Arrivé samedi en France, Mils Muliaina va couvrir la Coupe du monde de rugby en tant que consultant. Champion du monde en 2011 avec les All Blacks, l’ancien arrière a hâte que ça commence et voit son équipe s’imposer contre les Français lors du match d’ouverture.

Il s’est confié via RMC Sport.

Mils, nous sommes à trois jours du début de cette Coupe du monde, êtes-vous impatient ?

J’ai hâte. C’est une Coupe du monde de rugby et en plus en France. Ça va être la compétition la plus disputée que l’on verra. On ne peut pas connaître l’issue de ce Mondial, plusieurs équipes peuvent s’imposer. Comme la France qui joue très bien ces derniers temps. Mais aussi, les numéros mondiaux, les Irlandais ou encore la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud. C’est vraiment dommage que ces nations soient dans la même partie de tableau. Deux de ces équipes devront rentrer à la maison après les quarts de finale. Mais j’ai hâte que ça commence.

Comment sentez-vous les All Blacks avant ce match contre l’équipe de France vendredi ?

Ils ont les moyens de battre les Français. La dernière fois qu’ils se sont joués, les Bleus les ont battus de manière convaincante. Mais je pense qu’après ça beaucoup de nos joueurs ont appris de cette défaite. Nous avons une superbe équipe avec des joueurs expérimentés comme dans le staff. Leur motivation sera de gagner ce premier match pour bien se lancer après dans le tournoi. On a une bonne équipe même si on a perdu notre dernier match contre l’Afrique du Sud.

 Justement, est-ce que cette défaite contre l’Afrique du Sud, 35-7, à Twickenham, aura laissé des traces aux All Blacks ?

Ç’a été une lourde défaite pour eux. Mais personnellement je pense que c’est une bonne chose. Les All Blacks ont toujours cette envie de gagner à chaque fois et de gagner bien. Ç’a été décevant qu’ils s’inclinent de cette manière. Mais ça va les motiver pour la Coupe du Monde c’est sûr.

Qu’est-ce qui fera la différence, dans le jeu, pendant ce match contre l’équipe de France ?

Ça sera l’expérience je pense. Antoine Dupont est le meilleur joueur du monde. Il sera dangereux. C’est un vrai leader quand on voit comment il motive son équipe. Après, les Français ont perdu une bonne combinaison avec le forfait de Romain Ntamack. Mais les deux équipes se ressemblent, toutes les deux ont des joueurs blessés. Nous avons beaucoup d’expérience de notre côté mais la France aussi. Ce sera aussi un match très physique. Les avants français sont très bons. Les All Blacks feront très attention car ils auront envie de gagner cette bataille physique.

Est-ce un avantage ou un désavantage pour les All Blacks de jouer la France à domicile lors d’un match d’ouverture ?

Je pense que c’est plutôt bien. Ça va donner le ton pour le reste du tournoi. Parce que d’habitude, l’équipe qui reçoit joue un premier match contre une nation de niveau inférieur. Après il y aura des écarts avec les autres matchs. Alors qu’ils auront commencé par un match de très haute intensité. Mais le plus important sera le quart de finale, il faudra donc bien gérer entre ce match d’ouverture et les matchs à élimination directe. Le planning des journées entre les rencontres sera crucial.

Est-ce que la France peut subir la pression de jouer à domicile ?

C’est une chose que la Nouvelle-Zélande a souvent dû gérer. Quand vous jouez à la maison, les attentes sont grandes. Les All Blacks, peu importe où ils jouent, nos fans veulent les voir gagner et d’une bonne manière. Aucune équipe ne vit ça. Donc je pense que la France sera affectée. Mais aussi, les Bleus aiment jouer avec les émotions, de voir tout un peuple derrière eux, qui sont totalement imprégnés par le jeu. Ca peut jouer des tours. Parce que si vous êtes trop émotifs, leur plan de jeu vous ne le respectez plus et vous ne prenez plus les bonnes décisions. Je pense que l’équipe de France a dû parler de cette attente derrière elle. Mais attention, encore une fois, ça peut être dangereux d’avoir tout un pays derrière vous et de sentir leurs émotions.

Justement, vous avez l’expérience des Coupes du monde, vous en avez joué trois, comment gérer ses émotions avant le début d’une telle compétition ?

C’est une compétition très longue, surtout si tu vas jusqu’en finale. Il ne faut pas être tout le temps à fond, sinon il y aura des hauts et des bas, il faut savoir gérer. Mais c’est quelque chose de très excitant de jouer une Coupe du monde. C’est la chose la plus importante pour un joueur de rugby d’être sélectionné pour cet événement mais surtout d’essayer de le gagner. Pour certains dans l’équipe des All Blacks, c’est leur première Coupe du monde, il y a beaucoup d’excitation et je le ressens. C’est très important d’essayer de contenir tout ça. Parce que vous ne pouvez pas rester avec cette envie aussi élevée pendant plusieurs semaines.

Et quel est votre pronostic pour ce premier match entre la France et la Nouvelle-Zélande ?

Je pense que les All Blacks gagneront. Et j’espère qu’ils le feront. Ce sera un match difficile. Les Blacks peuvent le faire. J’espère que ce sera une rencontre serrée pour le tournoi, pour nous les fans de rugby. J’ai vraiment hâte.