RMC Sport a pu consulter un courrier datant de vendredi dernier adressé à Jalil Narjissi, ainsi qu’aux membres du Comité d’orientation politique de la Fédération française de rugby et aux présidents des ligues régionales de rugby, dans lequel Florian Grill, le président de la FFR, répond aux sorties médiatiques du père de Medhi Narjissi, disparu lors d’un stage du XV de France U18 en Afrique du Sud l’été dernier.

Jalil Narjissi, le père de Mehdi Narjissi, disparu tragiquement en août dernier lors d’un stage avec l’équipe de France U18 en Afrique du Sud, a critiqué à de nombreuses reprises la gestion de ce drame par la Fédération française de rugby et son président Florian Grill. Il s’est notamment exprimé dans l’émission Bartoli Time dimanche sur RMC:

« Florian Grill n’était pas à nos côtés. Il était en tournée électorale le jour où mon fils a disparu. Il avait la possibilité de nous accompagner. On a eu son planning en temps et en heure. Ce n’est pas lui qui a mis notre fils dans l’eau. Ce n’est pas lui qui a pris cette décision. On le sait tout ça. Je l’ai assez dit. Aujourd’hui, il faut qu’il assume ses responsabilités, tout simplement. »

Un courrier pour « restituer les faits »

Dans un courrier de six pages datant de vendredi dernier (25 avril), que RMC Sport a pu consulter, Florian Grill répond à Jalil Narjissi en assurant vouloir « restituer les faits tels qu’ils se sont déroulés » car « certains propos publics l’accusent, lui et la FFR ». Une réponse aux déclarations dans la presse, ainsi qu’à un premier courrier reçu de la part des parents de Medhi Narjissi. Le président de la FFR liste, messages datés à l’appui, tous les échanges privés entretenus avec Jalil Narjissi depuis la date du drame.

D’abord les premiers contacts et « l’aide immédiate » apportée le 7 août, puis la présence et le soutien administratif dans les semaines qui ont suivies. Florian Grill assure de son soutien permanent et estime avoir rempli son rôle: « J’ai agi dès la première minute. J’ai soutenu, accompagné, organisé, échangé. J’ai demandé des enquêtes. J’ai exigé la vérité. J’ai proposé un hommage. Je vous ai rencontré. J’ai pleuré avec vous. Et je continue à porter votre douleur dans mes pensées. On peut douter de tout, sauf de mon engagement sincère auprès de vous. »

Des explications pour ses absences

Le patron du rugby français revient également sur son absence sur place lors du drame, souvent pointée du doigt par Jalil Narjissi. Il assure être resté en France pour « diriger la cellule d’urgence et rester disponible 24h/24 le temps du vol ». Florian Grill explique aussi que Jalil Narjissi a refusé un appel en visio quand il se trouvait en Afrique du Sud et qu’il a donc estimé que la famille ne souhaitait pas le voir, que ce soit sur place ou à leur retour en France. Le 27 août, il a envoyé ce message: « J’ai compris que vous me reprochiez mon absence à vos côtés (…) et je tiens à dire que je vous entends (…) J’ai sûrement mal interprété et je vous présente mes excuses pour cela mais en voyant que vous refusiez la visioconférence ou un appel j’ai à tort estimé que ma présence était inopportune à vos yeux. »

On apprend également qu’à la fin du mois d’août, les deux hommes se sont rencontrés, à Agen, et ont pu échanger. Une rencontre tenue confidentielle à la demande de la famille Narjissi.

Des regrets à nouveau exprimés

Après la liste exhaustive de tous les échanges tenus depuis le 7 août, le président de la FFR souhaite « rétablir la vérité. » Il reconnait d’abord des erreurs, et redit ses regrets: « Oui, tout n’a pas été parfait dans la préparation du voyage. Oui, j’ai sûrement commis des maladresses dans ma communication auprès de vous dans l’urgence et le stress de la gestion du drame. Mais la réalité est qu’il y a eu, sous ma coordination, une mobilisation générale de toutes les équipes de la FFR. »

Mais Florian Grill souhaite également se défendre: « Dans votre interview au Figaro (datant du 23 avril, NDLR), vous prenez le parti de m’attaquer avec virulence, ainsi que la fédération que je préside (…) Vous me dites dans la presse que la FFR cherche à se protéger, ce n’est pas vrai (…) Nous voulons la vérité, pas la vengeance (…) Je comprends que vous ayez besoin de réponses et que vous cherchiez des coupables, mais ne vous trompez pas de combat et faites confiance à notre justice. »

Dans ce courrier où Florian Grill oscille entre excuses et souci de donner sa version des faits, il termine en ayant un mot pour Medhi Narjissi: « Vous m’avez écrit un jour que Medhi était le ciment de votre famille, un jeune homme lumineux, généreux, passionné. Je n’ai aucun mal à vous croire. Tous ceux qui parlent de lui disent la même chose. Je ne pourrai jamais vous rendre votre fils. Mais je peux, avec vous, faire en sorte que son souvenir transforme notre sport (…) Pour Medhi, nous devons regarder en haut. Non pour admirer les étoiles mais pour que leur lumière, et particulièrement celle de Medhi, ne brille pas pour rien. »

L’enquête judiciaire suit son cours

Pour rappel, une information judiciaire a été ouverte pour homicide involontaire et a abouti à une première garde à vue, celle de l’ancien manager de l’équipe de France U18, Stéphane Cambos. L’enquête s’appuie sur un rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche qui met en cause, selon Sud-Ouest, la responsabilité du préparateur physique Robin Ladauge dans l’organisation de la séance, et celle de Stéphane Cambos dans le fait de ne pas l’avoir empêchée.

Une enquête administrative, qui rejoint sensiblement les conclusions de l’enquête interne menée par la Fédération française de rugby, laquelle avait pointée du doigt le manager Stéphane Cambos. Celui-ci a porté plainte contre l’institution fédérale pour dénonciation calomnieuse.

Via RMC Sport