Frédéric Michalak: « On ne m’a jamais rien pardonné »
Frédéric Michalak: « On ne m’a jamais rien pardonné »
Le mardi 19 novembre 2013 à 18:34 par David Demri
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Lors d’un entretien accordé au Journal du rugby, le demi-de-mêlée Toulonnais, Frédéric Michalak s’est confié à propos de divers sujets tels que son départ de Toulouse, son expérience en Afrique du sud, ses sélections en Equipe de France et ses prochains objectifs. Extrait:
Avec votre image de beau gosse et de surdoué du rugby, on ne vous a jamais rien pardonné au cours de votre carrière. Comment le vivez-vous ?
On ne m’a jamais rien pardonné, et ce que j’ai obtenu, les titres que j’ai glané, je les dois à moi, à mon travail et à mes entraîneurs. Je dois quand même vous avouer que je ne regarde pas trop ce qui est écrit sur moi. Je ne surfe pas sur les sites internets sportifs et je ne lis pas la presse spécialisée. Cela me permet de prendre beaucoup de recul sur ce qui se dit sur moi. Et ce n’est pas plus mal. Les choses les plus importantes de la vie sont que ma famille, mes proches aillent bien, que mon fils soit en bonne santé, c’est ça l’essentiel.
On attend toujours beaucoup de vous. Est-ce facile à gérer ?
Je n’y pense pas trop franchement. Je ne me pose pas de questions de ce type. La seule chose qui est importante à mes yeux, c’est que je dois devenir un élément clé de toutes les équipes où je passe. Après, si on attend beaucoup de moi, c’est peut-être parce que les gens pensent que j’ai un peu de talent et c’est tant mieux si on attend beaucoup moi. Il vaut mieux que ce soit comme ça plutôt que l’inverse.
Après votre expérience sud-africaine, pourquoi avez-vous choisi de revenir en France ?
Je voulais me rapprocher de ma famille et rejouer dans le championnat de France dans l’optique de me montrer pour espérer être sélectionné de nouveau. En rugby, quand vous évoluez dans un autre hémisphère, ce n’est pas facile d’être sélectionné, c’est loin et puis les calendriers ne correspondent pas. Pour moi, l’équipe de France, c’est tout ! Quand j’ai porté pour la première fois ce maillot, mes parents étaient très fiers de moi et ça je ne l’oublierai jamais. Et puis quand vous êtes sollicité par Toulon, ce n’est pas n’importe quoi non plus, ça vous amène à réfléchir. Evoluer dans une équipe composée de grands joueurs, c’est tentant et gratifiant. Avec le recul, je pense que c’est un bon choix que j’ai fait. Ma famille est heureuse ici, nous avons été très bien accueillis, les gens sont extras avec nous.
Un retour au Stade Toulousain n’était pas possible ?
Non, je suis parti donc ce n’était pas pour revenir. C’était bien de connaître autre chose. Cela n’empêche pas que je garde une grande amitié pour ce club où j’ai tout connu, j’y ai des tas d’amis et quand je retourne à Toulouse, je ressens toujours une certaine émotion. Des membres de ma famille avaient leur carte d’abonné, j’ai grandi là-bas, tout ça, ça ne s’efface pas. Mais c’est bien que je vive autre chose. C’est formateur et ça fait grandir.
Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?
J’en ai plusieurs et entre les titres de champion de France et ceux de champion d’Europe, je ne veux pas choisir. Ils ont tous leur histoire et une saveur particulière.
Y a-t-il un joueur qui vous a inspiré dans votre jeunesse ?
Non, je regardais les matches, comment les équipes jouaient pour après m’améliorer à l’entraînement lorsque je me retrouvais dans la même situation, sur le terrain, mais c’était de façon globale, pas quelqu’un en particulier.
Quel est votre avis sur le Top 14 ?
C’est un championnat très rugueux, le moindre relâchement n’est pas autorisé, sinon on le paye cash car toutes les équipes sont proches. On le voit cette saison avec les deux promus Brive et Oyonnax qui font de gros matches et se sont parfaitement mis dans le bain du Top 14, sans période d’adaptation. Avec les grands joueurs qui sont ici, le niveau technique et physique est forcément relevé. C’est gratifiant pour un joueur d’évoluer dans ce championnat.
