Frédéric Michalak compare le rugby Français et Sud-Africain

Frédéric Michalak compare le rugby Français et Sud-Africain

Le lundi 18 novembre 2013 à 12:42 par David Demri

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frederic-michalak-et-le-rc-toulon-ont-effectue-un-debut-de-saison-tonitruant-photo-pqr-sud-ouest-lA l’approche du dernier test-match à venir contre les Springboks samedi prochain, le Toulonnais Frédéric Michalak, qui a évolué chez les Natal Sharks lors de la saison 2011 / 2012, détaille les différences entre le Super 15 et le Top 14. Il évoque également les différences entre la préparation de la saison en France et celle en Afrique du Sud. Extrait:

Quel regard portent les joueurs sud-africains sur le rugby français ?

Ils apprécient énormément notre façon d’aborder le jeu. La place laissée à l’instinct. Chez eux, les phases offensives ont une approche très simple. Au final, cela revient à un défi physique entre ligne, à une succession de duels, en un-contre-un parfois dans la zone « arbitre » ou autour du dix ; ils viennent à un ou deux joueurs pour créer des brèches. Les Sud-Africains sont marqués par notre volonté de trouver des intervalles loin des avants et notre capacité à jouer sur les appuis, notamment chez nos centres.

Qu’est-ce qui change dans les méthodes de travail ?

J’en vois une, principale et déterminante : chaque année, la saison démarre par deux mois et demi de préparation physique, même dans les catégories de jeunes. Après un mois de vacances, tu bosses uniquement au plan athlétique, sans ballon et c’est très dur… Je n’avais jamais connu ça avant. Beaucoup de joueurs sud-africains évoluant chez nous regrettent cette préparation d’avant-saison ; pour eux, il faut avant tout être prêts physiquement pour jouer au rugby. Le reste de la saison, tu ne fais que de l’entretien… Autre spécificité, la Currie Cup offre la possibilité à chaque équipe de tester des jeunes. Les internationaux ne disputent quasiment pas cette compétition. Du coup, à leur poste, les formations lancent de jeunes espoirs tandis que les joueurs sous contrat avec la Fédération (Saru N.D.L.R.) se réservent pour le Super Rugby et pour les Four-Nations.

Et dans la préparation des matchs ?

Ils évacuent le négatif, ou une défaite, très rapidement. Ils passent à autre chose en moins de 24 heures, à l’inverse de nous qui en reparlerons chaque jour jusqu’à la prochaine victoire. Leur approche est différente : le lundi, ils cherchent à comprendre pourquoi ils ont été mauvais mais dès le mardi ils basculent vers le match suivant. Cela peut paraître un détail mais c’est essentiel au niveau de l’ambiance et du travail. Chez nous, quel que soit le club, la semaine d’après défaite peut être très pesante… En Afrique du Sud, avoir le sourire aux entraînements est important. C’est plus de confort dans le travail au quotidien, ça m’a plu.

Justement qu’est-ce qui change au quotidien ?

Tu travailles en général très tôt le matin, puis tard le soir. Tu peux commencer à 6 heures et à 10 heures, après un « breakfast » pris en commun, tu rejoins ta famille avant de revenir au stade en soirée pour une session rugby d’une heure à une heure et demie. Le lundi soir, aux Sharks, il y avait la réunion des leaders de l’équipe, en l’absence des entraîneurs, sur la vision du jeu, de la semaine à venir. Chacun échange ses informations sur les futurs adversaires. Je dois l’avouer, ce n’était pas mon moment préféré… (rires)

Que changent les longs déplacements effectués en Australie ou en Nouvelle-Zélande ?

Le Super Rugby impose effectivement des déplacements de quatre ou cinq semaines, les « Tours » comme ils disent. Ce sont des moments importants dans la saison. Loin de chez eux, les journées ne sont pas axées uniquement sur le rugby. Tous les jours, deux à trois heures de temps libre te permettent de visiter, d’avoir des loisirs divers. J’ai le souvenir d’avoir joué au Cricket en Australie, d’être allé voir du footy. Les Sud-Africains s’ouvrent sur le monde durant ces tournées, Botha et les Boks sont d’ailleurs allés à Manchester pour un match de foot anglais. Ils cassent la routine.

Sont-ils plus exigeants dans le travail ?

Ils cherchent à te donner tous les outils nécessaires à ta réussite. Aux Sharks, je bénéficiais d’un entraîneur spécifique pour le jeu au pied, un Australien qui avait collaboré avec des équipes d’Australian Rule et de NFL. J’ai travaillé les détails de ma frappe pour tous les styles de jeu au pied.

La vidéo est-elle prédominante ?

Chaque semaine tu reçois un montage sur le jeu de l’adversaire et un autre agrémenté de statistiques sur ton vis-à-vis. Cela t’amène à plus de réflexion et je crois d’ailleurs avoir progressé là-bas dans mon approche tactique.

Pourquoi les Sud-Africains viennent-ils en France ?

La dimension économique intervient forcément, comme le prestige de la Coupe d’Europe et du Top 14. Ils viennent aussi pour gagner des titres. Après, je peux dire pourquoi certains ne viennent pas : dans leur retour d’expérience, les Sud-Africains soulignent la difficulté de nos compétitions et nos saisons. Les cadences, le nombre de matchs, l’homogénéité des équipes et l’absence de matchs faciles… Du coup, certains de mes anciens partenaires des Sharks qui voulaient venir ont préféré le Japon. Beaucoup me disent : « vous êtes des fous en France ! » Ce qui les impressionne, c’est vraiment le niveau rugbystique.

Propos recueillis par Midi Olympique.

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