Quel joueur portera le numéro 10 à Twickenham le 19 septembre prochain, pour l’entrée en matière des Bleus face à l’Italie dans la Coupe de monde ? Bien malin qui saurait le dire, à huit jours de l’annonce par Philippe Saint-
André de sa première liste…

En effet, partant du principe que Sébastien Tillous-Borde fait aujourd’hui figure de titulaire au poste de demi de mêlée, il s’agit de lui adjoindre un ouvreur-buteur. Or, c’est là que le bât blesse… En effet, aucun candidat aux quatre postes d’ouvreur de la liste des 36 – et a fortiori aux trois places prévues parmi les 31 – n’est aujourd’hui le buteur numéro un dans son club. Le seul partant certain semblait ainsi être Frédéric Michalak, en raison avant tout de sa polyvalence.

Las, la blessure contractée par ce dernier face à Castres samedi (fracture d’une main, le Toulonnais doit consulter ce lundi un chirurgien et devrait être opéré cette semaine), sous les yeux de Philippe Saint-André, devrait le tenir éloigné des terrains pendant six semaines et pourrait rebattre bien des cartes. La première victime collatérale étant… Jules Plisson.

PLISSON SACRIFIÉ, LOPEZ DANS LE DUR

Pourquoi ? Tout simplement parce que la blessure à l’épaule du Parisien a nécessité une opération et une absence de trois mois. Sa reprise théorique de l’entraînement avec contact coïnciderait ainsi avec celle du troisième match de préparation des Bleus, le 5 septembre face à l’Écosse. Une date à laquelle Saint-André aura déjà dû communiquer son groupe définitif pour le Mondial…

Or, avant ce jour, on imagine mal le staff sélectionner deux ouvreurs pointant en même temps à l’infirmerie. Si bien qu’il semble fort que Plisson doive d’ores et déjà se résigner à une place dans la liste cachée de cinquante noms fournie à World Rugby, en cas de pépin physique durant la Coupe du monde. De fait, un boulevard semble s’ouvrir devant Camille Lopez, titulaire lors des quatre premiers matchs du Tournoi. Le hic ? C’est que ses performances moyennes durant le Tournoi, assorties d’une blessure au genou qui valut une passe d’armes médiatique entre le staff des Bleus et celui de l’ASM, n’ont pas joué en sa faveur.

D’autant que depuis son retour, Lopez n’a pas vraiment retrouvé la confiance, entre sa confrontation défavorable avec Tales à Castres (sous les yeux de Patrice Lagisquet), sa titularisation-surprise en finale de Coupe d’Europe et une dernière performance pas vraiment aboutie à Grenoble, notamment marquée par un jeu au pied défectueux.

« Camille est dans une situation difficile car il a envie de prouver, défendait son manager Franck Azéma. Il revient de six semaines d’arrêt durant lesquelles il n’a rien pu faire, puisqu’il devait complètement reposer son genou. Il ne pouvait pas taper, et seulement courir en ligne droite. Aujourd’hui, il doit retrouver de la confiance et tous ses automatismes au niveau de la frappe, qu’il travaille depuis quinze jours avec Xavier Sadourny. Ce qui est positif, c’est que malgré ses échecs au pied, il ne s’est pas écroulé dans l’animation du jeu, ni en défense. Cela n’a pas perturbé sa tenue de match. »

TRINH-DUC EN POLE, BERNARD LA GROSSE COTE

L’argumentaire sera-t-il suffisant pour convaincre le staff des Bleus ? Pas sûr, puisqu’en termes de pur meneur de
jeu, le meilleur demeure François Trinh-Duc. Sauf que ce dernier n’a pas repris les tirs au but en match depuis son
retour de blessure (fracture du tibia), de nombreux observateurs estimant même que c’est l’entraînement intensif auquel s’était soumis le Montpelliérain qui avait fragilisé sa jambe de frappe.

Alors, le XV de France va-t-il prendre le risque de sélectionner le Bordelais Pierre Bernard, qui aurait pu connaître ses premières sélections lors du dernier Tournoi sans une blessure contractée avec l’UBB, et qui demeure le seul véritable buteur parmi les postulants ? Le pari semble gonflé mais pas impossible. À moins que Rémi Tales, qui ne bute pas à Castres mais offre des gages de complémentarité intéressants avec Rory Kockott, ne (re) double tout le monde sur le fil dans l’esprit de Philippe Saint-André…

Source: Midi Olympique