Quelles sont les différences avec le championnat sud-africain ?
Chaque championnat a sa spécificité, avec des styles de joueurs différents. Le championnat de France est peut-être plus physique car il le devient de plus en plus avec l’arrivée de joueurs qui sont des références dans ce domaine, des gars comme Bakkies Botha, Ali Williams, Andrew Sheridan pour ne parler que de mes coéquipiers car ce sont ceux que je connais le mieux. C’est aussi peut-être plus serré en France, chaque week-end tu dois aller au combat sans aucune certitude et le statut de favori ne veut plus dire vraiment grand chose car même un équipe présumée plus forte peut perdre partout.
La saison dernière Toulon était à une victoire du doublé. Est-ce envisageable cette saison ?
On ne va pas se cacher que c’est très difficile à réaliser. Ces dernières années, de grosses équipes comme Clermont et Toulouse s’y sont cassés les dents. Même quand tu as un gros effectif, que tu fais tourner intelligemment, en fin de saison, il y a une usure mentale et physique. La saison dernière, on a atteint un premier objectif avec ce titre de champion d’Europe. Quand vous remporter une grande victoire de ce type, il est difficile de se relancer la semaine d’après. On a su le faire pour battre Toulouse en demi-finale du Top 14 huis jours plus tard, mais pour jouer un match de plus encore, la finale contre Castres, c’était trop. Les Castrais étaient sur l’euphorie de leur victoire en demie contre Clermont, ils ont en plus une superbe équipe donc ça faisait trop. Faire le doublé aujourd’hui en rugby c’est compliqué, les matches sont tellement physiques.
Vous avez été champion de Franche et champion d’Europe. Quelle est votre compétition préférée ?
Les deux ! Je n’ai pas de préférence moi, ce serait manquer de respect à une des deux compétitions. Les deux vous apportent des joies, de grandes émotions et c’est quand même ça l’essence même du sport, ce qui fait nous entraîner et nous faire mal.
Vous venez d’avoir 31 ans. Jusqu’à quel âge comptez-vous jouer ?
Je ne me suis pas fixé de limites. J’ai autour de moi à Toulon des trentaines qui sont en pleine forme, qui font des perfs de fou et cela me montre que l’on peut être performant à tout âge.
Comprenez-vous les critiques qui touchent le quinze de France ?
C’est le jeu, en sport, quand tu ne gagnes pas, quand tu ne domines pas tu t’exposes aux critiques. Même les plus grands champions l’ont été à un moment ou à un autre de leur carrière, quand ça allait moins bien. Quand tu es critiqué, il faut en prend compte si c’est constructif et si ça te permet de progresser et de revenir à ton meilleur niveau. La France n’a pas perdu son rugby, elle a toujours eu de bons joueurs, c’est encore le cas aujourd’hui. On était encensé il y a peu quand on a battu les Australiens lors de la précédente tournée d’automne. A ce moment-là, il ne fallait pas non plus tomber dans l’effet inverse et s’emballer.
Quel est pour vous le meilleur joueur du championnat ?
Difficile de faire un choix. En plus, je n’aime pas trop faire ce genre de comparaison car il est quasiment impossible de comparer des joueurs qui évoluent à des postes différents. Comment voulez-vous comparer un deuxième ligne et un arrière ou un centre ? Chacun est bon dans son domaine, mais tu ne peux pas dire qui est meilleur que l’autre.
Vous vous voyez finir votre carrière à Toulon ?
On verra. L’avenir nous le dira. Tout ce que je peux affirmer pour le moment, c’est que je me sens parfaitement bien ici et ma famille aussi, mais comme tout peut changer très vite, je ne fais pas de plan sur la comète.
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2 Commentaires
« Faire des plans sur la comète » en ce moment avec les nuages effectivement il est impossible de suivre la comète (C2012/S1 ISON) 😉
Oh que oui ! Sidéré