

Mais d’un point de vue stratégique, justement, comment le club clermontois peut-il perturber le double champion d’Europe en titre ?

Je ne vais pas parler de conquête, de discipline ou de défense. C’est trop évident pour une finale comme celle-ci. Lorsque nous avons battu Toulon, nous nous étions fixés comme objectif d’obliger Mathieu Bastareaud ou Stefon Armitage à plaquer. Ces deux joueurs ont une telle capacité à contester les ballons, à gratter de précieuses munitions, qu’il faut les contraindre à défendre. Pendant qu’ils plaquent, ces deux-là ne sont pas au « contest ». Il faut donc identifier les zones de jeu où ils se trouvent pour éviter d’offrir des ballons de récupérations aux Toulonnais. D’autant plus que Toulon exploite à merveille les ballons de contre.

Vous attendez-vous à une rencontre très fermée où l’occupation par du jeu au pied sera primordiale ?
Je suis prêt à parier que Clermont va proposer un gros volume de jeu. Je ne serai vraiment pas étonné de voir les Clermontois essayer d’écarter un maximum de ballon pour déplacer leurs adversaires en s’appuyant sur une très bonne conservation du ballon. Je n’imagine pas l’ASM s’appuyer sur du jeu au pied d’occupation ou essayer de rentrer dans un jeu à zéro risque. Ils savent le faire. Si Brock James est titulaire, il le fait d’ailleurs extrêmement bien, ils en profiteront probablement un peu mais uniquement à bon escient et avec une forte pression. Mais je les vois très bien essayer de confisquer le ballon et enchaîner de longs temps de jeu. C’est peut-être la seule façon de battre de Toulon. Mais je peux me tromper…