Gonzalo Quesada analyse les points forts et les points faibles de Sexton et Michalak

Gonzalo Quesada analyse les points forts et les points faibles de Sexton et Michalak

Le dimanche 11 octobre 2015 à 11:43 par David Demri

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quesadaLe duel des ouvreurs Frédéric Michalak – Jonathan Sexton pèsera sur la rencontre. L’Irlandais paraît plus fort, mais la réalité du match pourrait bien donner l’ascendant au Français.

L’un, Johnny Sexton, détient les clés du système de jeu irlandais élaboré par Joe Schmidt, son sélectionneur. L’autre, Fred Michalak, apporte un zeste de finesse à ce rugby français coulé dans le muscle. Le sort de leur équipe en quarts de finale (Nouvelle-Zélande ou Argentine ?) découlera en grande partie de leur dextérité sur le terrain. Alors qui, du pragmatique Johnny ou de l’instinctif Freddy, sera le plus fort ?

LEADERSHIP ÉGALITÉ

MICHALAK

Avec trois Coupes du monde (2003, 2007, 2015) et 74 sélections depuis 2001, l’ouvreur toulonnais (32 ans) est un taulier. Il jouit de la confiance absolue de Philippe Saint-André, et d’une grande complicité avec le capitaine, Thierry Dusautoir. Sa carrière, avec ses hauts et ses bas, inspire du respect à ses partenaires qui apprécient son caractère facile et sa force de travail, notamment dans les tirs au but. « Il est le vrai patron de l’équipe, observe l’ancien ouvreur argentin Gonzalo Quesada, entraîneur du Stade Français. C’est par lui que se structure toute l’animation offensive. »

SEXTON

Il n’a démarré sa carrière internationale qu’en 2009. À trente ans, il compte déjà 58 sélections, ce qui en dit long sur le rôle qu’il tient depuis six ans. Parfois ombrageux et colé­rique, très exigeant envers les autres et lui-même, Sexton est un chef, un vrai. Joe Schmidt, qui l’a également entraîné au Leinster, avec deux succès en Coupe d’Europe (2011 et 2012), en a fait son homme de base. Demain, l’ouvreur honorera sa 32e titularisation d’affilée en sélection. « Sexton est un peu plus jeune que Michalak, note Quesada, mais il a tellement joué de gros matches qu’il a autant d’expérience que lui. »

CHIFFRES

14

Le nombre de matches disputés en 3 Coupes du monde par Michalak (136 points marqués)

7

le nombre de matches disputés en deux Coupes du monde par Sexton (46 points)

ANIMATION OFFENSIVE AVANTAGE SEXTON

(Michalak)

Il y a eu deux Michalak dans ce Mondial. L’un frileux contre l’Italie (30-12), trop respectueux des consignes, et l’autre instinctif et audacieux face au Canada (41-18). Dans ce quinze de France taillé pour concasser ses adversaires, le Toulonnais semble être le seul joueur susceptible de faire jaillir une étincelle, de créer des brèches grâce à sa lecture du jeu, ses passes imprévisibles au pied ou à la main, et ses franchissements. « C’est quelqu’un qui sent le jeu et sait voir les espaces, dit Quesada. Aujourd’hui, il est capable d’alterner entre jeu au ras ou au large, et jeu au pied. »

(Sexton)

Sexton n’anime pas, il récite. Il reproduit sur le terrain les schémas répétés à l’entraînement. Tout ça manque un peu de fantaisie ? Peut-être, mais c’est tellement efficace. Revoyez ses nombreuses passes redoublées exécutées face au Canada (50-7) ou à l’Italie (16-9). « Là-dessus, Sexton a un petit avantage sur Michalak, car il semble en osmose parfaite avec son coach, analyse Quesada. Tous les deux partagent la même philosophie de jeu, la même façon de voir le rugby. Sexton connaît le système de jeu irlandais par coeur. Michalak connaît aussi le système français, mais je ne sais pas si c’est aussi naturel pour lui. »

CHIFFRES

94 mètres parcourus ballon en main par Sexton dans ce Mondial

6 défenseurs battus par Michalak dans ce Mondial, contre 0 à l’Irlandais.

DÉFENSE AVANTAGE MICHALAK

(Michalak)

Il suffit de penser aux nombreuses blessures qu’il a subies dans sa carrière, notamment à l’épaule, pour savoir que le bonhomme n’est pas du genre à se défiler. Il n’a jamais eu peur de se frotter à ses adversaires. Et tant pis si sa générosité dans le combat, parfois excessive, lui a sans doute coûté une carrière plus linéaire. « Fred me semble légèrement meilleur en défense que Sexton parce qu’il va chercher les mecs aux chevilles pour les faire tomber, estime Quesada. Sexton, lui, vise plutôt le haut du corps en se mettant sur le chemin de l’attaquant. »

(Sexton)

L’Irlandais ne manque pas de courage. Nul n’a oublié sa sortie avec le visage en sang lors de l’Irlande-France (18-11) du Tournoi, en février dernier, après un choc plutôt féroce contre Bastareaud. « En général, les demis d’ouverture ne sont pas de gros plaqueurs, explique Quesada. Il ne faut pas compter sur eux pour des plaquages qui renvoient l’adversaire dans son camp. Ces dernières saisons, en Europe, je ne vois que ­Wilkinson et Trinh-Duc capables de ça. Sexton, lui, fait juste le boulot. Il cherche plus à arrêter le joueur qu’à le plaquer. »

JEU AU PIED AVANTAGE SEXTON

(Michalak)

87 % de réussite dans ses tirs au but dans ce Mondial : il a passé 13 de ses 15 coups de pied. Les deux loupés ont heurté le poteau. Un rendement remarquable, qui récompense son énorme travail. « Fred a une frappe avec une amplitude assez limitée qui lui permet de mieux maîtriser son geste et d’atteindre une haute précision », juge Quesada. Il sait aussi user de ses pieds dans le jeu courant. Souvenez-vous, son petit coup de pied rasant sur l’essai de Slimani face à l’Italie, ou de son coup de pied de recentrage pour Fofana face au Canada.

(Sexton)

Lui aussi n’a loupé que deux tirs au but dans cette compétition. Deux pénalités dans ses cordes contre l’Italie. Mais rien de grave, selon Quesada : « Il est capable de buter de beaucoup plus loin que Michalak en étant aussi précis. Et il est un des ­rares joueurs capables de réussir un geste qu’on ne voit plus : le coup de pied vrillé. » Sexton maîtrise aussi à la perfection ses coups de pied de pression ou chandelles qui mettent au supplice les réceptionneurs adverses. C’est l’un des plus gros dangers qui guettent les Bleus cet après-midi.

38 le nombre de ballons joués au pied par Sexton en deux matches dans ce Mondial.

19 le nombre de ballons joués au pied par Michalak dans ce Mondial.

NOTRE PARI

Sexton est plus à l’aise et compatible avec le système de jeu irlandais que Michalak ne l’est avec celui des Bleus. Mais que deviendra ce système une fois que les gros bras tricolores auront sérieusement mâché la cavalerie verte ? On verra alors un Sexton approximatif sous la pression et un Michalak imprévisible et conquérant derrière ses avants.

Source: lequipe.fr

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