Lors d’un entretien accordé au Midi Olympique, le troisième ligne du Rugby Club Toulonnais, Gerhard Vosloo a évoqué la méthode de défense sur le raffut.

Voici ses secrets pour neutraliser les raffuts de ses adversaires. Extrait:

Comment le défenseur doit-il aborder son duel lorsqu’il s’aperçoit que l’attaquant souhaite le raffûter ?
Pour éviter de subir un raffût, l’important ne se déroule pas au moment du contact à proprement parler, mais dans la pré-action. À moins de se retrouver en poursuite face à un joueur plus rapide que soi, si on appréhende bien le plaquage, il ne doit pas y avoir de problème. Pour cela, il y a deux paramètres à prendre en compte : l’angle de course de l’adversaire, et le rapport de force.

En quoi consiste la préaction en cas de duel frontal ?
Lorsque l’adversaire arrive de face, il faut d’abord se situer par rapport à ses propres partenaires pour savoir si on va réaliser le plaquage seul ou à deux. Dans le cas d’un plaquage à deux, le principe est simple : celui qui se situe à l’intérieur doit aller aux jambes pour passer « sous » le raffût, tandis que le deuxième doit plaquer au ballon, pour empêcher l’attaquant de passer après contact. Les joueurs qui utilisent le raffût lorsqu’ils attaquent la ligne frontalement sont généralement ceux qui chercheront à jouer le offload avec le bras opposé, et il faut les en
empêcher. C’est pour cela que le plaquage à deux est le plus efficace dans ce genre de situation. Du coup, lorsqu’on n’a pas d’autre choix que de défendre seul, il faut raccourcir le plus possible l’espace avec l’attaquant avant d’engager le plaquage, pour ne pas offrir à l’attaquant l’occasion de raffûter. Le repère idéal, c’est de placer son pied extérieur entre les deux appuis du porteur du ballon. Si l’adversaire déclenche le raffût lorsque le défenseur est trop loin, il est facile de lui taper sur le bras, puis d’engager le plaquage. Et si l’on parvient à poser un appui entre les deux siens, normalement, il sera trop tard pour l’attaquant pour raffûter. À condition d’engager le plaquage au bon moment.

Quel est justement ce bon moment ?
Le principe sacré, c’est de ne jamais se jeter trop tôt, que l’on plaque de face ou de côté. Si on se jette, on perd ses appuis, et l’adversaire aura beau jeu de raffûter. Il ne faut surtout pas lui faciliter la tâche.

Lorsque l‘adversaire cherche à déborder sur l’extérieur, comment faut-il défendre ?
Tout se joue dans le rapport de vitesse. Lorsque l’adversaire cherche à déborder et que l’on se sait moins rapide que lui, il ne faut surtout pas lui laisser le couloir, mais au contraire monter sur son extérieur, quitte à risquer de se faire prendre à son intérieur. Laisser l’extérieur à quelqu’un de plus rapide que soi, c’est du suicide. C’est le seul cas de figure où le raffût est presque indéfendable, car vient toujours un moment où l’on est obligé de se jeter.

Et lorsque le rapport de vitesse se trouve favorable au défenseur ?
Dans ce cas de figure, et à condition de ne pas se tromper dans l’évaluation du rapport de vitesse, on peut au contraire se permettre de laisser l’extérieur, afin d’isoler l’attaquant de ses soutiens. Et là, la meilleure forme de plaquage reste la « classique » aux jambes, voire au short, car il permet au joueur en poursuite de passer quoi qu’il arrive « sous » le raffût. L’autre avantage du plaquage aux jambes est qu’il permet, au cas où celui-ci se situe assez près de la ligne de touche, de sortir l’adversaire du terrain et donc de récupérer le ballon. Pour cela, il s’agit simplement d’attendre que l’adversaire vous dépasse légèrement pour pouvoir le plaquer par derrière, ne pas lâcher sa prise et se servir de son élan pour lui faire mordre la ligne…